Je me rappelle à l’époque ou je fouillais dans les bacs dans ma librairie estivale en Espagne à la recherche de comics qui n’était pas parus en français. J’esquissais un sourire moqueur en voyant le premier numéro. Je m’imaginais déjà captain Spain ou d’autres trucs dans le genre kitchissime. Mais en le feuilletant, je changeais vite d’avis, ça avait l’air pas mal du tout. J’ai mis pas mal de temps à le lire, mais finalement je n’ai jamais été déçu. Même si certains personnages ressemblait à ceux de Marvel ou de DC, cette mini série de 6 numéros avait un réel charme avec un scénario que j’ai adoré…
Iberia Inc. a été l’un des premiers essais de faire un groupe de super-héros espagnol dans le style comics. L’idée fut lancée par Rafael Marín et Carlos Pacheco. Ce projet fut créé à l’origine pour la maison d’édition espagnole Forum en 1992 mais qui ne vit jamais le jour. Il fut plus tard proposé à Marvel UK, mais là de nouveau le projet fut tué dans l’œuf. C’est seulement 5 ans plus tard en 1997 qu’il fut finalement publié dans la collection « Laberinto » de la maison d’édition Planeta et qui a été scénarisé par Rafael Marin et dessiné par Rafa Fronteriz et Jesus Yugo.
Iberia Inc. est un groupe constitué par des héros de différentes communautés autonomes : Melkart, Lobisome, Aquaviva, Trueno, Drac de Ferro, Trasnu et Trakka. Leur contact avec le gouvernement passe par Juan Pedro Lazaro, anciennement Flechita (Petite Flèche) ou Flecha Azul (Flèche bleue), un ancien super-héros franquiste.
L’histoire commence avec l’affrontement d’un Melkart (Hercule) possédé qui vient de ressusciter. Ce qui amène directement à un trait typique des comics : des super-héros qui combattent contre un super-vilain qui à la fin se trouve être en réalité un des leurs et évidemment font la paix. Plus tard on retrouve un cas similaire quand Drac de Ferro se bat contre un groupe italien « Mascheratta ».
En parallèle on suit l’histoire de « el Burlador », un vieux super-héros qui après avoir passé des mauvais moments aux USA, revient en Espagne pour retenter sa chance, bien qu’un incident finisse par lui arriver et bouleverser ses plans. Les auteurs font un petit clin d’œil à Alan Moore en joignant des vieux articles sur les personnages principaux. Cela va de coupures de journaux locaux ou nationaux à des couvertures du fameux magazine Entrevue qui nous en apprennent plus sur l’histoire un peu chaotique des super-héros en Espagne.
Comme les super-héros s’opposant au Régime de Franco qui furent traités comme des moins que rien alors que les partisans étaient portés en triomphe.Une équipe des 3 personnages, Triada Vertice, faisant une apparition ont eu à leur tour une mini-série de 3 numéros. Une équipe fuyant des hommes à la solde du père d’un des membres de l’équipe et qui en même temps aident à résoudre les problèmes dont Iberia Inc. n’a pas le temps de s’occuper.
Des dessins superbes, un scénario qui tenait la route et les lecteurs en redemandaient. Alors que s’est-il passé ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de suite ?
Tout bêtement parce que la maison d’édition coula et entraina avec elle ces 2 mini-séries pleines d’avenirs et de promesses. Comme un bon nombre de lecteurs je reste songeur en repensant à ce qu’aurait pu être cette belle aventure.
Amusant ce type de comics.
En France, on a pas mal de bandes-dessinées franco-belges, mais pas grand chose qui touche à l’univers « superhéroïque » (à part le Superdupont de Gotlib bien sûr)…
Je ne me plains pas de nos types de BD françaises, mais je me demande pourquoi ce type d’histoire ne semble pas très porteur chez nous.
Que veut dire « El Burlador » ?
El Burlador veut dire « le moqueur ». Le perso étant un brin séducteur on peut aussi en déduire que c’est un clin d’oeil à Don Juan qu’on surnomme aussi El Burlador de Sevilla.