JUSTICE LEAGUE SAGA HORS-SÉRIE #1
Scénario : Mark Waid, Tom Peyer
Dessin : Barry Kitson, Tom Gindberg
Couleurs : Lovern Kindzierski
Traduction :Jeab-Marc Lainé
Éditeur VF : Urban Comics
Éditeur US : DC Comics
Format : 144 pages
Prix : 5,50€
Date de sortie : 27 mars 2015
UNE SAGA COMPLÈTE INÉDITE EN L’HONNEUR DES 75 ANS DE FLASH ET GREEN LANTERN ! Mark WAID et Barry KITSON retracent l’amitié légendaire entre Barry Allen et Hal Jordan, de leurs débuts dans la Ligue de Justice jusqu’aux événements tragiques de CRISIS ON INFINITE EARTHS. Avec de nombreuses guest-stars : Wally West, Green Arrow, Star Sapphire et Jay Garrick et Alan Scott, les Flash et Green Lantern de l’Âge d’Or !
(contient les épisodes US FLASH & GREEN LANTERN: THE BRAVE AND THE BOLD #1-6)
Paru le mois dernier dans le cadre des sorties dédiées aux 75 ans de Flash, ce premier numéro de Justice League Saga Hors-Série contient l’intégralité de la mini-série de 1999-2000 inédite en France intitulée Flash & Green Lantern : The Brave & the Bold, signée par Mark Waid et Tom Peyer au scénario accompagnés de Barry Kitson et Tom Grindberg aux dessins. Composée de six histoires situées à différents moments de la vie de Barry Allen et Hal Jordan, les Flash et Green Lantern de l’Âge d’Argent, cette mini-série explore l’amitié indéfectible au cours de leurs années de services du début de leur carrière à la veille de la mort de Barry durant Crisis on Infinite Earth ; situés dans la continuité post-Crisis, les récits prennent en compte les changements instaurés depuis 1986 comme la présence des héros de la Société de Justice d’Amérique dans leur monde et s’offrent parfois même un droit d’inventaire comme la rationalisation de l’historique de Star Sapphire. Outre la célébration de l’une des amitiés super-héroïques les plus emblématiques des comics, cette mini-série se présentait à l’époque pour les auteurs comme les lecteurs de retrouver ces deux héros alors passés dans l’autre monde, et destiné à le rester ad eternam au moins pour Barry dont un retour sur le sacrifice mythique durant Crisis on Infinite Earth paraissait alors comme une hérésie. Ce n’est pas un hasard si Mark Waid s’est retrouvé attaché au projet ; auteur d’un long run sur Flash (alors incarné par Wally West, le successeur de Barry) durant les années 90 passé dans la postérité, ce fin connaisseur de la continuité avait déjà revisité en 1998 le parcours de Barry Allen dans The Life Story of The Flash, un graphic novel écrit du point de vue de la femme du bolide Iris West, et évoqué son amitié avec Hal Jordan dans la maxi-série JLA: Year One (à paraître en librairie chez Urban Comics en juin prochain).
Chacun des six épisodes se plaçant à la fois dans une thématique et dans une période précise des carrières des deux héros, Urban Comics qui a eu le bon goût de ne pas limiter les éditos à la seule première page du magazine puisque chaque épisode est introduit par une présentation du contexte dans lequel chaque histoire s’inscrit. Signalons au passage la traduction de Jean-Marc Lainé qui adopte un ton adapté aux périodes auxquels ces récits se réfèrent sans pour autant tombé dans le piège de dialogues sonnant ridiculement vieillots. Ces récits sont indépendants les uns des autres dans leurs intrigues mais sont liés par un fil rouge (et vert) que l’on peut résumer question : comment deux personnes aussi différentes que Barry Allen et Hal Jordan peuvent-ils être amis ? Si aucune réponse claire n’est donnée en conclusion (mais n’est-ce pas le propre de l’amitié de rassembler des gens pourtant différents ?), l’opposition entre les deux personnages se manifeste tant à travers leur vie sentimental que professionnelle ; si Barry est l’homme d’une femme et occupe toujours la même fonction au sein de la police de Central City tout au long de sa carrière, Hal lui ne cesse de changer de petite amie comme d’occupation, alternant son travail de pilote d’essai avec celui de vendeur d’assurance ou de chauffeur routier quand il n’est pas sans emploi et dans le besoin, entraînant un running gag voulant que Hal doive constamment de l’argent à Barry.
Les affrontements avec des super-vilains connus (le Maître des Miroirs, le Météo-Mage, Black Hand, Sinestro, Star Sapphire…) ou inédits sont évidemment à l’ordre du jour, dont l’inévitable alliance entre deux crapules issues chacun de la galerie de nuisibles d’un des justiciers masqués, et donnent bien du fil à retordre aux deux super-amis dont les pouvoirs sont souvent mis à rude épreuve ; mention spéciale à l’épisode 5 qui joue habilement sur la façon dont les pouvoirs de Green Lantern peuvent être détournés, les scénaristes n’oubliant pas au passage de tacler les magouilles dont les Gardiens de l’Univers sont devenus maîtres. La notion d’héritage si chère à DC, et particulièrement pour ces deux personnages, n’est pas en reste puisque Waid et Peyer se paie le luxe d’imaginer la première rencontre entre Hal Jordan et Kid Flash et organise un pique-nique cosmique entre les Flash et Green Lantern des Âges d’Argent et d’Or, Alan Scott et Jay Garrick, prolongeant par ce biais les oppositions entre les héros par leurs ressemblances et différences avec leurs ainés. Si aucun collègue humain d’Hal Jordan ne se manifeste, les auteurs ne pouvaient se priver de consacrer un épisode à la période où il sillonnait les routes aux côtés de Green Arrow dans une intrigue aux airs de 1984 toutefois un peu trop caricaturale.
Bien que baignant dans un « sense of wonder » qui fleure souvent bon le old school, les intrigues ne sont pas dénuées pour autant de dramatique puisque Waid et Peyer s’intéresse également à la période où Barry pense avoir perdu Iris et se penche dans le dernier épisode sur la malédiction de Star Sapphire qui a touché Carol Ferris, le grand amour impossible de Hal. Tout cela aboutit à un beau panorama tant des différentes étapes de la carrière de Flash et Green Lantern de la fin des années 50 au milieu des années 80 que des différents types de récits qui ont émaillé les comics durant cette période. Ce côté « rétro » se ressent jusque dans l’écriture qui est maîtrisée mais qui n’évite pas quelques lourdeurs dans le fond comme la forme qui freineront peut-être certains lecteurs allergiques aux récits « datés ».
Il faut enfin évoquer les dessins de Barry Kitson qui réalise pour cinq des six histoires un travail solide dont le style est parfaitement adapté au côté « classique » des récits. Le point fort du dessinateur réside dans les visages particulièrement réussies, arrivant à retranscrire parfaitement les états d’âme des personnages aux travers de la simple expression de leurs yeux. Tom Grindberg s’invite pour se charger de la partie graphique de l’épisode #4 qui met en scène Green Arrow et fournit un travail similaire à celui de Kitson au point que les lecteurs les moins pointilleux n’y verront peut-être pas de différence. Lovern Kindzierski se charge intégralement des couleurs parfaitement adapté à ces styles volontairement « rétros », contribuant ainsi à unifier l’ensemble malgré la présence de deux dessinateurs.
Véritable hommage à l’Âge d’Argent, Flash & Green Lantern : The Brave & the Bold ravira les nostalgiques mais peut aussi servir de porte d’entrée aux plus jeunes lecteurs sur la richesse de l’univers DC en leur dévoilant tant un pan de son histoire au travers de l’exploration de l’amitié entre super-héros qui a marqué profondément les comics et qui se retrouve encore aujourd’hui dans la nouvelle itération de ces personnages. Si aucune réponse sur les raisons de cette amitié n’est finalement donnée, ce n’est pas tant la destination que le voyage qui anime ces six épisodes chargés en action et en émotion.
Avis : À POSSÉDER
« quelques lourdeurs dans le fond comme la forme qui freineront peut-être certains lecteurs allergiques aux récits « datés ». »
Aïe… C’est tout moi ça !
Je feuilletterai pour voir parce que tu m’as quand même donné envie d’y jeter un oeil. Merci pour cette preview.
De ce que je connais de tes goûts par tes chroniques le style d’écriture risque de ne pas te plaire en effet.
Je l’ai lu et bien que n’étant pas familier des univers des deux héros, j’ai passé un vrai bon moment. C’est vrai que si cela avait été une sortie librairie, je n’y aurai pas jeter un œil. Donc bonne idée d’Urban de le sortir en kiosque pour ma part…