Déjà vu ? #23 – Supergirls just fly

Chaque dernier dimanche du mois, Marti répertorie et analyse pour vous les reprises de couvertures de comic-books.

Une fois n’est pas coutume, générique :

And then she’d say : It’s OK, I got lost on the way

But I’m a Supergirl and Supergirls don’t cry.

And she’d say : It’s all right, I got home late last night

But I’m a Supergirl and Supergirls just fly.

Quand le groupe de pop-rock germano-irlandais Reamonn chantait ce refrain en 2000, il ne laisse pas de doute la cousine de Superman s’est glissée dans leurs paroles. Pas de trace d’une jupe ou d’une cape rouge ou bleue dans le clip, qui nous conte une banale histoire d’amour un peu – mais pas trop – tourmentée, mais une simple mention d’une capacité de voler dans les paroles. Et cet envol, Supergirl s’apprête à le faire bientôt à la télévision dans une série éponyme diffusée sur la chaîne CBS, sous les traits de la charmante Melissa Benoist que les plus pirates curieux d’entre vous ont déjà pu découvrir à travers un épisode pilote qui a atterri sur le net aussi mystérieusement que la navette de la jeune héroïne en 1959 dans Action Comics #252.

C’est Curt Swan, l’un des artistes les plus emblématiques de l’Homme d’acier, qui a réalisé cette couverture passée dans la postérité des comics qui a eu son lot de reprises à travers le temps. Avant de les passer en revue, un petit tour à l’intérieur dudit numéro s’impose. C’est Al Plastino, autre dessinateur incontournable de l’Age d’Argent de DC, qui se charge de ces illustrations sur un scénario d’Otto Binder. Le numéro s’ouvre sur une image similaire à la couverture – encore que ce soit peut-être Curt Swan qui se soit plutôt en premier lieu inspiré, ou vu demander la reprise, de cette scène – qui voit Kara Zor-El émerger devant un Superman très étonné.

Une dernière précision avant de passer aux « vraies » reprises : en 2007 la couverture de Curt Swan a été recolorisée et débarrassée des bulles pour les besoins du premier volume de la collection Showcase (des réimpressions en noir et blanc) consacré à Supergirl. Cela nous donne une jolie version de cette couverture plus « propre », qui doit tout de même souffrir d’un logo nous annonçant avec fierté le nombre conséquent de pages qui attendent les lecteurs.

Malgré l’importance du numéro, il faut à priori attendre 1998 pour voir une première reprise de la couverture d’Action Comics #252 avec Supergirl/Prysm: Double Shot #1, un one-shot dont Tom Grinberg a assuré l’entièreté de la partie graphique. Le dessinateur inverse ici les place, Supergirl se retrouve à la place de Superman tandis que Prysm prend quant à elle la place de la krypto… ah oui, c’est vrai, durant cette période Supergirl est en fait Matrix, une version alternative venue d’un univers de poche… à moins que ce soit Linda Danvers, une adolescente habitée par un ange… ou bien est-ce l’époque où Matrix et Linda ne font qu’une… Vous n’avez rien compris ? C’est normal, puisque nous sommes dans une période où différentes héroïnes reprenant plus ou moins certains aspects de la Kara classique se sont succédées pour remplacer la cousine de Superman qui a été effacée de la réalité suite à Crisis on Infinite Earth, avec comme règle explicite qu’elle ne pouvait revenir pour établir durablement que Superman était le seul rescapé de Krypton.

Cette règle est finalement enfreinte sans l’être tout-à-fait en 2002 dans le dernier arc de cette série, le très célèbre « Many happy returns » s’étendant sur Supergirl #75 à #81 écrit par Peter David et dessiné par Ed Benes. Pour faire simple, Supergirl (Linda Danvers) rencontre la première Kara Zor-El dont la fusée se crashe mystérieusement dans la continuité DC de l’époque en lieu et place de la Terre-1 d’avant-Crisis ! Cette histoire ne pouvait pas se passer d’un petit hommage à Action #252, réalisé tout d’abord à travers la couverture du #75 signée Rob Haynes, reprise à nouveau un an après par Ed Benes pour l’édition en librairie. Très logiquement Kara (la Supergirl en costume classique) garde sa place tandis que Linda (celle avec le t-shirt blanc, un look qui inspirera celui de Kara dans la série animée) prend celle de Superman.

Cette histoire, au passage l’une des intrigues de voyage dans le temps les plus alambiquées de DC (quoique…), achève la série Supergirl qui mettra presque trois ans à revenir*… avec enfin une version post-Crisis de Kara ! Apparue d’abord en 2004 dans Superman/Batman #8 sous la houlette de Jeph Loeb et Michael Turner, la nouvelle Kara Zor-El hérite rapidement de sa propre série en 2005. On retrouve très logiquement un hommage Action Comics #252, matérialisé sous la forme d’une couverture alternative de Supergirl #1 par Ian Churchill. Elle s’inspire de l’arrivée de Kara dont le vaisseau a été retrouvé sous l’eau par Batman. Le Chevalier noir prend la place de l’Homme d’acier et échange avec la jeune quelques mots tout droits issus de l’image originale, dont le style graphique est également copié, rendant au passage le trait de Churchill méconnaissable.

Ce même volume de la série Supergirl contient également un autre hommage à la première apparition de la Fille d’acier dans son cinquante-huitième numéro. Réalisée par Amanda Conner, celle illustration reprend à l’identique, poses et dialogues compris, la couverture d’Action Comics #252 mais dans le style moderne de la dessinatrice.

La reprise la plus récente renoue avec l’historique compliquée du titre de Supergirl puisqu’il s’agit de la couverture de Convergence : Supergirl : Matrix #2 par Howard Porter. Cette incarnation de l’héroïne y est confrontée au facétieux Ambush Bug qui a pris la place de l’occupant de la navette.

La couverture d’Action Comics #252 a également eu droit à une réutilisation plus originale avec la création d’une statuette basée sur elle ! Le procédé n’est pas nouveau (un article de cette rubrique y avait été consacré en décembre dernier) et aboutit souvent à un résultat sympathique. Les créateurs semblent s’y être donné à cœur joie quand on observe la réaction à peine exagéré de Superman rencontrant sa cousine !

Enfin, la couverture originale a peut-être aussi eu une influence plus subtile dans la représentation de Supergirl. En effet, la pose de la jeune femme, un bras en l’air et l’autre replié, semble avoir été adoptée comme une façon emblématique de dessiner la jeune femme hier comme aujourd’hui comme en témoigne les deux exemples suivants : la couverture de Supergirl (vol.2) #1 par Rich Buckler et Dick Giordano, puis celle de Supergirl (vol.6) #0 par Mahmud Asrar.

Les reprises de la couverture d’Action Comics #252 sont donc finalement assez récentes et restent également cantonnées aux titres en rapport direct avec Supergirl. Avec l’arrivée de l’héroïne sur les écrans de télévision (et pourquoi pas au cinéma dans les années à venir), on peut parier les hommages pourraient fleurir dans les années à venir au moins chez DC, et pourquoi pas ailleurs !

*Avec tout de même une remplaçante éphémère en la personne de Cir-El, une possible fille de Loïs et Clark venue du futur ! Tout ceci vous paraît confus ? On n’a pourtant pas évoqué la fille qu’aurait eu Linda Danvers avec Superman lors d’un voyage trans-dimensio-temporel (l’histoire alambiquée évoquée plus haut !), ni les différentes Superwoman, le cas très épineux de Power Girl… ou encore Super-Girl, une proto-Kara apparue le temps d’un épisode (Superman #123) un an avant Action Comics #252 ! Tout ceci mériterait bien un article à part entière dans la rubrique Spécialement Strange… si quelqu’un est assez courageux pour le faire !

N’hésitez pas à réagir à travers les commentaires, dans lesquels vous pouvez également laisser des suggestions pour les prochaines couvertures à traiter !