Crédits :
Scénariste : Nick Spencer
Dessin : Ron Salas/ Joe Eisma
Couverture : Ron Salas
Éditeur : Image Comics
La série : Sylvester Baladine est un scientifique, un père de famille, un entrepreneur, et accessoirement une belle ordure. Il trompe sa femme, néglige sa fille, quand il ne tue pas ses animaux, truande son associé, et vend ses découvertes à des groupes terroristes. L’éthique n’est pour lui qu’un concept de bobo bien pensant qui empêche la science d’avancer. Sa vie va changer du tout au tout le jour où … il est tué, oui ça c’est du changement de vie ! Il meurt, du moins en apparence. Car Baladine est aussi un génie qui a crée une nouvelle technologie qui permet de transférer son esprit dans un autre corps. Avant de mourir il transfère son esprit dans le corps le plus proche, celui de son assassin ! Il décide de continuer la vie de son meurtrier et de faire croire à sa mort, jusqu’au jour où sa fille est enlevée…
Avis : Parue en 2009, la mini série Existence fait partie des quelques projets qui ont permis de révéler Nick Spencer auprès du grand public. Avant de lancer Morning Glories, il signa plusieurs mini séries comme Shuddertown, Forgetless, et Existence. Fort du succès de la première mini Existence 2.0, il lanca assez vite une suite avec Existence 3.0. Les deux mini séries de 3 épisodes chacune sont regroupées dans un seul TPB, au prix très abordable.
Comme vous le savez je suis légèrement accro à Morning Glories, auxquels j’ai consacré quelques Unspoken et je vais sans doute continuer, il était donc inévitable que je commence à regarder ce que Nick Spencer avait écrit auparavant. J’ai commencé avec Existence, et autant vous le dire je n’ai pas été déçu.
Scénario : l’histoire prend le risque de mettre en vedette une « héros » qui n’a rien d’héroïque, voire est du mauvais côté de la barrière. En fait on voit combien il est corrompu quand après avoir pris le corps de son meurtrier, il assume sans le moindre remord la profession et la vie de son assassin. Tuer ne le dérange pas du tout, comme les femmes, et l’argent, qui vont avec… Mais c’est là un des intérêts de ce comic book de mettre en avant un protagoniste que l’on adore détester et d’asister à son évolution. L’enlèvement de sa fille va en effet tout changer chez lui. Il montrera alors qu’il est prêt à tout pour sauver sa progéniture, alors qu’il ne lui prêtait guère d’attention de son vivant. En assumant une nouvelle vie on le voit se comporter avec plus de décence que dans sa précédente vis à vis de ses proches.
Au delà de Sylvester Baladine, et de sa situation très particulière, le scénariste met en place toute une galerie de personnages très intéressante. Entre la soeur de son assassin, qui est complètement cinglée, la femme de Baladine qui tient un rôle très ambigu dans la première mini, ou l’ennemi de la famille Baladine dans la seconde mini série. Le concept du changement d’identité, voire du transfert de conscience n’a rien de nouveau, surtout dans les comics mais aussi à la TV avec une série comme Dollhouse. Mais le fait que les personnages soient tout sauf des héros donne tout son sel à cette série.
Tout comme Dollhouse on retrouve certains thèmes comme la commercialisation des corps et la fragilité de l’identité. Mais Dollhouse développait beaucoup plus cette question de l’identité, notamment au travers du conflit entre l’inné et l’acquis. Des idées qui sont ici beaucoup moins présentes, au profit d’un récit plus musclé en terme d’action. Mais la perspective change dans les deux mini. La première montre l’évolution de baladine vers « le bon côté », tandis que la seconde s’attarde sur sa fille et le fait qu’elle mène une existence à la limite entre le bien et le mal.
De bons personnages, une histoire rondement menée, cette série n’a qu’un seul défaut …elle n’est pas finie !!!!! Au cours de la mini série Existence 3.0 Nick Spencer crée de nouveaux personnages autour desquels existent de nombreux mystères et lancent de nouvelles intrigues qui ne trouvent pas leur conclusion à la fin de la série. En somme il va falloir un Existence 4.0, voire 5.0 tant le concept est riche et l’histoire bien écrite, pour arriver au bout. Le problème est que pour le moment on ne voit rien venir, et étant donné que le dessinateur est occupé sur Morning Glories, on est pas prêt d’avoir des réponses…
Dessin : on connait Joe Eisma pour son travail sur Morning Glories, il partage ici le travail avec Ron Salas, ce qui se voit assez car les deux dessinateurs ont des styles légèrement différents. Eisma travaille essentiellement avec des lignes assez claires et un encrage assez léger. Tout le contraire de Ron Salas qui utilise à l’envie un encrage plus prononcé. En fait son travail me rappelle, par moment, celui de Michael Gaydos (Alias).
Couverture : les couvertures sont en général construites autour du titre et sont de bonnes qualité.
Note : 7,5/10 – Check It – si l’on excepte le problème de l’absence de fin et de réponses à certains mystères, Existence reste une très bonne série. C’est une raison supplémentaire pour une suite.
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