Scénario : Charles Soule
Dessins et couverture : Tony S. Daniel
Couvertures alternatives du #1 : Cliff Chiang, Aaron Kuder, Tony S. Daniel
Couvertures alternatives du #2 : Shane Davis, Tony S. Daniel
Encreur : Batt assisté de Sandu Florea (#2 uniquement)
Couleur : Tomeu Morey
Éditeur : DC
Sollicitation : Superman et Wonder Woman sont confrontés à une série de menaces qui pourraient bien avoir des répercussions importantes sur la jeune relation amoureuse qu’ils entretiennent dans le plus grand secret.
Depuis le lancement des New 52 les titres Superman peinent à convaincre et subissent une valse de scénaristes assez déconcertante. Wonder Woman a elle droit à une série de qualité sous l’égide de Brian Azzarello, mais celle-ci a tendance à rester un peu trop dans son coin, le scénariste snobant ouvertement sa romance entamée depuis plus d’un an avec le héros en bleu et rouge. Qu’à cela ne tienne, la relation obtient le titre Superman/Wonder Woman pour y être pleinement développée. S’agit-il simplement d’une série opportuniste, surfant uniquement sur le buzz provoqué par le super-couple ? Après deux épisodes, un premier petit bilan peut être effectué.
True romance
Si cette romance entre les deux super-héros semblait couler de source depuis longtemps, elle a été depuis toujours entravée par celle entre le Kryptonien en collant et Loïs Lane. Cette liaison faisait toutefois fantasmer les fans comme les auteurs depuis très longtemps, en témoignent les nombreuses évocations et instants manqués qui ponctuent l’histoire des personnages (voire l’excellent article sur ce sujet paru cet été dans Comic Box #84) comme les nombreux mondes alternatifs (Kingdome Come, The Dark Knight Strikes Again) où les deux peuvent s’envoyer en l’air, au sens propre comme figuré vu leurs pouvoirs. Devant l’importance historique de cette nouvelle union la création d’un titre qui y soit consacré ne me paraît pas superflue ; de plus, au-delà de l’énième exploitation du nom Superman, cela donne à Wonder Woman l’occasion d’avoir un second titre à elle. Décision légitime, son (excellente) série restant tellement en marge du reste de l’univers DC que ses interactions avec les autres personnages de la boîte comme la découverte des quelques bribes de son « nouveau » passé se font essentiellement par l’intermédiaire du titre Justice League. Au travers des tribulations du couple, le scénariste Charles Soule ferait du bon boulot s’il y développait un peu plus la place et le passif de Diana dans les New 52, ou tout simplement en offrant un titre Superman intéressant à suivre chaque mois, chose que DC peine à faire depuis bien avant leur relaunch général de 2011…
Quand Clark rencontre Diana
Charles Soule semble avoir saisi ce qui fait l’originalité du couple : une attirance mutuelle due peut-être plus à leur statut de surhommes parmi les surhommes que par leurs personnalités diamétralement opposées sur certains points. Cette différence de caractère est bien appuyée lors des dialogues, que ce soit entre Diana et une amazone ou avec son boyscout de boyfriend. Les lecteurs chevronnés se souviendront sans mal des oppositions idéologiques des deux personnages, notamment sur l’usage de la force dans les cas de force majeure, l’exemple le plus extrême étant l’exécution de Maxwell Lord par Wonder Woman il y a quelques années.
Le scénariste ne tombe toutefois pas du tout dans le cliché d’une Diana totalement inadaptée à notre monde, le « cadeau » qu’elle fait à Clark semble aller dans cette direction mais fait tout-à-fait sens car jouant sur la jeunesse de leurs activités héroïques dans cet univers DC réinventé.
Ensemble, c’est tout
D’ordinaire les titres en duo ne chamboulent que rarement la vie des héros, en témoigne les diverses incarnations de titres Batman/Superman où il s’agit plus de combiner leurs galeries de vilains que de développer leurs vies privées. Charles Soule semble bien déterminé à faire se mélanger le quotidien des deux personnages, la nouvelle situation professionnelle de Clark se retrouve au cœur de l’intrigue et Diana ne manque pas de présenter son nouveau copain à sa divine famille. Ajoutez à cela de nouveaux personnages créés pour enrichir leur entourage et une mystérieuse menace qui pourrait bien tout changer dans leur relation, et vous obtenez un titre qui a véritablement l’ambition de compter.
Cette ambition de marquer le coup se retrouve aussi dans les menaces convoquées, que ce soit Doomsday dès le premier épisode ou le cliffhanger du second épisode…
Sous les feux de l’actualité depuis quelques mois avec le film Man of Steel et réintroduits récemment dans les comics par Greg Pak lors d’un épisode du Vilains Month, Zod aura-t-il droit à un traitement à sa hauteur ?[/SPOILER]
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On espère bien que oui, tout comme on ne peut que souhaiter bonne chance à Charles Soule qui rend vraiment une copie honnête, aidé par une partie graphique presqu’irréprochable réalisé par l’autre membre du couple artistique.
L’amour extra-large
Les dessins sont en effet signés par un Tony S. Daniel en très grande forme qui semble enfin avoir compris qu’il valait mieux se concentrer sur les illustrations que de de tenter de pondre des scénarios. Zeus a dû veiller à ce que sa fille ne bénéficie que du meilleur, les deux épisodes sont de grande beauté, quelques belles double-pages bien exploitées et remplies (plus dans le #1 que le #2). Seule petite ombre au tableau : certains visages un peu crispés empêchant cette prestation d’atteindre le sauf-faute, mais il serait dommage de s’arrêter à cela.. Chapeau également pour ses couvertures et plus particulièrement celle du #1, véritable fresque présentant les principaux alliés et ennemis des deux personnages qu’on espère croiser dans le casting de la série. Et n’oublions pas que dans les comics le couple artistique est généralement polygame, Batt (assisté de Sandu Florea sur le #2) et Tomeu Morey mariant avec amour leur encrage et palette de couleurs aux dessins qui n’en sont que plus réussis par leurs apports.
Avis sous le charme : Charles Soule se donne les moyens de ses ambitions sur Superman/Wonder Woman en jouant à fond sur les apports récents aux deux personnages et en convoquant des anciennes menaces qui ont du poids tout en développant une trame de fond qui promet d’être explosive et de bouger pas mal de choses. Cerise sur le gâteau, Tony S. Daniel a enfin repris du poil de la bête et nous offre le meilleur dont il est capable. Il est peut-être encore trop tôt pour par parler de hit, mais ces deux premiers rendez-vous donnent envie de poursuivre plus loin la relation, ne serait-ce que pour enfin lire un titre intéressant sur le Dernier Fils de Krypton.
Verdict : Buy
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