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Dessin : Andrea Sorrentino
Sollicitation : Oliver Queen est désormais au courant du passé de son père et de la destinée qui lui incombe. Pris dans une guerre entre les différents clans d’Outsiders, il va devoir surmonter sa plus grande crainte : retourner sur l’île qui a tout changé à son existence
Date de sortie : 31 Octobre 2014
Prix : 17.5€/176 pages
Épisodes : Green Arrow 25-31
Éditeur VF : Urban Comics
Avis : le sensationnel run de Jeff Lemire et Andrea Sorrentino se poursuit dans ce second tome ! le scénario s’emballe complètement alors que la mythologie installée par Lemire est exploitée de manière passionnante : tous les clans des Outsiders finissent par se révéler et par entrer en guerre les uns avec les autres ! d’un côté la version corrompue des Outsiders vite menée par Komodo, et le reste des clans qui souhaitent revenir à la raison d’être des Outsiders : lutter contre la corruption dans l’ombre. A tout cela Lemire ajoute des révélations complètement inattendues, plusieurs twists énormes et un cast de personnages toujours plus important, puisqu’il n’hésite pas à tisser des liens avec l’univers étendu de DC.
Mais l’ensemble du volume n’est pas consacré à cette guerre des Outsiders, puisque la série Green Arrow connaît d’abord un tie in à …Zero Year !!!
Green Arrow # 25 : et là chapeau à Lemire, qui parvient à répondre à ce qui est manifestement une commande de DC et à le transformer en quelque chose qui s’intègre sans problème dans l’histoire de Green Arrow. Ainsi Lemire commence par se servir de cet épisode pour mettre en scène le retour discret d’Oliver Queen aux USA après ses années passées sur l’île. Mais il ne reste pas longtemps à Seattle car il apprend vite que sa mère se trouve …à Gotham, alors que ville a été plongé dans un black-out par le Riddler. Décidée à aider les gens, elle s’était rendue volontairement dans une ville qui sombre désormais peu à peu dans le chaos.
A ce titre on peut relever que Lemire fait preuve d’un certain humour dans cet épisode. Je parle bien entendu de la première rencontre entre Batman et Green Arrow, qui font leur entrée héroïque sur scène de la même manière et …ne peuvent pas s’empiffer dès le départ. Avec un Batman qui ne cesse de lui répéter de dégager et que c’est sa ville…Tout cela alors qu’ils affrontent la première version de ce qui deviendra Killer Moth par la suite. A ce titre, je trouve dommage qu’ait été traduit les noms que le gusse ne cesse de se donner. On comprend à la fin qu’il s’agit de Killer Moth, mais tous ces jeux de mots avec des papillons sont assez lourds en français.
Enfin, Lemire réunit Oliver et sa mère de manière touchante. Je signale ce point car j’ai remarqué que Lemire avait accordé à la mère d’Oliver une place spéciale assez rare dans les comics. En général ce sont les pères qui sont surtout exploités et GA n’y échappe pas car le père d’Oliver joue un rôle clé dans la nouvelle mythologie créée par Lemire. Mais cela m’a fait plaisir de voir que le scénariste avait accordé ainsi une place aussi importante à Moira Queen.
Un bon épisode donc, qui s’intègre très bien dans l’histoire de GA.
Green Arrow 26-31 : la guerre commence !!! en général, j’ai tendance à fuir les arcs aussi longs. Au fil du temps, les histoires en 6 parties ont acquis une terrible réputation. Souvent exploités pour remplir des TPB, ces arcs se sont démarqués au fil du temps pour leur caractère creux et leur longueur exagérée. Et bien on ne peut pas dire que Lemire décompresse de son côté car ces 6 épisodes sont remplis ras la gueule.
Pour se faire, Lemire décompose cet arc en plusieurs parties.
La première contient elle même deux séquences bien particulières. Une dans le présent, où Oliver et Shado repartent sur la fameuse île sur laquelle le héros est resté échoué pendant des années. A la recherche de l’emblème du clan de la flèche, ils vont trouver bien plus …et déclencher malgré eux la fameuse guerre des Outsiders. La seconde séquence se déroule dans le passé alors que l’on revient sur la vie d’Oliver avant son arrivée sur l’île et sa vie sur l’île. Sa vie d’avant est décrite de manière assez succincte, comme les circonstances de son arrivée sur l’île. A noter que le scénariste ne reprend pas les origines imaginées par Andy Diggle.
Il s’attarde surtout sur sa vie sur l’île ou comment le gamin pourri gâté a du se prendre en charge lorsqu’il a commencé à crever de faim. Ce qui donne d’ailleurs lieu à une séquence dessinée par Sorrentino tout simplement somptueuse. Elle montre les nombreux échecs d’Oliver et ses premiers succès. Nous voyons ainsi l’évolution du personnage en quelques pages mais de manière parfaitement narrée.
Mais la révélation la plus importante intervient lorsque nous apprenons qu’Olie n’était pas seul sur l’île et que les autres…n’étaient guère amicaux ! La grande réussite de cette première séquence est sans aucun doute lorsque les flash-backs entrent en collision avec le présent pour amener une révélation tout simplement incroyable. Ce rebondissement est vraiment parfaitement amené et mis en scène et entraîne un certain nombre de révélations qui font que l’histoire de ces 20 dernières années devient bien plus claire et logique.
La seconde partie de l’arc contient la guerre des Outsiders en elle même. L’ensemble des clans se retrouve à Prague, le plan des Outsiders corrompus est révélé alors que tout cela se transforme en bataille rangée dans un récit de type blockbuster d’action. Heureusement, ce n’est pas de l’action creuse, car Lemire parvient à conserver une dimension humaine vraiment touchante. Entre un Oliver qui a du mal à encaisser les révélations qui sont intervenues dans la première partie et le sort d’Emiko qui voit toute son histoire réécrite devant ses yeux. Tout cela amenant à une confrontation finale avec Komodo lourde de conséquences pour tous les personnages impliqués. Les morts importantes se succèdent à ce stade alors que le lecteur n’en peut plus de retenir son souffle devant un rythme aussi effréné. A ce stade, on ne peut tout simplement plus lâcher le tome des mains et les épisode se dévorent à une vitesse folle.
Je n’en dirai pas plus de peur de spoiler, mais cette guerre des Outsiders est vraiment à la hauteur de nos attentes et nous avons ici du très bon Lemire. Et pas seulement, puisque Sorrentino se montre comme sur le premier tome exceptionnel de bout en bout. Je dis bien de bout en bout, car l’artiste assure la partie graphique de TOUS LES ÉPISODES !!! A notre époque où les dessinateurs ne peuvent tenir 3 épisodes sans demander une pause (ah là là qu’est-ce que c’est que ces gens qui veulent une vie !!!! quel scandale !!!), Sorrentino a assuré l’ensemble des épisodes du run de Lemire du début à la fin. Avec en outre une qualité égale voire une certaine montée en puissance, alors qu’il se montre de plus en plus assuré dans la représentation des personnages, que ses mises en scène se montrent toujours audacieuses, inventives et surtout LISIBLES !! Bref un petit chef d’œuvre, un cadeau pour nos rétines.
Verdict : une XXX de bonne lecture, un coup de cœur constant et un petit déchirement alors qu’il ne reste plus qu’un tome et quelques épisodes avec cette équipe créative …
Note : 9.5/10 – à posséder !
C’est effectivement du très bel ouvrage. Je suis pour ma part surtout tombe sous le charme de la partie graphique. On est loin des canons mainstream, ce n’est pas forcément facile d’accès, mais l’atmosphère est vraiment exceptionnelle et contribue très largement à la qualité de la narration.
S’agissant de l’histoire elle même, je serais plus nuancé. Je n’y vois pas une originalité folle. L’intrigue a un peu des airs de manga. Ca m’a aussi rappelé une (bonne) période d’iron first, avec en sus une touche soap un peu trop prononcée (« quoi?! Tu es le cousin du pere de mon voisin?). Mais ça se lit avec un plaisir évident.
J’ai deux seuls regrets très secondaires en fait. Aguiche par les avis enthousiastes de mes podcasteurs favoris sur le nouveau GA, je m’étais initialement rué sur les tpb vo … pré Lemire. Et beuark… L’autre critique concerne est éditoriale. Je comprends le besoin d’urban de vendre, mais c’est pas très subtil les allusions répétées a la série Tv, qui n’a serait ce qu’esthétiquement rien a voir avec ce très beau et novateur comics,