Crédits :
Scénario : Chuck Dixon & Doug Moench
Dessin : Jim Aparo, Graham Nolan, Norm Breyfogle, Jim Balent
Éditeur VF : Urban Comics
Avis : près de 20 après sa sortie aux USA, Urban Comics profite de la sortie de Dark Knight Rises pour publier pour la première fois en France la saga qui a rendu célèbre le personnage de Bane : Knightfall. On ne peut évidemment que saluer l’initiative de l’éditeur français de s’attaquer à un tel pavé et de ravir les fans par la même occasion.
Scénario : lorsque débute la saga, Bruce Wayne et déjà au plus mal. Physiquement et mentalement au bout du rouleau , il en est même arrivé au point de demander à une spécialiste médicale de le remettre sur pieds (non pas comme ça bande d’obsédés !). Dans le même temps Bane débarque à Gotham bien décidé à briser la chauve-souris dans tous les sens du terme.
Mais avant de s’attaquer directement à Batman, Bane ne va pas prendre de risques et lancer une série d’actions pour finir d’user notre héros. Plutôt que de se fatiguer, il décide de laisser faire les autres notamment en attaquant l’asile d’Arkham pour libérer tous ses prisonniers. Une fois son plan mené à bien, il s’attaquera finalement directement à Batman.
La saga Knightfall prend place au début des années 90 et autant le dire cela se sent. A cette époque Image Comics débarque avec ses héros ultra-violents, ses ninjas à la pelle et ses cyborgs aux bras multiples. A côté de cette nouvelle vague de personnages, et surtout ce nouveau graphisme, DC Comics et ses héros alors âgés de plus de 50 ans font un peu ringards. Leur moralité est dépassée alors que ce que ce veulent les jeunes lecteurs à ce moment ce sont des personnages amoraux, qui n’hésitent pas à tuer.
Pour ne pas être emporté par la vague, DC se lance alors dans une espèce d’entreprise de déconstruction, voire de destruction, de ses personnages les plus connus. Superman n’est plus à la page ? tuons le !!! Tiens d’ailleurs tuons le maximum de personnages, car manifestement ça vend. Il faut bien dire qu’à un moment les années 90 apparaîtront comme une grande hécatombe pour les personnages dits classiques.
Batman échappe un peu au phénomène grâce à un petit truc appelé “Dark Knight Returns” sorti en 86 qui a complètement fait redecoller la franchise. Car oui même Batman a eu ses moments de faiblesse, l’année 85 constituant même un point bas avec le record du plus faible nombre de comics Batman vendus avec moins de 100 000 exemplaires en circulation !.
Le comic-book de Frank Miller aura donc permis de propulser Batman dans le futur. Les années suivantes verront les sorties de Killing Joke, Death in the Family et aussi Batman Year one, qui donnent une représentation de l’univers de Batman bien plus sombre qu’auparavant.
En 1992, la mort de Superman est un tel succès que les éditeurs des titres Batman, Denny O’Neil en tête, décident de secouer le cocotier avec une saga qui sera le reflet de cette époque (et qui vendra tout plein de comics au passage). C’est ainsi que naît KnightFall. Mais si on peut ramener Superman d’entre les morts, dans l’univers plus réaliste qu’est celui de DC après Crisis of Infinite Earths, ramener un simple humain comme Batman est plus compliqué et puis le tuer n’est pas le but.
L’idée est alors de remplacer Bruce Wayne par un personnage plus violent pour montrer qu’au contraire les méthodes de Batman ne sont pas dépassées et que le personnage est toujours en phase avec son époque. Il faut donc autre chose pour mettre Wayne sur la touche.
C’est vers ce moment bien précis que ce 1er tome converge, car oui si vous l’achetez vous aurez droit dans les dernières pages à la fameuse scène, je ne pense pas spoiler c’est en couverture, qui voit Bane briser le dos de Batman. Mais avant ça il faudra tout de même se goinfrer plus de 300 pages !
C’est sans doute le principal défaut de ce crossover. Si Knightfall reste un indispensable, notamment parce qu’elle aura des conséquences durables mais aussi parce qu’elle ouvre la porte à toute une série de crossovers qui se succéderont dans les tites Batman jusqu’à la fin des années 90 (en gros Fall, KnightQuest, Prodigal, puis Contagion, Cataclysm, et enfin le tout culmine entre 98 et 99 dans No Man’s Land), elle reste une saga assez longue et surtout assez répétitive.
En gros pendant 300 pages on voit Batman s’exténuer à courir après les évadés de Gotham. Dans chaque épisode il nous répéte combien il est fatigué, pendant que Bane l’observe de loin, en disant “non ce n’est pas encore le moment”. Les scénaristes tentent bien ici et là d’atténuer cet effet du “méchant de la semaine”, en gros Batman affronte un méchant différent dans chaque épisode, en montrant aussi l’usure mentale du perso, et son délabrement physique progressif. Mais il faut bien dire que voir Batman nous répéter pour la quinzième fois qu’il est épuisé est assez vite lassant.
Heureusement le bouquin reste dans l’ensemble assez bien rythmé, il faut dire que Chuck Dixon a toujours su y faire côté récit rempli d’action. Globalement je n’ai pas ressenti un vieillissement particulièrement poussé du style narratif. Mais en même temps je ne suis pas non plus un grand fan de la méthode décompressée dite moderne (on se demande bien ce qu’elle a de moderne étant donné que la décompression a plus tendance à rendre les comics chiants qu’autre chose…). Il n’y a pas de dialogue sans fin ou de descriptions importantes qui alourdissent la lecture.
Dessin : côté dessin par contre on sent le passage des ans ! Si les couvertures signées Kelley Jones (spécialiste des oreilles géantes sur Batman) n’ont pas trop vieillies, on sent par contre que le style de dessinateur comme Jim Aparo appartient à une autre époque et qui s’inspire du travail de Neal Adams, qui il est vrai a révolutionné le graphisme de Batman à la fin des années 60, début des années 70. Mais voir sa représentation de Batman toujours reprise 20 ans plus tard, on peut se dire qu’il y a un problème. De même pour certains vilains comme le Joker dont on sent le graphisme encore empreint du style des années 70.
Edition VF : l’édition d’Urban est de qualité. Avec une intro qui revient sur la genèse de KnightFall, une fiche qui présente les personnages principaux et l’ensemble des couvertures originales et dans l’ordre s’il vous plait ! La traductions est aussi très bonne, je n’ai pas eu l’impression en tout cas d’horreur particulière. Enfin le choix du dos carré rigide est un bon choix et l’objet fait assez classe dans la bibliothèque. Bien que j’aurai pu faire sans le macaron sur la couverture “la saga qui a inspiré le film”… Nous avons donc l’équivalent d’un Absolute de chez Panini pour le prix d’un Deluxe (28€).
Note : 7,5/10 – Bien que la saga commence à faire son âge, elle reste un incontournable.
A signalé que le tome 2 sortirait pour la fin de l ‘ année , je renvois a la page facebook d ‘ Urban , ont va prié pour que Knight fall fonctionne bien pour voir arrivé No man ‘ land , mais Urban prend un risque et j ‘ apprécie
Je me le suis fait en VO y’a un mois… J’avais commandé celui-ci avant de savoir que Urban le sortait en VF ! Enfin bon, on a, à peu de chose près, la même édition ! Juste que la VO est une couverture souple…
Je dois dire que la lecture m’a bien plus en fait. Et ça me laisse penser qu’il est vraiment possible de faire des choses incroyables avec Bane ! Mais il est vrai, c’était long !
Je suis sur KnightQuest là (tome 2 donc), et c’est long aussi… et plus répétitif je trouve, mais le Batman version Jean Paul Valley révèle quand même quelques surprises. Niveau narratif, je trouve aussi que ça n’a pas trop vieillit. Mais je suis d’accord pour les dessins !