EDITO : seulement trois livres ? dis donc Sam, tu te laisserais pas un peu aller ? non mais dites donc, espèces de petits impertinents, je vais vous apprendre moi, vous allez voir !!! ahhh, ils avaient bien raison, la familiarité engendre le mépris à la longue. Je vous apprendrais, mes bons messieurs,et peut être quelques dames perdues dans la foule de mes lecteurs adorés, qu’au moment où j’écrits ces quelques lignes, je me suis bien gentiment envoyé plus d’une demi douzaine d’autres livres…et oui, rien que ça…et vous n’avez que ma parole et le bruit bizarre que fait ma cervelle après un peu trop de lecture (mais si vous savez, cet espèce de petit bourdonnement ??? hein, ça fait pas ça qu’à moi, rassurez moi ???) pour en attester…
Pourquoi donc d’une part que trois livres dans ce top, et pourquoi tant de lectures en parallèle ? Et bien les deux faits sont liés…Si je me suis avalé tant de livres ces dernières semaines c’est avant tout pour faire baisser à un niveau beaucoup plus raisonnable ma pile de lecture (réelle ou électronique) avant la sortie du tome 2 des archives de Roshar de Brandon Sanderson, qui je le pressens, va m’occuper pendant une bonne partie du mois de mai…
En fait, il est même probable qu’il ne faudra pas me déranger durant cette période…en fait oubliez moi…je serai retranché dans une position de lecture confortable pour dévorer le bouquin, et toute personne inspirée par l’idée de me déranger pour quelque raison que ce soit sera exécutée sans le moindre avertissement. J’ai pris mes dispositions, ce sera pas rapide et tout à fait légal…Une nouvelle loi est passée pour soutenir le développement culturel du pays…vous dérangez un lecteur, vous êtes mis à mort dans la minute…moi, ça me semble tout à fait raisonnable…Mais je digresse…
Ce qui nous amène à cet article plus court, car plus de lectures, veut aussi dire …moins de temps pour écrire, et non je ne renoncerai pas à une minute de sommeil, vous pouvez courrir, voler, nager, partir dans l’espace, cela n’arrivera pas…
On se retrouve donc le mois prochain, pour un top et flop qui m’épuise d’avance…
- L’empire brisé tome 1 : le prince écorché de Mark Lawrence chez Milady & la reine Rouge tome 1 : Le prince des fous de Mark Lawrence chez Milady
Sollicitation : L’heure est venue pour le prince Jorg Ancrath de regagner le château qu’il avait quitté sans un regard en arrière, et de s’emparer de ce qui lui revient de droit. Depuis le jour où il fut contraint d’assister au massacre de sa mère et de son frère, il avance porté par sa fureur. Il n’a plus rien à perdre. Mais, de retour à la cour de son père, c’est la traîtrise qui l’accueille. La traîtrise et la magie noire. Or le jeune Jorg ne craint ni les vivants ni les morts. Animé d’une volonté farouche, il va affronter des ennemis dont il n’imagine même pas les pouvoirs. Car tous ceux qui ont pris l’épée doivent périr par l’épée.
Avis : oui, je n’ai pas honte, je mêle sans le moindre scrupule mes avis confondus sur ces deux titres de Mark Lawrence. Mais n’ayez pas peur, au delà de simplement vouloir diminuer ma charge de travail et faire ma grosse feignasse…je fais cela, car les deux oeuvres sont situées dans le même univers …et voient même leurs histoires se croiser ! Je vous rassure tout de suite, pas besoin de lire l’un pour comprendre l’autre. Disons simplement que si vous lisez comme moi, le prince des fous juste après le prince écorché…vous avez un petit complément sympa, sans être indispensable.
Sur le fond, à la lecture de ces deux volumes, qui ouvrent chacun une trilogie, une chose est sûre : Mark Lawrence aime les personnages de beaux salopards sans remords qui ne s’excusent pas du tout d’être des salopards, voire en sont assez fiers et contents. Ils s’assument comme tels et cela aide beaucoup le lecteur à supporter les horreurs amorales qu’ils peuvent commettre au fil des pages soient présentées avec une verve et un sens du dialogue acéré.
Mais Jorg (dans prince écorché) et Jalan (dans le prince des fous) sont deux types très différents de salauds. Jorg est un XXX de monstre quasi psychopathe qui a à peine 13 ans parcourt les routes avec sa compagnie de mercenaires et prend un certain plaisir à piller, brûler, détruire, violer tout ce qui traine. Alors que Jalan …et bien, c’est un bon gros lâche qui ne s’en cache pas, qui préfère sans conteste plonger dans le décolleté d’une belle femme que dans une bataille. Un bon vivant amateur de vin et de paris mais plus sur la vie des autres que la sienne propre qu’il estime beaucoup…
Mais dans les deux cas, si dans un premier temps, on a l’impression qu’ils n’ont aucune qualité pour les sauver…Lawrence au fil du récit, montre qu’ils sont plus complexes qu’ils n’y paraissent et que derrière leurs bagou et leurs actions peu reluisantes, existent quelques possibilités de rédemption…bien que pour Jorg, cela apparaisse difficile. En tout cas, il y a à chaque fois une petite lueur de bien qui se cache derrière le cynisme et la recherche de leur intérêt personnel.
Comme je l’ai dit, la principale qualité des œuvres de Lawrence est sans conteste la qualité de sa plume. Il a une excellente maîtrise du langage et les répliques acerbes et bien senties fusent de tous les côtés. Au delà, l’univers en lui-même est relativement classique, une espèce d’Europe post apo revenue à un stade moyenâgeux ayant oublié l’essentiel de son histoire passée.
A noter que les histoires sont également relativement différentes. Pour Jorg c’est une belle quête de pouvoir. Pour regagner son rang ce dernier va devoir accepter un défi insensé de la part de son père qu’il va relever…de fort belle manière, bien que légèrement destructrice, alors que pour Jalan, c’est avant tout une quête qui va l’amener à traverser le continent pour se rendre dans le nord, à son corps défendant, et uniquement pour pouvoir sauver sa peau.
Dans les deux cas, nous avons là des premiers tomes efficaces qui donnent envie de continuer. Par ailleurs, contrairement au titre qui suit, le style de Lawrence rappelle effectivement par moment celui d’un autre comme Joe Abercrombie et sa saga de la première loi, notamment dans le fait que les personnages se situent tous dans une belle zone très grisée d’un point de vue moral. Avec en outre un sens de l’écriture acide particulièrement prenant.
Verdict : 8/10
- Les seigneurs de Bohen, d’Estelle Faye chez Critic
Sollicitation : Je vais vous raconter comment l’Empire est mort.
L’Empire de Bohen, le plus puissant jamais connu, qui tirait sa richesse du lirium, ce métal aux reflets d’étoile, que les nomades de ma steppe appellent le sang blanc du monde. Un Empire fort de dix siècles d’existence, qui dans son aveuglement se croyait éternel.
J’évoquerai pour vous les héros qui provoquèrent sa chute. Vous ne trouverez parmi eux ni grands seigneurs, ni sages conseillers, ni splendides princesses, ni nobles chevaliers… Non, je vais vous narrer les hauts faits de Sainte-Étoile, l’escrimeur errant au passé trouble, persuadé de porter un monstre dans son crâne. De Maëve la morguenne, la sorcière des ports des Havres, qui voulait libérer les océans. De Wens, le clerc de notaire, condamné à l’enfer des mines et qui dans les ténèbres découvrit une nouvelle voie… Et de tant d’autres encore, de ceux dont le monde n’attendait rien, mais qui malgré cela y laissèrent leur empreinte.
Et le vent emportera mes mots sur la steppe. Le vent, au-delà, les murmurera dans Bohen. Avec un peu de chance, le monde se souviendra.
Estelle Faye boit trop de café, travaille tard dans la nuit et fréquente des gens étranges. De temps en temps, aussi, elle écrit des histoires : Porcelaine (Prix Elbakin), Un Éclat de Givre ou la trilogie La Voie des oracles.
Avec Les Seigneurs de Bohen, elle nous offre un roman de dark fantasy spectaculaire et épique, dans la lignée des oeuvres de Joe Abercrombie (Les Héros, Servir Froid) ou de Glen Cook (La Compagnie noire).
Avis : je dois dire en entrée de jeu, après lecture du livre que…la sollicitation est quelque peu étrange, en effet je trouve que citer Joe Abercrombie ou Glen Cook comme références pour vendre les Seigneurs de Bohen est assez trompeur car cela n’a rien à voir. Autant on peut dire que les titres de Mark Lawrence sont dans la même veine, autant le travail de Estelle Faye va dans sa propre direction et n’a certainement pas besoin de telles comparaison.
Sans aucun doute, l’une des sorties fantasy française les plus attendues de ce début d’année, l’autrice livre une oeuvre riche, dense aux personnages complexes qui ne laissent pas le lecteur indifférent, que cette réaction soit positive ou négative. En premier lieu, on peut sans aucun doute citer le style de Faye particulièrement attrayant et addictif, qui dispose d’un bon rythme tout au long du récit, si bien que l’on a jamais le sentiment que le récit stagne, même si l’intrigue progresse lentement ou qu’il y a réellement de longueurs.
En effet, si l’on porte une attention particulière à chaque séquence du récit, on remarque, que Faye évite justement les scènes fixes qui se prolongent trop longtemps, en général au bout de quelques pages, on change de séquence et/ou de personnages. Tiens les personnages, parlons en…est-ce normal que j’ai plus accroché aux personnages secondaires comme Morde ou Cigale plutôt qu’aux personnages principaux ?
Le pompon du personnage avec lequel j’ai eu beaucoup de mal tout du long est sans conteste Maëve, dont le trois quart de l’arc personnel est dominé par ses liaisons amoureuses et ses tentations de liaisons et la vitesse à laquelle elle peut passer de l’une à l’autre sans vraiment que cela lui pose de problèmes … A mon sens il faut éviter de trop l’enfoncer pour ce côté…volage, car dès le départ Faye positionne le personnage comme quelqu’un pour qui l’attachement à un lieu, une personne est avant tout passager.
Par ailleurs le point que j’aborde sur l’importance de la romance dans l’arc de Maëve se retrouve assez à des degrés divers avec les deux autres “héros” à savoir Sainte Étoile et Wens. A la lecture, on constate combien l’autrice s’appesantit sur le côté charnel de ses relations, qu’elle soit sexuelle ou pas. Si je n’ai rien contre un peu de romance, j’ai eu personnellement du mal avec l’effet de répétition que cela a induit ici tout au long du récit.
On ne compte ainsi plus les séquences sur les sentiments, l’attraction physique ou les scènes amoureuses tout au long du livre. Heureusement, Faye évite d’alourdir trop son récit avec cet effet, en passant comme je l’ai déjà indiqué assez vite d’une séquence à une autre. On ne souffre donc que l’espace de quelques lignes…même si on craint le prochain passage qui en général arrive assez vite…
Au delà des personnages, le monde décrit par Faye est réellement riche et l’on est plongé petit à petit, dans cet empire pourrissant et périclitant où la multitude de seigneurs qui se partagent le pouvoir sont plus occupés par leur lutte intestine et sur le fait de savoir qui occupera le prochain le trône qu’à vraiment veiller sur une population fatiguée qui subit le joug d’un règne à la fois toujours plus lointain de leurs besoins et toujours plus pesant.
De fait, c’est l’histoire de la longue chute de cet empire qui sert de décor. Une chute qui est avant tout le résultat d’une accumulation lente de frustrations, répressions, crises et autres alertes de tous les côtés. Alors que la situation semble en surface calme et apaisée, on comprend que les braises de la révolte sont vives et qu’il suffira d’un simple coup de vent un peu puissant pour les transformer en incendie…Comme dans les vraies révolutions en somme.
Si je n’ai pas adhéré à l’ensemble du bouquin, l’ensemble a tout de même constitué une très bonne lecture.
Verdict : 8/10
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