[Unspoken VO] Superior Foes of Spider-Man #1-2

Crédits :

Scénario  : Nick Spencer

Dessin : Steve Lieber

Couleurs : Rachelle Rosenberg

Editeur : Marvel

Date de sortie: 3 juillet et 7 aout 2013

Dire que l’annonce de ce titre a été accompagnée d’un haussement de sourcils général serait un euphémisme, et pourtant on a ici l’une des petites pépites actuelles de Marvel. Ça ne partait pas gagnant, ces « Ennemis supérieurs de Spider-Man » étant des habitués de longue date de la lose intégrale, trois spécialistes du « Je me fais baffer et accrocher à un lampadaire par l’Araignée alors que je tente un braquage » : Boomerang, Speed Demon et ce bon vieux Shocker, accompagnés d’Overdrive (le type dont le pouvoir est de, euh, contrôler des voitures ?) et la nouvelle Beetle (ou Scarabée chez nous), cinq criminels reprenant à l’envers le concept des Trois Mousquetaires qui sont quatre puisqu’ils forment les nouveaux Sinister Six ! Les séries pour vilain ça a toujours du mal à marcher, alors lorsqu’il s’agit de vilains de deuxième voir troisième zone…

Sinister Two

C’est Nick Spencer, scénariste qui monte depuis deux-trois ans, qui a la lourde charge d’écrire le titre. Personnellement j’étais curieux, n’ayant ni lu ses Morning Glories très acclamés ni son éphémère et peu populaire Iron Man 2.0, j’avais bien aimé sa reprise d’Ultimate X-Men qu’il a malheureusement lâché au bout de douze numéros et ses Secret Avengers n’ont pas à rougir face aux titres du Marvel NOW! ; pas mal de titres sortant souvent des sentiers battus, ce qui est plutôt rassurant vu le concept de cette série.

Les dessins comme l’encrage sont assurés par Steve Lieber (aucun rapport à priori avec Stanley « Stan Lee » Lieber), un dessinateur que je connaissais à peine mais qui a déjà une belle carrière derrière lui d’après monsieur Wikipedia.

Supérieurement bon

Le pitch de base est assez simple : nos Sinister Six mais Five (l’explication de cette situation se trouve en fait dans leur première apparition dans Superior Spider-Man #1) cherchent à s’en mettre plein les fouilles et à se faire respecter de leurs confrères, ce qui foire systématiquement de manière amusante ; néanmoins, on est loin d’une série alignant les gags puisque l’on suit aussi bien les aspirations de chacun (bon, surtout Boomerang pour l’instant) qu’une histoire plus globale qui se dévoile peu à peu.

De part leurs défauts les personnages n’en sont que plus intéressants, voir attachants peut-être, chacun ayant sa voix propre et une place spécifique dans l’équipe : Boomerang le chef en manque de reconnaissance et magouilleur maladroit ; Shocker le pleutre de l’équipe qui se révélera sans doute être plus ; Speed Demon la grande gueule vantard, dragueur et bien sûr lâche ; Beetle la petite nouvelle qui n’est là que pour la gloire ; et enfin Overdrive, qui semble plus préoccupé par la conduite que les plans de génies du crime. Dès le premier numéro Nick Spencer instaure une certaine dynamique entre eux et parvient à donner à chacun leur voix propre au travers de succulents dialogues dont l’humour fait mouche à chaque fois. Son écriture est riche, les numéros sont bavards et généreux en action sans être lourds, et sous leurs faux airs de récits auto-contenus s’inscrivent dans une logique feuilletonesque, voir soap.

Attention légers spoilers ! (cliquez sur voir pour dérouler le paragraphe)

[spoiler]

Nick Spencer m’apparaît comme génial dans son écriture par l’utilisation d’un gimmick efficace, qui voit nos anti-héros créer eux-mêmes des situations doublement comiques : dans un premier temps leur besoin de faire les gros durs se manifeste par des actions assez ridicules (Boomrang veut qu’on récupère les graines pour son oiseau pendant qu’il est en taule ? Braquons carrément l’animalerie ! / On a faim ? Prenons en otage un restaurant le temps de manger !), puis s’ajoute la malchance puisque c’est toujours au mauvais moment et au mauvais endroit (en volant les graines plutôt qu’en les payant ils font foirer un deal tenu par Hammerhead / le Punisher attaque le restaurant)[/spoiler]

Sinister Three

Par son ton Superior Foes of Spider-Man est assez justement comparé à Hawkeye mais je le rapprocherai également de FF et le placerai à mi-chemin entre les deux : comme pour l’archer mauve on a des histoires plus terre-à-terre mais avec tout de même du costume et des pouvoirs et une dynamique de famille dysfonctionnelle. Sans avoir besoin d’être un connaisseur de l’univers Marvel pour comprendre le titre, l’initié appréciera tout de même plus l’apparition de personnages classiques de la Maison des Idées tout comme les rares (mais toujours bienvenues) références à la continuité actuelle comme plus ancienne. De nouvelles créations pointent également le bout de leur nez, comme le génial avocat de Boomerang dont je suis fan après un épisode seulement.

Supérieurement beau

La partie graphique mérite également le coup d’œil puisque Steve Lieber signe un dessin dynamique qui sied à merveille au récit, dans un style qui m’a fait penser à du Sean Philips en plus enjoué et lumineux, la colorisation de Rachelle Rosenberg n’étant pas étrangère à cette réussite. L’artiste a réellement le sens de la mise en page requis pour une telle série, dans la veine (mais quand même en-deçà) de David Aja sur Hawkeye (encore lui)… dont Steve Lieber a justement dessiné le numéro 7 !

Avis supérieur : Une caractérisation des personnages au top, des dialogues aux petits oignons, des situations loufoques, une trame de fond qui se dessine assez intelligemment, un dessin original et inspiré… voilà ce que vous pourrez trouver au menu de cette série que personne n’attendait (moi le premier) et qui est mon coup de cœur absolu de l’année chez Marvel ! L’équipe improbable de losers fonctionne à merveille et obtient un fort capital sympathie, un peu à l’image des Rogues/Lascars de chez DC est assez tentante (et pas seulement parce qu’il y a un fou du boomerang dans les deux équipes). Fans de Spider-Man supérieur ou classique tentez, fans des séries Hawkeye et FF tentez, et les autres ben… tentez aussi, où les Sinister Five Six feront un casse chez vous pour vous piquer votre tirelire !

Superior Post-Scriptum : Pour les allergiques du Superior Spider-Man qu’ils se rassurent, à part dans une case ou deux de flashback on ne le voit pas !