Unspoken VF : Batman Knightfall Tome 2 – Le défi

Crédits :

Scénario : Chuck Dixon, Doug Moench, Alan Grant, Dennis O’Neil

Dessin : Jim Aparo, Graham Nolan, Bret Blevins, Klaus Janson, Mike Manley, Sal Velluto

Éditeur VF : Urban Comics 

Sollicitation : Bane vient de briser Batman. Gotham est à sa merci. Son Chevalier Noir est déchu. Mais si Bruce Wayne est hors d’état de combattre, un autre justicier va reprendre l’uniforme et se dresser face aux hordes de Bane.

Épisodes : Batman #498-500, Detective Comics #664-666, Showcase ’93 #7-8, Batman:Shadow of the Bat #16-18 et Justice League Task Force #5-6

Avis : suite de la publication d’une des sagas les plus célèbres, et aussi une des plus longues, de l’histoire de Batman. La fin du précédent volume nous avait laissé sur l’image choc d’un Batman brisé tant physiquement que mentalement par Bane, dont la victoire apparaît ici presque totale. Ce second volume nous présente donc la suite en nous relatant la prise de fonction de Jean-Paul Valley en tant que nouveau Batman et le terme nouveau s’applique à plus d’un terme.

Scénario : en lisant ce tome on se rend compte plus que jamais que le début des années 90 pour DC a correspondu à une ère où l’éditeur a fait tout son possible pour faire disparaître les éléments du Silver Age de son univers. Fini les histoires moralisatrices, les personnages iconoclastes venus d’autres dimensions plein de couleurs et de fantaisie. Bonjour la noirceur et la violence aveugle, les anti-héros qui ne se soucient plus de la frontière entre le bien et le mal tant que le boulot est fait.

Ce passage est particulièrement clair dans ce tome où Jean Paul Valley est désigné par un Bruce Wayne désormais paralysé pour lui succéder. Là où Wayne faisait toujours preuve d’une certaine mesure, se distinguait par son intelligence et son talent, le nouveau Batman va se distinguer par sa fureur, sa noirceur et sa violence. A sa décharge le personnage a fort à faire quand il reprend le flambeau puisque Bane a rendu sa victoire sur Batman on ne peut plus publique en balançant le corps brisé du héros au milieu de la ville, signe qu’il en prenait le contrôle, qu’il en était désormais le seul maître. Très vite il va passer à l’attaque contre les différents gangs de Gotham pour en assurer le contrôle total.

La disparition de Batman ouvre une brèche et toute la ville semble basculer dans la violence, comme si le héros était la dernière barrière qui existait entre Gotham et le chaos. C’est dans ce contexte que Valley reprend le flambeau assisté d’un Robin qui tente de réfréner ses ardeurs. Comme je l’ai dit, outre le nom du héros, ce sont ses méthodes qui changent, fini le détective, Valley s’en prend sans distinction à la pègre peu importe les conséquences et peu importe s’il y a des pertes en route.

Bien entendu tout le tome est bâti dans l’attente de la confrontation de ce nouveau Batman complètement « libéré » et Bane. Pour prouver qu’il en est capable, il aura bien entendu droit à l’épreuve du feu au cours d’un affrontement contre un Scarecrow plus fou que jamais dans le très bon arc God of Fear. Une fois cet obstacle passé Valley s’en prendra directement à Bane au cours de deux rencontres plus violentes et sanglantes l’une que l’autre, le tout culminant dans l’épisode 500 de Batman.

Outre l’aspect philosophique, c’est aussi l’aspect physique de Batman qui change puisque Valley va peu à peu créer un nouveau costume plus sauvage, plus techno. On le voit se dépouiller de la version ancienne, telle que conçue visuellement pas Neal Adams à la fin des années 70, au profit d’un costume qui n’aurait pas pu être conçu à une autre époque que le début des années 90 ( ce qui n’est pas vraiment un compliment).

Enfin la disparition du ton et des idées du Silver Age apparaît aussi avec le retrait de certains personnages classiques de l’entourage de Batman, comme le chien Ace qui disparaît dans un recoin de la Batcave comme s’il sentait qu’il n’était plus le bienvenue, ou l’inventeur/mécanicien Harold (qu’on ne reverra plus ensuite jusqu’à l’arc Hush de Jeph Loeb).

Bien entendu, et comme je l’ai dit plus haut, le moment fort du tome est la confrontation finale entre le nouveau Batman et Bane, l’enjeu de cette rencontre finale est bien sûr double : d’une part Valley est-il assez fort pour vaincre son adversaire ou va-t-il finir comme Bruce Wayne, et s’il gagne cela ne valide-t-il  pas son opinion selon laquelle il faut un Batman plus dur et plus noir, et d’autre part va-t-il franchir la ligne rouge que Batman s’est toujours refusé de franchir, à savoir tuer ? La tension est en tout cas maximale lorsque nous lisons cet épisode , signe de la maîtrise des auteurs de leur sujet malgré un nombre de titres et d’auteurs impliqués tout simplement ahurissant. En outre le fait que cet épisode soit le dernier dessiné par Jim Aparo, sans doute l’un des artistes qui a le plus longtemps dessiné le personnage,  dont le trait est resté très old school donne encore plus à ce numéro 500 la résonance d’une fin d’ère.

Nous avons donc là un second tome assez riche en terme de contenu. On peut évidemment se rendre compte que narrativement le style a vieilli. Je parle bien sûr des monologues interminables sur le fait que le nouveau Batman se fond avec les ténèbres et tout le toutim. Le fait que cela s’étale parfois sur des pages entières alourdit de façon assez inutile le récit avec des scénaristes qui essayent de faire du Alan Moore ou du Frank Miller sans en avoir le talent … Cependant si cela peut s’avérer répétitif, le fait est que lorsque cela est réussi, comme avec Scarecrow en début de tome, cela permet de donner un peu plus de profondeur à des personnages …

Enfin outre la fin de Knightfall, ce second tome contient les premiers épisodes de Knightquest (oui parce que c’est pas fini…) qui voit Bruce Wayne se rendre sur l’île de Santa Prisca (d’où est originaire Bane) pour tenter de retrouver le père de Robin et son médecin qui ont été enlevé. Comme vous pouvez vous en rendre compte les auteurs n’ont pas oublié Wayne et si cette histoire n’est pour le moment pas des plus passionnantes, elle révélera son importance par la suite.

Dans l’ensemble ce tome est donc assez bon, notamment la confrontation finale Batman/Bane qui est le point d’orgue de la chose, même si nous retrouvons les faiblesses du premier tome, à savoir des répétitions assez lourdes, comme le fait que Valley ne veuille pas de Robin dans ses pattes, que celui-ci pense qu’il dérape de plus en plus, ou encore qu’il veuille abattre Bane encore et encore…

Dessin : là aussi la partie graphique a pris un petit coup de vieux mais moins que ce que l’on pourrait penser. Si certains épisodes ont incontestablement vieilli, certains dessinateurs m’ont agréablement surpris, comme Graham Nolan qui signe des épisodes tout simplement superbes, à la narration limpide presque cinématographique parfois. Ce qui nous change d’autres qui dans ce tome ont clairement du mal à suivre, ou sont contraints par les codes de leur époque, notamment en ce qui concerne la violence, ainsi certains passages sont assez peu compréhensibles, comme lorsque l’on voit Double Face tirer sur un gangster, j’ai du relire le passage  car visuellement j’avait du mal à voir clairement l’action.

Edition VF : encore un très bon travail de la part d’Urban que ce soit dans l’intro qui nous repose dans le contexte où se situe cette histoire, s’attarde sur certains personnages comme Anarky pour nous indiquer qui ils sont. Dans le cas d’Anarky, je dois dire que j’avais complètement zappé qui c’était…Encore une fois nous avons en ouverture de chaque épisode la couverture originale. Enfin, et peut être le plus important, la traduction d’Alex Nikolavitch est de très bonne qualité. Comme je l’ai déjà dit une mauvaise traduction peut vous gâcher les plus grands chefs d’oeuvres, si Knightfall n’est pas non plus la perle de la décennie il est agréable de simplement pouvoir entrer dans l’histoire sans avoir à se questionner sur chaque phrase car elle n’a aucun sens … Je constate d’ailleurs qu’en général, les traducteurs chez Urban font un très bon travail, il faut espérer qu’ils continuent comme ça.

Note : 7,5/10 – Je l’ai dit, ce n’est pas un chef d’oeuvre, mais on prend beaucoup de plaisir à la lecture, on est très vite entraîner dans le fil du récit et on dévore les 350 pages à grande vitesse. Je vous conseille donc de vous jeter dessus si ce n’est pas déjà fait !

 

 

 

 

 

 

 

 

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