Scénario/Dessin : Hajime Isayama
Éditeur VF : Pika Editions
Sollicitation : Le monde appartient désormais aux Titans, des êtres gigantesques qui ont presque décimé l’Humanité. Voilà une centaine d’années, les derniers rescapés ont bâti une place forte, une cité cernée d’une haute muraille au sein de laquelle vivent aujourd’hui leurs descendants. Parqués, ignorants tout du monde extérieur, ils s’estiment au moins à l’abri de ces effroyables êtres qui ne feraient d’eux qu’une bouchée. Hélas, cette illusion de sécurité vole en éclats le jour où surgit un Titan démesuré, encore bien plus colossal que tous les autres. S’engage alors un combat désespéré pour la survie du genre humain…
Avis : vous nous avez entendu en parler à de nombreuses reprises ces dernières semaines dans plusieurs podcasts parmi les œuvres qui nous avaient marquées récemment et bien c’est cette semaine que sont enfin sortis en VF les deux premiers volumes de l’attaque des titans.
– Manga :
La première fois que j’ai entendu parler de cette série, je dois dire que je n’ai pas vraiment été attiré par le titre. Des humains qui combattent des géants..ouais, cela me semble un peu mince pour nourrir toute une série et le pitch n’est pas révolutionnaire non plus. On ne me l’a fait pas à moi le vieux lecteur de comics (bien que j’ai commencé à lire des mangas avant), des géants moi monsieur j’en ai dans mes BD de manière régulière et ils ne sont pas franchement effrayants, pas de quoi consister une vraie menace crédible…
Que n’avais-je pensé, quel fou je fus ! car s’il y a bien une menace qui fout une trouille terrible ce sont bien les géants exploités par Isayama qui sous sa plume deviennent de vrais monstres sadiques, sans conscience véritable, seulement animés par le désir de bouffer le plus d’humains possibles…uniquement pour le plaisir puisque l’on apprend vite que les Titans n’ont pas vraiment besoin de se nourrir et que dévorer des humains ne leur apporte rien.
Une humanité vaincue et enfermée
Ce qui renforce ce sentiment de peur et de désespoir est qu’au début de la série, les humains ont déjà perdu. Ils ont presque tous été exterminés et les rares survivants (moins d’un million) vivent reclus derrière plusieurs murailles hautes de 50 mètres. Et après un siècle à vivre à l’abri la majorité des habitants ne nourrissent aucun espoir de reconquérir le monde et de sortir de leur territoire. La plupart sont heureux de vivre en paix même si c’est au prix de l’enfermèrent. De fait lorsque la première muraille tombe, le désespoir est encore plus prégnant car on se rend vite compte :
– qu’il n’y nulle part où fuir ou se mettre à l’abri, puisque même s’ils se retirent vers les murs intérieurs, rien ne dit que les Titans ne viendront pas les démolir également. Il y a donc le sentiment d’être complètement acculés et, l’expression est vraiment appropriée, le dos au mur !
– que les Titans sont invulnérables et que fuir ou combattre le résultat est le même : les humains finissent dévorer. Le sentiment d’impuissance est d’autant plus renforcé face au caractère inutile de tout sacrifice. Ainsi même si nombre de soldats combattent les titans et sont prêts à se sacrifier au combat, cela s’avère complètement inutile. Tout cela est encore renforcé par l’absence d’une quelconque raison ou motif à cette situation, pourquoi les Titans ne tuent-ils que les humains ? d’où viennent-ils ? que veulent-ils vraiment ?
L’auteur joue parfaitement avec ces sentiments à la fois d’impuissance, d’inexorabilité de l’extinction de l’humanité et de la peur qui en résultent. Tous ces sentiments sont mis en parallèle avec le désir de liberté du personnage principal, Eren, qui d’une part cherche à tout prix à sortir de la fausse sécurité apportée par les murs pour aller explorer le monde extérieur et d’autre part sa volonté farouche d’exterminer les titans. L’auteur met bien exergue ces deux points dans les deux premiers tomes qui viennent de sortir, entre le désir de paix et de sécurité des humains et la volonté de s’échapper d’Eren.
Des thématiques fortes et des personnages intéressants servis par un dessin…particulier !
Si je devais citer deux défauts ce serait ceux là :
– le grand nombre de personnages. Si au départ l’auteur limite son exposé aux deux, trois personnages centraux : Eren, Mikasa et Armin, il met en avant très vite beaucoup d’autres personnages, source de grande confusion, d’autant plus que l’auteur souligne le fait qu’ils se connaissent tous, alors que nous lecteur on se dit juste “non mais t’es qui toi ?” . Le fait qu’il y est pas mal de personnages est normal, puisque les 3 personnages centraux intègrent l’armée, et on comprendrait mal qu’ils soient tout seuls …sauf qu’il n’y a pas vraiment de présentation bien établie et on en ressort un peu perdu. Cela est rattrapé par le fait que l’auteur se sert toujours d’Eren, Mikasa (la révélation du titre, tant elle rayonne sur tout le récit) et Armin, donc on n’est jamais complètement perdu, mais…
– ce sentiment d’être largué est malheureusement renforcé par le dessin, car d’une part on a parfois du mal à distinguer des personnages entre eux, surtout s’ils ont la même couleur de cheveux, car l’auteur n’a pas un style très poussé dans la description des personnages et son trait est souvent limité. Là aussi les 3 personnages centraux sont les plus facilement reconnaissables. D’autre part, on souffre parfois lors des scènes d’action dont le déroulement et découpage ne sont parfois pas clairs du tout, avec un encrage trop poussé, si bien que lors de certains combats au corps à corps, ben on ne distingue pas grand chose à part deux grosses masses…Pas génial.
Mais cette limite graphique reste tout de même acceptable et le récit est tellement prenant que l’on y fait plus très attention. Ici c’est bien l’histoire, puissante et maîtrisée, avec des personnages bien définis, une humanité bien cernée, avec ses qualités et ses nombreux, très nombreux défauts (avidité, lâcheté, peur, haine irrationnelle) qui donne une force rare au récit. Et paradoxalement, ce sont les limites graphiques de l’auteur qui rendent la lecture si spéciale. En effet le récit de l’auteur, son ambiance à la fois sombre et torturée correspond bien au style graphique qui ne s’épanouit vraiment que dans les déformations et la représentation de scènes particulièrement rudes pour le palpitant. Par moment, ce n’est plus un manga que l’on lit mais une certaine représentation de l’enfer et de la folie qu’il engendre…
Voici le genre de récits que l’on ne peut tout simplement plus lâcher une fois commencé….
– Anime
Vous nous avez entendu en parler à de nombreuses reprises, l’adaptation animée de l’attaque des titans a débarqué il y a quelques mois sur les écrans nippons, et quelques plate formes de streaming légales françaises et a tout bousculé sur son passage. Cela faisait un moment en effet que nous n’avions pas vu une série d’un tel niveau sachant allié un scénario parfaitement ciselé et une animation au top.
En fait l’ironie est que l’animé est pour le moment assez supérieur au manga grâce notamment à une qualité graphique bien supérieure. Comme je l’ai dit, le style graphique de l’auteur est assez limité, c’est un défaut qui a été largement corrigé dans l’anime, avec un design tant des personnages, des géants ou des décors bien plus poussés et réussis.
Pour le moment l’animé suit de manière assez fidèle le manga tout en prenant quelques libertés. Ainsi certains segments ont été ajoutés notamment pour présenter de manière plus détaillée les personnages secondaires, si bien que ce sentiment d’être perdu dans le cast que j’évoquais plus haut n’existe pas. Les réalisateurs n’ont en eux mêmes rien inventés, ils ont simplement avancés certains chapitres pour les caler au début de l’histoire pour rendre le récit plus abordable.
En somme un coup de pied au cul comme nous n’en avions pas eu depuis longtemps, à l’image du générique qui est une réussite complète et fait saliver d’envie.
En principe la série devrait sortir l’ année prochaine en DVD, mais les prix annoncés (presque 100€ pour les 25 épisodes) sont encore assez délirants, il va donc falloir attendre que les prix baissent …
Je n’ai pas encore pris le manga mais si l’anime reste fidèle à l’œuvre originale il n’y a pas grand intérêt à le faire.
Et si t’es en manque de bons animes et que tu n’es pas hermétique à l’univers de Leiji Matsumoto (on ne sait jamais) il y a Uchuu senkan Yamato 2199 qui est vraiment de très haut niveau.
http://www.animeserv.net/index.php/topic/15691-uchuu-senkan-yamato-2199-tv/#entry164063
Hermétique à Matsumoto, étant donné que c’est un maître dans son domaine, ce serait difficile, rare sont les auteurs qui comme lui ont su faire de la SF intelligente qui tout en embrassant le space opera n’a pas oublié le côté philosophique et humain qui a porté le genre pendant des années.
Quant au fait de prendre ou pas le manga, il ne faut pas oublier que même si l’anime est fidèle il n’est pas dit qu’il couvrira tout le manga. Après tout après 9 épisodes, nous sommes juste arrivés à la conclusion du tome 2 et ce alors que le manga en est …au tome 11 au Japon !
et puis même si l’anime est supérieur en certains points au manga, le matériel source reste aussi très bon.
Je ne suis pas un complétiste dans l’âme. Quand l’anime commencera à diverger par rapport au support original je me mettrai au manga :p
Franchement, je suis loin d’être sûr que l’anime soit reconduit.
Les animes sont souvent utilisés comme produit d’appel avec une saison unique produite avec des moyens.
Ce qui rapporte de l’argent, c’est les mangas.
Il se peut aussi qu’une autre saison soit produite mais pas directement pour les saisons qui suivent.
Pour ce qui est du style graphique, il me fait un peu l’effet de celui de Hideshi Hino (panaorama de l’enfer) voire junji ito (Spirale). Donc j’ai ressenti la même chose que toi.