Jean-Lau se tape Angoulême, part. 2

Ou les aventures d’un petit d’homme au pays des Trolls.

On le sait, les français sont de grands amateurs de bande dessinée. Certains extrémistes, connus sous le nom de « fans », « geeks » et autres noms savants, n’hésitent pas à étendre leur passion à des formes les plus diverses, telles que la collection de planches originales, de statues et d’autres goodies.

Cette année encore, le festival d’Angoulême s’est voulu le reflet de cette partie du lectorat, en proposant au public une exposition consacrée à l’une des sagas françaises les plus rentables de cette dernière décénie : Le Monde de Troy.

Alors, cette exposition était-elle réussie ? A-t-elle su combler l’attente des festivaliers, et en cas de succès, pourrait-on s’attendre, dans les prochaines années, à voir par exemple une exposition consacrée à l’univers des super-héros ?
Pour le savoir, j’ai visité cette exposition racontant l’histoire de Troy et commençant, – une fois n’est pas coutume – par :

Il était Troy fois…

Pendant toute la durée du festival, au pied de l’impressionnant Hôtel de Ville d’Angoûleme, un chapiteau fraîchement débarqué du Monde de Troy invite les visiteurs à découvrir cet univers d’ « héroïcomique-fantasy » imaginé par Christophe Arleston, Didier Tarquin et Jean-Louis Mourier.

Après être passé sous l’ombre d’un Troll à l’échelle 1:1, ce sont 250 m² de reliques, de planches, d’agrandissements et de panneaux explicatifs qui attendent le visiteur curieux à l’intérieur du chapiteau. Une visite agrémentée de sons tels que des cris de trolls et autres animaux inconnus, qui mettent tout de suite le public dans l’ambiance, et l’invitent à plonger dans les mystères de Pékin Troy.

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2L’exposition, tout comme l’œuvre qu’elle met à l’honneur, possède plusieurs niveaux d’intérêt. Les visiteurs ne connaissant pas du tout l’univers de Troy peuvent ainsi découvrir dans la première partie de l’exposition une aile consacrée aux personnages principaux, avec portraits et descriptions rapides de chacun, agrémenté de quelques planches et agrandissements mettant en scène lesdits protagonistes.

Quelques objets présentés comme des artéfacts de cet autre monde y sont exposés, mais s’ils retiennent l’attention des plus jeunes, leur pertinence au sein de l’exposition reste douteuse pour les adultes et les lecteurs avertis, qui ne voient là qu’un argument facile pour remplir une exposition un peu légère dans son contenu. La salle suivante nous en apprend plus sur les nombreux tomes composant la série. Les différentes sagas seront principalement l’occasion pour chacun de découvrir et d’apprivoiser son pouvoir, afin de l’utiliser au mieux et de le mettre au service de la3 société. Ou pas.

C’est donc à une quête initiatique classique, métaphore de l’apprentissage de nos responsabilités (thème que l’on retrouve d’ailleurs dans nombre de comics de « super-héros ») mais joyeusement foutraque que se livreront les personnages au cours de leurs aventures.

C’est cependant la seconde partie de l’exposition, consacré au bestiaire fabuleux du Monde de Troy, qui retiendra d’avantage l’attention du visiteur. C’est là qu’on y trouve les plus belles pièces de l’exposition : outre des panneaux toujours instructifs sur les différentes espèces, on peut y étudier une cartographie complète du monde de Troy, assez prisée par les visiteurs.

C’est aussi ici que nous pouvons apprécier un buste à l’effigie du troll Hébus, fidèle et malicieux compagnon de Lanfeust, ainsi qu’une magnifique statuette de Lanfeust chevauchant le dragon Sphax.


La salle comporte aussi quelques rares reproductions à l’échelle comme un pétaure impressionnant, accompagné pour l’occasion de deux héros de la série, à savoir le vaillant quoique naïf Lanfeust, et l’espiègle et gironde Cixi, dont la présence fut fort appréciée par les festivaliers.

7Enfin, la dernière partie de l’exposition est consacrée à la race des trolls, fièrement représentée par Hébus, dont la popularité a valu à ses congénères une série qui leur est entièrement dédiée. Au fin fond du chapiteau, une hutte typique de l’habitation troll invite les visiteurs à faire une pause en découvrant leurs aventures sous forme de bandes dessinées laissées à leur disposition.
À moins que ce cabanon ne serve en fait de garde manger ? La table maculée de sang à proximité, peut laisser planer le doute. De nombreuses victimes ne devinent pas encore leur sort, trop absorbées par la lecture des divers tomes de Lanfeust de Troy et autres Trolls de Troy.

Ceux qui auront échappé à ces pièges savamment placés pourront admirer les différents tableaux tapissant les murs de la salle, mettant en scène des trolls dans des situations nous rappelant étrangement certaines toiles de maîtres.

En conclusion, l’objectif semble atteint pour cette exposition, qui, si elle n’apprendra rien de plus aux initiés, ravira les nouveaux lecteurs et ceux en devenir. Quoique inégale dans son contenu, son intérêt se trouve justifié par la présence de reproductions grandeur nature, des différents bustes et statuettes présentés, et des quelques documents rares exposés. Ceux-ci rattrapent en partie la scénographie un peu faible, dû au manque de planches originales, et à la légèreté des panneaux explicatifs.

Au final, il s’agit plus ici d’une sorte de goodie géant proposé aux festivaliers qu’une réelle exposition temporaire sur le Monde de Troy. Si le succès fut tout de même au rendez-vous auprès du public, on peut se demander si une telle exposition sur le thème des super-héros, par exemple, serait viable. Trop vaste de par son sujet, il serait sûrement plus intéressant de se consacrer à un seul personnage, et d’en exploiter à fond l’univers.

Alors, à quand une exposition sur Batman, par exemple ? Le système en plusieurs partie Histoire, Univers, Personnages, Goodies, s’adapterait particulièrement bien au chevalier noir, d’autant qu’il y a matière à dire et à montrer sur le protecteur de Gotham City. Une manifestation de ce genre permettrait sûrement au public français de mieux connaître le personnage, et lui permettrait de se détacher de cette image d’icône geek qui lui colle à la peau. Une idée à souffler à Art Spiegelman, président du prochain festival d’Angoûleme ?

À suivre dans le prochain épisode :
L’inauguration de l’exposition célébrant le 60ème anniversaire des Peanuts ! Pourquoi tous ces journalistes agressent-ils cette vieille dame ? Snoopy avait-il contracté la rage ? Et bien d’autres aventures !
Ne ratez pas le prochain numéro de : Jean-Lau se tape Angoulême !

A propos Jean-Lau 20 Articles
Fan #1 devenu au gré des rencontres membre de l'équipe, il partage ses coups de cœur comics, cinés et animés ainsi que sa passion pour la bande dessinée en général.

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