A l’heure où sort l’ultime numéro d’AvX, voici la troisième et dernière partie de ce retour sur les différents affrontements entre les Avengers et les X-Men à travers les âges.
La débâcle éditoriale (1987)
Mini-série en quatre épisodes, écrite à l’origine par Roger Stern avec Marc Silvestri aux dessins, The X-Men vs The Avengers devait être un point culminant dans l’univers Marvel donnant la réponse tant attendue par tous à cette grande question existentielle qui est : « C’est qui qu’est le plus fort ? » Au grand désarroi des fans, Roger Stern ne l’entendait pas de cette oreille avait un autre plan en tête.
L’histoire commence avec une pluie de météorites tombant à plusieurs endroits sur Terre. Il s’avère que ce sont en fait des fragments de l’Astéroïde M, l’ancienne base de Magneto. Il convient de rappeler qu’à cette époque Xavier était coincé dans l’espace avec Lilandra et les Starjammers et Magneto l’avait remplacé à la tête de l’école. Ce dernier s’empresse donc de partir seul récupérer quelque chose d’important dans les ruines de son ancienne forteresse et se lancent à sa poursuite les deux équipes, chacune de leur côté et avec leurs motivations propres : les X-Men veulent savoir pourquoi il est parti seul et s’il ne cache pas quelque chose tandis que les Avengers veulent l’arrêter afin de le refaire passer en jugement pour crime contre l’humanité (le dernier procès avait été annulé dans Uncanny X-Men #200). A la fin du premier épisode, les deux camps se rencontraient et l’affrontement paraissait inévitable, les X-Men refusant que Magneto ne serve de bouc émissaire alors que le sentiment anti-mutant de la population était au plus haut et que le maître du magnétisme faisait son possible pour se racheter. Cependant, ils se trouvaient en URSS (c’était avant la chute du Mur et l’éclatement de l’Union Soviétique) et débarquaient donc les Soviet Super-Soldiers qui cherchaient à récupérer eux aussi Magneto afin de le faire exécuter pour les crimes commis envers leur peuple (Uncanny X-Men #150). Afin d’éviter qu’il ne devienne un martyre aux yeux de mutants qui se sentent de plus en plus rejetés et haïs et que cela provoque une guerre génétique, nos deux équipes de héros se verront dans l’obligation de faire cause commune .
Une fois de plus Magneto est le catalyseur de cette rencontre entre les deux franchises, un peu répétitif n’est-ce pas ? Afin de modifier un peu la donne Roger Stern avait un plan qui devait faire de cette mini un incontournable mais malheureusement… Le scénariste avait prévu au départ que lors de l’épisode final, le Magnus rangé du côté des X-Men décide au dernier moment de retourner sa veste et reprenne sa place de grand vilain au sein de l’univers Marvel. A la dernière minute, les éditeurs se dirent que cela aurait été trop compliqué à gérer à ce moment-là avec les plans qu’ils avaient prévus et demandèrent à Roger Stern de changer sa dernière partie. Celui-ci ne voulant pas modifier la fin de son histoire, il fut remplacé par Tom DeFalco et les dessins de cette dernière partie furent confiés de toute urgence à Keith Pollard car Marc Silvestri avait été engagé sur la série régulière Uncanny X-Men. Ce joli imbroglio éditorial donne à cette mini une fin bâclée et extrêmement simpliste : Magneto accepte de se rendre devant le tribunal pour faire face aux charges retenues contre lui mais manipule avec son casque (une fois de plus) le juge qui rend donc un verdict nul, considérant qu’il ne peut statuer sur cette affaire. Tout est bien qui finit bien en somme, mais surtout un gros gâchis d’une histoire qui avait un fort potentiel.
30 ans, ça se fête (1993)
1993 est une année importante pour les deux franchises « ennemies » chez Marvel car elles fêtent toutes deux leurs 30 ans d’existence. C’était la parfaite occasion pour qu’ils se rencontrent à nouveau en grande pompe avec ce petit crossover en 5 parties compris dans les pages de Avengers #368 et #369, X-Men #26, Avengers West Coast #101 et Uncanny X-Men #307. On retrouve au scénario Bob Harras, Scott Lobdell, Fabian Nicieza et Roy Thomas accompagnés aux dessins de Jan Duursema, Steve Epting, Andy Kubert, John Romita Jr et Dave Ross. Casting alléchant, aurait-on enfin une rencontre vraiment intéressante qui resterait dans les mémoires de tout fan pour ce 30ème anniversaire ? Pas vraiment.
Et pourtant, il y avait un bon potentiel de départ dans ce Bloodties mais beaucoup de choses vont venir la plomber et en premier lieu, le contexte « historique » : les X-Men sortaient tout juste d’un crossover ayant touché tous leurs titres les mois précédents, Fatal Attractions, qui célébrait aussi les 30 ans de la franchise mutante. Ce dernier avait eu un très gros impact puisque après avoir attaqué la terre entière, Magneto se retrouvait à l’état de légume, décérébré par un Xavier qui n’avait pas d’autre solution pour stopper sa folie meurtrière. Wolverine était en piteux état (son adamantium lui avait été retiré du corps) et Colossus était resté aux côté du maître du magnétisme dans sa station spatiale, lassé de tous ces affrontements et du rêve de Xavier dans lequel il ne se reconnaissait plus. Un tournant majeur à l’époque donc.
Du côté Avengers c’était un peu moins marquant mais les mois précédents avaient vu le retour de Captain America dans l’équipe ainsi que celui, très mouvementé, de Vision et ils venaient d’empêcher la Terre d’être détruite par les Kree dans un double numéro anniversaire. Dépasser tout cela en intensité pour la rencontre des deux équipes s’avérait donc difficile et il fallait une menace à la hauteur. Quoi de mieux donc que Magneto qui représentait l’emblème des affrontements entre eux ? Sauf que petit problème, comme je l’ai expliqué un peu plus haut, il est dans un état végétatif et le faire reprendre du service un mois après n’aurait pas de sens. On va donc utiliser ses familles. Oui oui, pluriel.
L’histoire de ce Bloodties repose donc sur Fabian Cortez, ancien Acolyte (les sbires de Magneto) qui lance une révolte mutante sur Genosha, île où les mutants sont traités en esclaves. Et pour se protéger des répercussions de Magneto, il enlève sa petite-fille Luna, fille de Quicksilver et Crystal. Les X-Men interviennent donc à la demande de Pietro pour sauver sa fille et empêcher les révoltes qui provoqueront un massacre dans le camp des humains tandis que les Avengers, de leur côté, font de même à la demande de Crystal. Pour compliquer les choses, les héros les plus puissants de la Terre travaillaient à ce moment là pour les Nations Unies et ils refusent l’intervention sur le sol de Genosha, envoyant même le SHIELD les empêcher d’intervenir. Enfin, la dernière pièce à ce tableau déjà bien chargé, Exodus, le nouveau numéro 2 des Acolytes vient se joindre à la pagaille afin de laver l’honneur de chef, châtier Cortez et faire montre pour la première fois de sa vraie puissance inconnue jusqu’alors.
Ça vous paraît compliqué ? C’est normal, ça l’est et c’est d’ailleurs un des points noirs de ce crossover : si l’on ne connaît pas bien la continuité de l’époque c’est assez indigeste et de plus, le « new reader friendly » qui est la norme aujourd’hui chez Marvel n’était pas encore vogue. Nouveaux lecteurs, vous voilà prévenus. Autre chose aussi, comme vous avez peut-être pu le remarquer sur l’image ci-dessus, la quantité de texte est assez impressionnante et c’est comme cela tout du long. A l’heure où décompression est le maître mot, nous avons là typiquement l’inverse. Le style d’écriture est lourd, très verbeux et un ou deux épisodes de plus n’auraient pas été de trop. Enfin, il n’est nul question d’affrontement dans ces pages, les X-Men et les Vengeurs s’associant pour récupérer Luna et vaincre Exodus.
Les deux franchises font jeu égal en terme de prestige dans cette histoire et si en terme de background, on est plus du côté des X-Men avec Cortez, Exodus et Genosha, les répercussions seront plus importantes pour les Avengers. A la suite de cet évènement Quicksilver repartira avec sa femme et sa fille quittant X-Factor, les Vengeurs de la Côte Ouest seront dissous pour renaître en tant que Force Works et surtout, l’équipe de Captain America cessera toute activité avec les Nations Unies. Pour les hardcore fans ou les curieux, sachez que Panini a republié ce crossover le mois dernier sous le titre Liens du Sang dans la collection Best Of au prix de 23,40 euros avec en plus de Bloodties le one-shot Black Knight : Exodus.
Les autres rencontres
Depuis Bloodties, les X-Men et les Avengers se sont croisés à diverses occasion comme les sagas Infinity de Starlin, Onslaught ou Maximum Security (oui, j’ai osé le citer) mais ils étaient toujours dans le même camp et il faudra attendre House of M en 2005 pour les voir se rencontrer à nouveau. J’ai volontairement décidé de ne pas en parler car cette saga est encore assez récente et est toujours dans les mémoires. Le dernier réel affrontement en date entre Vengeurs et mutants se passa lors du crossover Utopia dans lequel se tapaient dessus les X-Men et les Dark Avengers. Là aussi, histoire récente (2009) je l’ai mise de côté, à plus forte raison que ce ne sont pas les vrais Avengers mais la bande d’imposteurs menés par Norman Osborn.
Au final, on ne peut malheureusement pas dire qu’il en soit sorti grand chose de toutes ces rencontres et seul l’avenir nous dira si AvX les surpasse toutes en terme d’intensité et de répercussions sur l’univers Marvel en général. Cependant, il vous faudra vous en contenter car avec tout ce qui nous a été annoncé pour la suite dans Marvel NOW!, je doute fort que l’on voie les deux factions s’affronter de si tôt.
Serait il possible d’avoir un lien sur les deux précédentes parties que vous avez faites ? Merci 😀
Partie 1 : http://www.comixity.fr/2012/07/avengers-vs-x-men-conflit-a-repetition-1ere-partie/
Partie 2 : http://www.comixity.fr/2012/07/avengers-vs-x-men-conflit-a-repetition-2eme-partie/
😉
Super boulot ce dossier du « boss » 😉
Je n’ai pas lu un seul de ces titres et je n’aurais pas besoin de les lire car ma culture comics s’est enrichie grâce à toi et sans que je n’ai à subir leur piètre qualité.