Oldspoken : La Ligue des Gentlemen Extraordinaires

Crédits :

Scénario : Alan Moore

Desins et Couvertures : Kevin o’Neill

Editeur : America’s Best Comics (VO) / Panini Comics (VF)

La série : Si il y a des comics qui resteront à jamais dans l’imaginaire collectif, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires en fait surement partie. Un peu comme tout ce qu’Alan Moore dans ses années fastes. A la Comic Con 2010, j’avais acheté le gros coffret sorti chez Panini regroupant les 2 Deluxes édités l’année précédente avec en cadeau une très jolie lithographie de Kevin O’Neill. J’avais parcouru le premier tome sans vraiment m’y atteler (le gros pavé, ca a tendance à me rebuter à la lecture, mais ca claque dans ma bibliothèque !). Je vais m’attarder ici sur ces deux deluxes donc en différenciant bien les 2 minies séries.

Volume I : 1898

Ce premier volume en six parties est paru chez America’s Best Comics par Wildstorm, une ancienne division de DC Comics, entre mars 1999 et septembre 2000, ce qui peut étonné car l’aspect entier sens bon les années 80 plutôt que les années 2000. Elle décrit la formation de la ligue et l’affrontement de son premier ennemi (que je ne citerai pas).

Ce qui surprend en premier c’est l’utilisation de figures bien connus de l’univers littéraires et fantastiques de l’Angleterre Victorienne. Nous avons Mina Murray (Dracula) en maîtresse de cérémonie qui doit réunir sur ordre des services secrets britanniques (Campion Bond, grand-père du célèbre agent secret) un groupe extrêmement hétéroclite : Allan Quatermain, le Captaine Némo, Henry Jekyll et son alter égo Mr Hyde et Hawley Griffin, autrement dit l’Homme Invisible. Leur mission : Protéger et défendre la Grande Bretagne et son Empire.

Les deux premiers épisodes sont consacré à la formation de cette équipe et ils croiseront d’autres figures emblématiques (notamment Auguste Dupin d‘Edgar Poe). Puis, la menace arrive avec un quartier chinois peu recommandable de Londres, une source d’énergie capable de faire voler n’importe quoi, une guerre, des souterrains etc…

C’est extrêmement jouissif de voir à quel point le couple d’auteur se lâche ! Tout peut y passer : la relecture de la mort de Sherlock Holmes, la véritable histoire des protagonistes (souvent bien différentes de celle que l’on connait), un Londres apocalyptique, un Nautilus plus vrai que celui d’Eurodisney… Bref, c’est du pur bonheur ! C’est bourré de rebondissements en tout genre, c’est à la fois glauquissime à souhait, très drôle et aussi très émouvant par moment. Par exemple, Mina Murray retrouve l’Homme Invisible car ce dernier se fait passer pour le Saint Esprit en violant les jeunes pensionnaires d’une école pour filles…

Au niveau dessin, au premier abord, on est très surpris. Kevin O’Neill est à coup sur un dessinateur talentueux, mais dans les premières pages, on a vraiment du mal à s’en rendre compte ! Passé la surprise, on se rend compte que son style complète parfaitement le récit d’Alan Moore et on aurait vraiment du mal a imaginer un autre dessinateur. Pour faire simple : Alan Moore + Kevin O’Neill = LOEG.

Concernant l’édition en Deluxe maintenant, je ne peux que féliciter Panini ! C’est un régal et une fois qu’on a fini de lire le comics, nous avons encore plein de contenu. Des couvertures, en passant par des petits jeux totalement débiles et un magnifique récit d’une dizaine de page d’Alan Moore concernant la « drogue attitude » d’Allan Quatermain. Mention Spéciale à la description des auteurs en 3° de couverture ! Je cite : « Alan Moore : Ecrivain et ex-vedette de cirque, (sous le pseudonyme du « Trucmuche de Bornéo), est surtout connu pour ses oeuvres hard destinées aux tout petits. Le monde est encore sous le choc de L’enfant dans le jardins des horeurs vénériennes (1864) et Cocaïne et canoë : une santé parfaite assurée (1872). Devenu par la suite directeur d’une entreprise de tissage, il est mort oublié en 1904. » Ca montre bien l’esprit totalement décalé du livre !

Le seul petit bémol de la VF de Panini se résume en un nom : Geneviève Coulomb…

Volume II

Le second volume prend place juste après la fin du premier. Tout commence sur la planète Mars avec une guerre entre différents peuples, et des terriens en première ligne. Encore des gens connus ! Nous avons John Carter (rien à voir avec le toubib d’E.R. ^^) créé par  Edgar Rice Burroughs et le Lieutenant Gullivar Johns, créé lui par Edwin Lester Linden Arnold. Nous sommes donc encore en plein dans les héros de l’ère Victorienne. Et ces maudits martiens décident d’envahir la Terre…

La ligue que nous connaissons déjà doit désormais enquêter sur cette invasion et après avoir découvert que leurs intentions étaient tout sauf pacifique, ils vont devoir trouver comment les détruire ! Nos amis vont donc se diviser afin de trouver une solution efficace. D’un coté Némo, Hyde et Griffin, de l’autre Quatermain et Mina. Plusieurs éléments vont venir tout chambouler, des idylles, une traitrise, un célèbre Docteur expert en génétique sans oublier des Martiens qui balayent tout sur leur passage.

Alors que vaut ce tome 2 ? Je ne vais pas vous mentir, il est en dessous du premier volume. Le scénario est beaucoup plus simple et laisse une grande part à l’action et les dessins sont parfois approximatifs. Ça sent le travail de commande… Mais il ne faut pas pour autant bouder notre plaisir ! Ça reste très bon, même si on a un petit gout de déception.

Concernant l’édition Deluxe, comme le premier volume, beaucoup de bonus. Ici, comme long récit, nous avons une espèce d’Almanach délirant sur des contrées et des îles en Europe, Amériques et Asie, mais totalement imaginaires. On nous explique également les différentes ligues, c’est très intéressant, et tellement bien écrit, qu’on a presque envie d’aller en visiter certaines ! La description des auteurs est également déjantée et les petits jeux très marrants !

Le futur de la ligue :

The Black Dossier : je colle ici l’article Wikipédia car je ne l’ai pas encore lu, il est sur ma pile

(hors-série paru en novembre 2007 ; du fait de son statut très complexe du point de vue des lois du copyright, toute parution à l’étranger semble peu probable) : Après le coup d’État de Big Brother en 1948, la Ligue a déserté la Grande-Bretagne par loyauté à la couronne britannique. En 1958, suite à la chute du régime, leur objectif est de récupérer le Dossier Noir, un rapport des services secrets relatant toutes les activités passées des Ligues depuis Élisabeth I^re. Autour de cette intrigue d’espionnage, l’opuscule est surtout un prétexte à expliquer de manière très détaillée toute l’histoire de l’univers dans lequel évoluent ces personnages et les raisons qui le sous-tendent. À plusieurs moments, les personnages font une « pause » pour lire le Dossier ; le lecteur aussi (c’est un procédé similaire à celui employé dans Watchmen du même auteur). On y trouve une pièce inédite de Shakespeare, une bande dessinée publiée par l’Ingsoc, une suite des aventures de Fanny Hill, un plan du Nautilus, etc.

Century 1910 : Les histoires ne s’arrêtent pas la. Le duo a prévu un dernier tour de piste avec « Century ». Trois histoires, avec trois ligues différentes dans trois époques bien distinctes de notre XX° siècle. La première partie se déroule en 1910. Il est paru en mai 2009 et a été traduit par Delcourt depuis. Il est en cours de lecture, mais on peut y croiser la réincarnation de Jack l’éventreur entre autre. Le fait de lire celui ci en VO n’est pas hyper facile et je ne peux que vous mettre en garde devant la complexité de l’anglais utilisé.

Century 1969 : Pas encore lu, pas encore acheté. Ca se passe dans le swinging london avec une sombre histoire de drogue. La parution française est prévue par Delcourt au mois d’octobre 2011.

Century 2009 :  le dernier volume prendra place dans notre temps. On ne sait pas grand chose sur celui ci (à paraître en 2012) mais Alan moore l’a décrit comme « Times change ». On l’attend bien évidemment avec beaucoup d’impatience.

Avis : Est-ce vraiment utile de donner mon avis sur cette série ? Toute cette oeuvre est magistrale. Avec des petites faiblesses sur le volume 2, ca repart haut la main avec la mini « Century ». J’ai vraiment hate de finir mes lectures pour avoir la vue d’ensemble que le génial Alan Moore nous a concocté. Un Buy, sans hésitation !