Tops de la semaine
3 – Saga 21, de Brian K.Vaughan et Fiona Staples, d’épisode en épisode, il apparaît évident que le grand thème de cet arc est la désagrégation lente mais assurée de la famille. Pas une famille en particulier, mais toutes celles mises en scène dans la série. Et ce par le jeu de forces internes (mauvaises décisions des membres de la dite famille) qu’externes par l’entrée en jeu de nouveaux joueurs dans la partie qui bouleversent radicalement les choses.
C’est sans doute la raison qui fait que je place cet épisode en 3e position au lieu du Top, car il se dégage de cet arc une impression douce amère alors que l’on voit des personnages que l’on aime perdre ce qu’ils avaient gagnés de haute lutte dans les précédents arcs…
2 – Batman 33, de Scott Snyder et Greg Capullo, conclusion du gigantesque arc Zero Year, cet épisode répond presque, et c’est le mot clé, aux attentes fondées dans le duo créatif. Il faut dire que les deux zozos sont allés tellement haut avec cette longue saga que l’on attendait rien moins que l’excellence pour cette fin. Au final l’épisode est très bon et reste fidèle à la charte que s’étaient fixés les auteurs, à savoir que peu importe la hauteur des enjeux (ici la destruction de Gotham) où la dimension prise par l’intrigue (Gotham revenue à l’état sauvage et prise en otage), le centre de l’intrigue est et demeure Bruce Wayne, bien plus que Batman, bien que celui-ci soit très présent.
Le principal facteur qui fait que cet épisode est un peu en deçà est qu’au final, Batman gagne sans réelle surprise. Oh Snyder s’est clairement défoncé pour mettre aux points les devinettes du Riddler, mais comme cela se finit tout de même avec un coup de poing dans le visage, on reste dans le classique. mais cela n’est que le début de l’épisode, ce qui à mon sens lui permet de reprendre de la hauteur par rapport aux codes imposés du genre super -héroïque est sans aucun doute la révélation finale sur le passé de Bruce, + la séquence de fin. Chacune met en scène la « route non prise, le choix non fait » qui ont mené à l’avènement de Batman. A ce titre la dernière séquence « rêvée » est particulièrement puissante.
1 – Wonder Woman 33, de Brian Azzarello et Cliff Chiang, si l’on peut reprocher à Azzarello d’avoir laissé par moment son intrigue traîner en longueur, il faut bien lui reconnaître qu’il sait également gérer avec une grande finesse les moments de grande tension de son récit. Bien que Diana passe l’essentiel de cet épisode prisonnière, sa présence et son aura rayonne sur l’ensemble des pages. Et même si à la dernière page elle n’est guère en position favorable, elle sort clairement victorieuse de son « duel » avec le First Born.
Il n’y a pas échange de coups entre eux, mais très clairement il y a lutte. Une lutte non pas pour la vie de WW, mais pour son identité, alors que son ennemi la menace du pire elle et ceux qui lui sont chers…Un épisode vraiment excellent qui annonce une conclusion de run proprement épique !
LE FLOP DE LA SEMAINE
Wolverine and the X-Men 6, par tous les dieux mais qu’est-il arrivé à ma série chérie ? à mes personnages adorés ? quel monstre vous a infligé un tel traitement ??? Il y a encore peu de temps, Wolverine and the X-Men était une série fun, adorable, très bien construite avec des personnages bien installés, caractérisés et définis…Il aura suffi de quelques mois pour envoyer tout cela à la poubelle…
Tout d’abord la partie graphique chiée…oui je dis chiée par une série de tacherons sans grand talent ou alors tellement pressurés par les deadlines qu’ils n’ont eu le temps que de griffonner rapidement…Oh il y a du Asrar dans le lot mais c’est noyé dans un tel torrent de médiocrité que mes yeux ont commencé à saigner avant d’arriver sur ses pages…Sans parler de l’indigne représentation visuelle des personnages…certains ont semble-il pris quelques années. Je pense notamment à Idie. Vous vous souvenez, la jeune fille qui a 13/14 ans au début de la série et qui ici a plus l’air d’en avoir la bonne vingtaine…mais qui a aussi semble-t-il changer de personnalité.
Et c’est là le plus grand crime. Si l’on peut excuser l’intrigue passablement capilotractée voire incompréhensible de Jason Latour (merci de m’envoyer votre fiche de lecture si vous avez capté quelque chose), son maniement des personnages est tout simplement déplorable. Idie, qu était il y a encore l’innocence incarnée est désormais tout le temps en colère et dans la posture « tout le monde a tort à part moi et je m’oppose par principe voire je me comporte comme la dernière des garces… »…la crise de l’adolescence ? mouais, je dirais plutôt un scénariste qui a tordu la caractérisation d’un personnage pour correspondre aux besoins de son intrigue.
Bref, un épisode atroce à lire, dépourvu de tout humour, du sens du fun et de la gestion des personnages méticuleuse de Jason Aaron. Ce que nous avons là est le fantôme de l’ombre du chat du concierge du voisin du cousin de la grande série que nous avons connu…Wolverine and the X-men est morte et bien morte…
Si je fais appel à ma prodigieuse mémoire de la continuité, le dernier humain avec lesquels les X-Men ont eu des contacts était la maire de San Francisco et on sait comment cette histoire s’est finie. Des scénaristes historiques ont bien tentés de maintenir ce lien dans leurs séries, avec des apparitions de personnages comme Valérie Cooper. Mais en dehors de ces maigres guest-star, les mutants, à l’image de cette franchise, se sont repliés sur eux mêmes dans un réflexe communautaire…tout en continuant de prêcher le rêve de Xavier de co-existence mutants/humains. manifestement pour nombre de scénaristes cette co-existence devait survenir sous la forme des mutants d’un côté et les humains de l’autre.
Outre la timide tentative de Kieron Gillen dans Uncanny X-Men, la dernière tentative réelle d’application de la doxa de Xavier remonte…au run de Grant Morrison et aux fameux arc Riot at Xavier qui voyait l’émergence de la révolte de Quentin Quire contre le rêve de Xavier alors devenu la seule vision applicable (Magneto étant présumé mort) et alors que le patron de l’institut veut transformer l’école en un site mixte humain/mutant.
Depuis la réflexion de scénaristes semblent être passée à la trappe pour des récits plus superficiels oubliant toute la métaphore politique et raciale des X-Men. Est-ce que ce premier épisode de Storm annonce un changement ? Oui et non. Oui car Greg Pak fait partie de ses scénaristes qui a toujours eu à cœur de développer ce que l’on appelait autrefois la représentation des minorités. Non car cela reste du divertissement et qu’il faudra un moment avant qu’un scénariste de la trempe de Claremont ou Morrison ait les corrolès de s’attaquer à un tel sujet. Plus que l’indigence des scénaristes, c’est le politiquement correct qui tue lentement mais sûrement les X-Men.
Qui se souvient que dans les années 80, Claremont, par la voix de Kitty Pride, utilisait le mot nigger (nègre(devenu dans notre société politiquement correcte le N word..on peut se demander ce que devient une société quand elle commence à avoir peur de ses propres mots….)) pour désigner le traitement des mutants par les humains à peu près tous les 3 épisodes ? qui oserait faire cela aujourd’hui ? Plus que jamais nous vivons le règne des couilles molles et des convictions faciles.
Snyder pour la fin de Batman venait de voir la derniere tentation du Christ de Scorsese. Enfin on en a fini avec Zero Year !!!!!!!!!!!
Bravo pour le chapitre humain. Je dirai même que les Xmen se reproduisent entre eux aussi. Le dernier à avoir osé, c’était pas Havok avec sa nurse ?
Wolverine. Pour moi, il a toujours été clair que la série s’arrêtait avec Aaron. Ton commentaire ne me laisse aucun regrets.
…Et on dit Cojones, Sam !