Crédits :
Scénario : Darwyn Cooke, adaptée d’une histoire de Richard Stark
Dessin : Darwyn Cooke
Couverture : Darwyn Cooke
Éditeur VF : Dargaud
La série : Parker est un gangster, il ne fait que un ou deux coups par an, puis vit sur ses réserves le reste de l’année. Il est très bon dans son domaine, ne s’est jamais fait arrêté et les forces de l’ordre ne soupçonnent même pas son existence. Sa routine va prendre fin le jour où sa femme le trahit et que son associé lui vole tout son argent. Laissé pour mort, il se remet sur pied bien décidé à se venger. Il se rend à New York et rentre très vite en conflit avec la mafia locale…
Avis : pour tout vous dire je n’avais absolument pas l’intention d’acheter cette série à l’origine. En fait je me rendais chez mon libraire habituel avec une liste bien précise en tête et Parker n’en faisait pas partie, je ne savais même pas que la série sortait en français. J’en avais vaguement entendu parler, notamment en raison des récompenses que son auteur Darwyn Cooke avait remporté pour son travail sur ce titre. Mais voilà un fois arrivé dans ma boutique préférée j’ausculte le comptoir où sont placées les nouveautés, je tourne autour, je trouve les titres que je cherche et puis voilà que je vois à coté d’un des volumes que je voulais acheter celui de la série Parker. Je suis intrigué, après tout ce type de série est assez rare en France. Je l’ouvre, je le feuillette , et je suis vite séduit par ce que je vois. Oui mais problème je ne roule pas sur l’or, donc il faut choisir c’est soit Crossed, soit Parker … je ressors de la boutique avec Parker et je ne le regrette pas.
Scénario : l’histoire se situe dans les années 60, la mafia est omniprésente, à telle point qu’elle fait partie de la société. L’organisation comme elle se fait appeler, emploie plus des employés désormais que des truands. Les entreprises légales rapportent plus d’argent que les trafics… en somme la mafia a perdu ses crocs. C’est ce monde que Parker va faire exploser, et tout ça à cause d’une femme bien entendu. C’est d’ailleurs un détail amusant de constater que dans les deux tomes que compte cette série en VF, les ennuis viennent à Parker à chaque fois à cause d’une femme… Mais cette astuce scénaristique à peine voilée contribue à cette ambiance sombre des années 60, ou le machisme règne sans partage. En effet à la lecture de cette série on se retrouve plongé dans l’ambiance propre aux grands films hollywoodiens de gangsters de l’âge d’or. D’après ce que j’ai compris le personnage de Parker était à l’origine un héros de roman, écrit par Richard Sark, qui aurait notamment inspiré le film Payback. Et effectivement il y a des similarités, notamment tout le passage où Parker est prêt à rentrer en guerre avec la mafia pour une somme presque dérisoire (45 000$ tout de même).
Parker est un peu un homme à l’ancienne, comme le récit, froid, calculateur, viril, intelligent et surtout capable de tuer sans le moindre remord. Donc messieurs, mesdames si vous cherchez des représentations de métrosexuels, ou de types qui « partagent leurs sentiments », c’est pas la peine il n’y en a pas. Pour faire simple, Parker est un stéréotype de l’homme comme on le percevait dans les années 50 & 60, et pour compléter le tout il est bien sur quasi invincible. On retrouve ce côté stéréotypé à différents échelons dans la série, notamment les femmes qui répondent à certains canons anciens : la femme fatale, la prostituée, ou celle rongée par l’appât du gain. Cette dernière étant en général assez âgée et plutôt ronde. En somme aucune représentation qui soit soit vraiment flatteuse pour la gente féminine.
Ensuite si l’on s’attarde sur la structure scénaristique des deux volumes, on peut constater qu’elle est étrangemment identique.
Dans le premier chapitre, on nous explique la situation présente et les ennuis que rencontre Parker. Le second chapitre est un flashback qui nous montre comment le héros en est arrivé là. Le troisième est centré sur son ennemi, on voit son passé, et on décrypte sa personnalité. Ce chapitre se termine à chaque fois sur l’arrivée de Parker et le début de leur confrontation. Le quatrième revient sur Parker et l’auteur nous décrit toutes les manoeuvres que son héros a déployé pour retrouver son adversaire. Ce chapitre se conclut par la même scéne que la dernière page du chapitre 3. Enfin le dernier chapitre où l’on assiste à la confrontation que l’on a attendu durant tout le volume, et pour laquelle Cooke a fait intelligemment monté le suspense. Pour être honnête comme en général Parker est décrit comme ne prenant pas de gants, la confrontation est assez courte et émaillée de pas mal de coups de poings et de coups de feu.
Bien évidemment la personnalité du héros et toute cette ambiance noire constituent les principaux atouts de cette superbe série. Le tout est basé sur un scénario parfaitement ciselé. Le premier tome est une histoire de vengeance dans laquelle Parker a tout perdu, sa femme l’a trahit et est partie avec son associé tout en le dépouillant de son argent. Tandis que le tome suivant relate l’affrontement de Parker contre l’organisation qui veut sa peau à n’importe quel prix.
Mais les similarités s’arrêtent là, comme je l’ai indiqué le récit est profondément ancré dans les années 60, que ce soit dans le décorum, dans la représentation des truands ou de la société en général. Ce dernier point est d’ailleurs le plus fascinant, voir comment le crime organisé s’est intégré dans la société, s’est normalisé, il fait partie du décor. C’est une organisation bien mollassonne que Parker va défier, et rien ne va resister sur son passage. Mais Parker n’est pas une brute sans cervelle, il conçoit des plans parfaitement ficelés, mais il sait aussi tuer quand c’est nécessaire. D’ailleurs le patron de l’organisation l’admet lui même lorsqu’il prononce cette phrase « dire qu’avant c’était nous les Parker ».
Dans l’ensemble le travail de Darwyn Cooke sur le scénario est excellent. On est rapidement accroché, ben oui personne ne résiste à une bonne histoire de vengeance, ou à un bon polar n’est ce pas ?
Dessin : mais il faut dire que Cooke n’a pas lésiné sur la partie graphique pour créer l’ambiance dont je parle. Seul à la barre, son style cartonny est juste parfait pour une série située dans les années 60. Pourtant grâce à une colorisation bien particulière, ce n’est pas du noir et blanc c’est autre chose que j’aurai du mal à définir, et à un encrage tout en nuance et profondeur, il donne à son récit toute la noirceur nécessaire. Mais il sait aussi dessiner des femmes absolument sublimes, à couper le souffle. En fait il n’y rien à redire sur la partie graphique qui est juste parfaite.
Couverture : vous avez vu la couverture du volume 1, je crois que ça se passe d’explication. C’est juste la classe.
Edition française : mon sentiment est ici plus mitigé. Dans l’ensemble le travail est de bonne qualité, la traduction aussi. Mon problème est simple, environ 20 min après avoir débuté la lecture du volume 1 je me suis rendu compte que les pages s’étaient décollé de la reliure. Si l’on peut s’attendre à ce genre de mésaventures avec une édition à bas coût (oui TPB de chez Top Cow c’est à vous que je pense), il est beaucoup plus difficile de l’accepter de la part d’un éditeur renommé comme Dargaud et surtout à un prix pareil : plus de 18€. On m’a très justement répondu que c’était sans doute un problème qui provenait de l’imprimeur. Sauf qu’il y a là un choix d’édtion qui expose à ce genre de problème. En effet la reliure est d’un type souple, et comme les possesseurs de TPB le savent, ce genre de reliure ne supporte pas un nombre de pages trop importants. Si Parker ne contient « que » 150 pages, le choix du papier est l’origine du problème. Il s’agit en effet d’un papier de bonne qualité mais très épais, j’en ai même été surpris. Du coup il suffit de tourner les pages avec le bouquin à plat pour le fragiliser. Donc un conseil faites gaffe.
Note : 9/10 – MUST BUY – si ce n’est ce petit problème d’édition, la série est tout simplement excellente. Ce n’est pas encore du niveau d’un Melville, mais c’est vraiment très bon. Si vous aimez les films de gangsters des années 60, ce titre est pour vous.
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