Édito : grand dieu des comics, que ce Top 2018 a été difficile à faire ! en fait comme vous pouvez le voir, je n’ai trouvé qu’une seule solution pour faire en sorte de pouvoir parler de tout ce que je voulais, inclure toutes les séries qui le méritaient (ou presque) : TRICHER !!! tricher, tricher et encore tricher !!! c’est pourquoi pour certains vous verrez le nom d’un auteur à la place d’un titre de série, parce que n’ai pas su faire autrement que de tricher comme un gros sagouin pour arriver à tout caser de cette liste ! et aussi parce que certains auteurs ont eu une année de dingue en VF !
2018 fut donc une XXX de bonne année, remplis de très très bonnes choses. Et au vu de ce que j’ai dû laisser de côté, il est évident que ma sélection finale ne peut que représenter le très haut du panier que tout lecteur doit se procurer (cf. hubris puissance max). Et malheureusement, non je ne suis pas payé pour écrire ça…quoi ? je vous signale que j’ai acheté tout ce que je signale ici, et plus encore, cela vous donne une idée de l’état de mon compte en banque en cette fin d’année.
Cependant, si la richesse et la diversité de l’offre comics nous ont tous comblé cette année, il demeure cependant que cette année a été marqué par des évolutions malheureuses sur le marché comics français.
I – La mort du kiosque
Le premier point négatif est bien évidemment la mise à mort progressive du kiosque. Elle est à ce stade pratiquement consommée, puisque le premier éditeur en kiosque jusque là s’en est presque entièrement retiré. Panini ne maintient désormais que les publications Star Wars, les autres étant passé en format soft-cover en circuit de diffusion limitée. Le fait est que tout le monde n’a pas une librairie ou tout simplement un supermarché près de chez soi, ce qui leur rend plus difficile d’accès à cette offre.
Nous connaissons bien évidemment tous les causes réelles de ce retrait, qui ne sont pas du fait des éditeurs de comics. Mais c’est une bien triste évolution, alors que le kiosque à toujours été LE premier facteur de recrutement de nouveaux lecteurs. Nous avons tous commencé ainsi, en tombant par hasard sur un numéro de Spider-Man, X-Men ou Avengers en kiosque.
Et le clou final dans le cercueil du kiosque est en train d’être planté, avec les augmentations massives de prix en cours d’implémentation, qui elles sont de la responsabilité d’un certain éditeur et complètement détachées de l’évolution de l’inflation. Comme je l’ai déjà dit, nous sommes passés entre 2015 et 2019 d’un kiosque Panini normal à 4.9€ pour 128 pages à 7.5€ pour 112 pages. Une augmentation de prix de plus de 50% en l’espace de 4 ans ! qui peut suivre ? qui désormais acceptera de payer un prix pareil si seulement une série dans un mag l’intéresse ? même à deux séries, ce n’est plus si rentable.
Et tout nouveau lecteur éventuel sera bien évidemment, et on le comprend, rebuter par un tel prix d’appel…D’ailleurs en parlant augmentation des prix…
II – L’augmentation de l’offre…et des prix
Si bien évidemment, je me réjouis comme tout le monde de voir la grande diversité de l’offre comics sur le marché français, elle peut parfois être en trompe l’oeil. En effet, on ne peut nier que Panini et Urban ont multipliés les rééditions de rééditions au cours des dernières années.
Oh, je sais que Panini est le grand coupable, avec sa politique éditoriale complètement illisible, ses collections à foison, mais Urban prend aussi un peu cette direction avec ses intégrales qui se multiplient. Si ces dernières sont une bonne chose pour de nouveaux lecteurs, dans la plupart des cas, les séries qui bénéficient de ce traitement sont encore très largement disponibles.
Du coup, certaines semaines, on peut se retrouver avec un flot incroyable de sorties en librairie, désormais le segment porteur pour les éditeurs, mais dans le lot, très peu de choses réellement inédites. On peut même voir des titres qui en sont à leur 4e ou 5e édition en quelques années…alors que dans le même temps certaines rééditions se font tristement attendre. Qui a dit la saga du clone ?
Cela fait un moment que nous sommes nombreux à tirer la sonnette d’alarme sur la capacité du marché français à absorber tant de sorties, or l’engorgement est favorisé par ces multiples rééditions. C’est en outre un peu la double peine, puisque cette politique qui revient à noyer le marché réduit les chances pour de vraies nouveautés de s’imposer.
Un phénomène d’autant plus mortifère qu’il s’accompagne chez tous les éditeurs d’une augmentation des prix en librairie. Là aussi on peut pointer du doigt Panini en premier de cordée, avec en outre de nouvelles augmentations attendues en librairie en 2019 (avec du 18€ le 100% pour 144 pages…), mais Urban, Delcourt, ou encore Glénat sont dans la même position, bien que de manière moins marquée.
On a réellement le sentiment d’une fuite en avant généralisée, soutenue par le fait que jusque là le marché tient le coup. Mais pour combien de temps ? les augmentations de prix ne sont pas synonymes de capacité financière plus importante des lecteurs et tous nous allons être obligés de faire encore plus de choix qu’auparavant…
III – Un Vertigo vous manque et tout est dépeuplé
Comme chaque année ou presque, on ne peut qu’une fois de plus noter l’absence cruelle d’inédits issus de vertigo publiés par Urban Comics. En fait, je pense qu’on peut les compter sur les doigts d’une main entre Sherif of Babylon, la suite inédite d’Unwritten (dont on attend désormais le tome 3) et Mike Carey présente Hellblazer.
Je comprends tout à fait que ce genres de publications représente des petites ventes, mais se contenter ensuite de simples rééditions des grandes séries du label connues en VF (Fables, DMZ, 100 Bullets) est assez désespérant. Et au vu des annonces pour 2019 connues à ce jour, on dirait bien que l’éditeur va persister dans cette voie.
À quand les spins offs de Sandman, comme Death ? ou Lucifer ? on sait que le Swamp Thing d’Alan Moore devrait arriver au second semestre 2019 et tant mieux, mais au delà ? quel autre run de Hellblazer ? oui, j’en veux plus, oui je suis gourmand…mais quand c’est bon ? pourquoi se priver !
15 -X-O MANOWAR TOME 1
Date de sortie : 27 avril 2018
Prix : 20€/232 pages
Episodes : #1-6 de la série X-O Manowar (2018).
Scénario :Matt Kindt
Dessin : Tomas Giorello, Doug Braithwaite
Sollicitation : Simple wisigoth né sous le joug de l’empire romain, Aric de Dacie apprend très tôt l’art de la guerre. Capturé par des extraterrestres et réduit en esclavage, il survit là où tant d’autres ont péri. Pour s’échapper, il se lie à une arme au pouvoir incommensurable : l’armure X-O Manowar. Grâce à elle, il retourne sur Terre… pour se retrouver de nos jours, loin de sa terre et de son époque. Mais c’était il y a bien longtemps…
Aujourd’hui, loin de la Terre, sur une étrange planète, Aric a commencé une nouvelle vie. Libéré de son passé, il s’occupe de son lopin de terre. Loin de la guerre, de la violence… et de l’armure. Mais la grande faucheuse n’est jamais loin. Enrôlé dans une armée extraterrestre et jeté au cœur d’un conflit impitoyable, il se retrouve contraint d’utiliser à nouveau l’armure. Avec elle, il décimera des armées, fera tomber des empires et s’élèvera de soldat à général… Ils voulaient une arme : il leur donnera la guerre !
Matt Kindt (Divinity), Tomás Giorello (Bloodshot Reborn) et Doug Braithwaite (Imperium) propulsent le plus iconique des héros Valiant dans une épopée fantastique qui scellera le destin de toute une planète.
Avis : après un premier retour organisé par Robert Venditti, disponible également chez Bliss en deux intégrales, qui fut acclamé mais que je n’ai pas lu parce que …ben Robert Venditti (alors oui, je sais, je sais, tout le monde me dit que sur cette série il s’est montré excellent, mais que voulez vous,…un peu trop d’expériences négatives avec cet auteur existent dans ma mémoire de lecteur), l’éditeur a proposé le dernier relaunch en date de cette série et ce fut une sacrée réussite.
Cette fois, c’est Matt Kindt qui a repris les affaires en main et pour s’assurer d’être le plus accessible pour les lecteurs dans mon genre, il a mis le personnage dans une position où nous découvrons les choses en même temps que lui, sur un monde alien en proie à la guerre. Une guerre dans laquelle X-O va se retrouver impliqué bien malgré lui alors que sa relation avec l’armure est…devenue compliquée.
Si la suite de la série m’a quelque peu déçu, ce premier arc s’est avéré de son côté une réussite totale sur tous les plans, que ce soit du côté du scénario qui décrit un personnage complexe et torturé ou le décor de ce monde en conflit partagé entre différentes races aux cultures très différentes. On plonge dans le récit sans la moindre difficulté aidé par un rythme parfaitement maîtrisé sur ce premier arc.
Du coup, il y a ici un vrai sentiment de progression qui est d’autant plus satisfaisant que les personnages sont bien développés. Tout ça pour dire que après un tome 2 décevant, j’espère vraiment que le tome 3 prévu dans quelques mois en VF saura remonter le niveau. Nous avons vu tout le potentiel de la série, il est important que cela ne parte pas dans les chiottes…
14 – DAREDEVIL PAR NOCENTI & ROMITA JR 1
Date de sortie : 11 juillet 2018
Prix :36,95 € , 392 pages
Episodes :US Daredevil (1964) 250-257, 259-263 et 265-266, publiés précédemment dans les revues RCM (Semic) : Daredevil et Version Intégrale Daredevil (Semic) 1-8)
Scénario :Nocenti,
Dessin :Romita Jr
Sollicitation :Pour briser définitivement Daredevil, le Caïd recrute la schizophrène Mary Typhoïde. Il est loin d’imaginer qu’il va provoquer une vague de violence qui n’épargnera personne. Découvrez l’un des runs cultes du héros aveugle : les épisodes d’Ann Nocenti illustrés par John Romita Jr. Des épisodes cultes jamais publiés en librairie.
Avis : alors que Charles Soule s’est amusé à saccager l’une des séries les plus acclamées de Marvel depuis maintenant plus de vingt ans (sérieusement, je connais peu de séries qui ont enchaîné autant de bonnes prestations d’auteurs sur une aussi longue période), il était difficile d’avoir sa dose de bon Daredevil en 2018, à moins de replonger dans de l’ancien.
Attendue de longue date, la réédition du travail de Ann Nocenti sur le titre s’est de fait transformée en plus qu’une bonne surprise, mais comme une dose attribuée à un junkie en manque de bon matos. Je n’avais personnellement jamais lu le travail de Nocenti sur le titre auparavant, mais je pense que comme beaucoup, je n’en entendais que de bien de la part des lecteurs connaisseurs.
Et je ne peux aller que dans leur sens. Nocenti parvient à relever le défi de passer après Miller sur le titre en apportant ses propres thèmes tout en respectant l’ambiance sombre imposée par son prédécesseur. Si certains sujets sont une peu trop appuyés, comme la menace nucléaire ou la protection de l’environnement, le titre se détache grâce à une caractérisation des personnages parfaitement maîtrisée.
Nocenti est ainsi sans pitié avec Matt Murdock, qui apparaît toujours plus comme un personnage aux multiples failles. Un être de principe qui pourtant à l’image de son rôle de DD n’hésite pas à tordre les règles et principes quand cela l’arrange. Je pense ici bien entendu à sa relation avec Typhoid Mary, alors qu’il était déjà bien en couple avec Karen Page.
Le personnage créé par Nocenti, devient sous son crayon l’incarnation de la tentation, du désir charnel dans ce qu’il a de plus viscéral et de plus difficile à résister. Une tentation à laquelle Matt ne résiste pas longtemps…Même fisk en devient victime possédée par cette femme alors qu’il pensait être dans le schéma inverse. Le tout superbement illustré de manière incroyable par un John Romita Jr dont le style fonctionne ici à la perfection.
13 – FLASH PAR GEOFF JOHNS
Avis : oh grand dieu des comics, que j’aime ce run ! avec les deux tomes publiés cette année nous sommes entrés dans la phase la plus inspirée du run de Geoff Johns. Le moment où ce dernier a pu et su échapper à l’ombre de Mark Waid et imposer sa propre marque, ses propres histoires, son propre style.
Le plus intéressant est sans doute de voir la progression du scénariste sur ces épisodes publiés en VO pour la première fois au début des années 2000. Des premiers numéros intéressants mais maladroits du tome 1, au tome 2 où l’on voit que Johns pose les bases de son run, réintroduit un cast de vilains diversifié et fait évoluer le statut quo de Wally et de Linda. Avant dans le tome 3 de tout faire péter dans un de ces récits épiques dont il a/avait le secret.
L’un de mes moments préférés est d’ailleurs présent dans le tome 3, alors que Wally se retrouve pris entre deux feux, entre deux villes, entre deux menaces globales presque inarrêtables. Et…croyez-moi quand je vois dis que le tome 4 prévu pour l’année prochaine sera encore un cran au dessus alors que nous allons arriver vers le climax de son run !
À ce jour, le run de Johns sur Flash reste mon préféré sur ce personnage…et j’espère que Urban continuera de s’aventurer dans le passé du personnage, notamment du côté du travail de Waid ensuite.
12 – BPRD – L’ENFER SUR TERRE TOME 8 : QUAND SONNE LE GLAS
Date de sortie : 29 août 2018
Prix : 27.95€/288 pages
Scénario : Mike Mignola, John Arcudi, Chris Robertson
Dessin : Laurence Campbell, Christopher MITTEN
Sollicitation : Après B.P.R.D. Origines et B.P.R.D., cet album de la série L’Enfer sur Terre marque la fin d’un cycle. Il est complété par la série limitée consacrée à l’avènement de La Flamme Noire, l’un des plus terribles ennemis du B.P.R.D…
Le B.P.R.D. se bat afin de contenir l’énorme menace que représente Ogdru Jahad et les douzaines de monstres qu’il génère continuellement. Ils risquent de détruire le quartier général… Mais aussi le monde entier. Face à cette situation d’exception, le Directeur Nichayko du Bureau des Affaires Occultes Russe a recours à une mesure désespérée : faire appel à un démon pour contrer cette menace.
Avis : je voulais spécifiquement parler de ce tome, pour plusieurs raisons. La première est qu’il contient la fin du très long cycle Enfer sur Terre, 8 tomes de folie pure qui voyait les démons envahir la Terre et les humains se prendre une raclée sans précédent, avec le BPRD au centre des évènements, complètement dépassé par l’échelle de cette invasion.
Avec une telle longueur, le gros avantage est que les auteurs ont pu explorer nombre de personnages, en dehors des héros principaux, et de nombreux lieux sur Terre. Mais avec ce tome 8, les auteurs amènent ce récit à son terme…de manière incroyable et surtout particulièrement satisfaisante.
Nous avons des scènes d’action d’une ampleur sans précédent, nous avons des sacrifices de personnages que nous connaissons depuis longtemps, nous avons la naissance d’un monde très différent, nous avons tout simplement la réalisation de menaces attendues depuis le départ.
Avec une saga aussi longue, il y avait évidemment un risque que la conclusion soit ratée ou tout simplement pas à la hauteur de tout ce qui avait été mis en place. Mais, Mike Mignola, John Arcudi et Chris Robertson se sont montrés dignes de nos attentes pourtant élevées. Et saluons le boulot des dessinateurs, notamment Laurence Campbell sur ce dernier volume, qui se sont réellement dépassés sur ces pages !
11 – INVINCIBLE
Avis : alors que la série Invincible s’est terminée cette année en VO, Delcourt nous a proposé en 2018 les derniers épisodes avant le dernier grand arc de la série qui s’achèvera donc l’année prochaine en VF et l’on a pu constater que Robert Kirkman et Ryan Ottley ne se relâchaient pas dans la dernière ligne droite.
Comme je le dis depuis des années maintenant, Invincible s’est imposé dans le coeur de nombreux fans, dont le mien, comme l’un des, si ce n’est le meilleur comic-book de super-héros du marché. Conçu comme une véritable lettre d’amour au genre par Robert Kirkman, ce dernier n’a eu de cesse au fil des années de donner une identité propre à sa série.
Une identité basée sur la prise de risque et sur le fait de constamment briser les codes du genre super-héroïque, du moins les codes qui se sont développés ces dernières années. Ainsi, alors que les grands éditeurs ont cessé de faire vieillir leurs personnages, Kirkman a fait l’inverse, alors que le fait de se marier et d’avoir des enfants est un tabou désormais inviolable chez DC et Marvel, Kirkman lui ne s’est pas gêné.
En fait, avec Mark Grayson, le héros, nous avons l’un des derniers exemples d’un personnage que nous avons suivi de son adolescence jusqu’à l’âge adulte, jusqu’au moment de le voir devenir père et chargé de famille. En gros, Kirkman a violé la règle première du super-héros actuel : il a fait évoluer son personnage au fil du temps. Et il l’a torturé…beaucoup…et les lecteurs avec lui.
Et cette année n’a pas fait exception, avec sans doute l’une des intrigues les plus marquantes de la série alors que Mark va se trouver éloigné de sa famille bien malgré lui et qu’à son retour les choses auront bien changé…Je peux vous dire que presque deux ans après l’avoir lu pour la première fois, ce moment où Mark découvre sa fille passée du stade de bébé à jeune enfant…cela me brise encore le coeur.
Et pourquoi ? parce que justement nous avons suivis ce personnage sur des années, nous l’avons vu grandir et sommes attachés, INVESTIS, et que quand il souffre nous souffrons avec lui. Parce que nous savons que Kirkman ne reviendra pas en ailleurs, ne changera pas la continuité, parce que ce sera plus pratique. Non, ici tout compte et tout marque de manière définitive…
10 – TOM STRONG TOME 1
Date de sortie : 07 décembre 2018
Prix :35€/536 pages
Episodes : Tom Strong #1-19
Scénario : Alan Moore
Dessin : Chris Sprousse
Sollicitation : Né sur l’île d’Attabar Teru en 1900, Tom Strong a toujours défendu les faibles, les opprimés et la justice.
C’est accompagné de sa femme Dhalua, de leur fille Tesla, de leur serviteur robotique Pneuman, et du roi Solomon, un singe, qu’il entend défendre ces valeurs. Sur Vénus, à New York ou dans un lointain passé, Tom Strong veille toujours… et nous entraîne dans un tourbillon d’aventures plus originales les unes que les autres.
Avis : bien que le titre fasse partie des derniers titres publiés cette année, et même s’il s’agit d’une réédition, je voulais vraiment de nouveau le signaler, tant j’adore Tom Strong. Avec Top Ten et Promethea (que j’espère Urban rééditera également) cela fait partie de mes productions favorites dans la bibliographie pourtant très riche d’ Alan Moore.
Ce dernier en compagnie de Chris Sprouse principalement et d’autres artistes invités, rendent un hommage appuyé aux strips d’aventures qui pullulaient avant les comics de super-héros, mais aussi aux BD de SF des années 50 et 60. On sent tout l’amour de Moore pour les productions de cette époque, certes plus légères et naïves, mais aussi incroyablement riches et sans doute plus libres. Et qui mine de rien ont sans doute un peu tout inventées…
Bref, si vous n’avez pas encore plongé dans ce monde riche, je vous recommande de vous jeter dedans…en attendant le tome 2 qui publiera enfin la suite et fin inédite des aventures du personnage en VF. Nous n’aurons attendu que 15 ans pour les avoir après tout…
9 – ALL-NEW SILVER SURFER 2 (sur 2)
Date de sortie : 07 Février 2018
Prix :15,00 € , 128 pages,
Episodes :US Silver Surfer (2016) 7-12, inédits
Scénario : Dan Slott
Dessin :Mike Allred
Sollicitation : Jusqu’au bout de l’univers et même au delà : que va-t’il se passer pour Dawn et le Surfer ? Dernier volume de la saga de Dan Slott (Superior Spider-Man) et Mike Allred (FF)
Avis : et oui déjà, c’est au début de l’année 2018 que le très bon run de Dan Slott et Mike Allred s’est achevé en VF. Je sais que cette version du personnage et l’approche des auteurs a quelque peu désarçonné et désappointé les fans traditionnels du personnage, tant ils se sont éloignés des travaux précédents sur le personnage.
On passait d’une version traditionnelle très portée sur l’introspection du personnage, les retombées de ses actions passées et une certaine réflexion sur le pouvoir (toujours très présente dans les créations de Stan Lee bien évidemment), à quelque chose …à la fois de plus léger, mais aussi bien plus porté sur l’émotion.
Cela a été dit un million de fois, mais Slott a clairement retranscris ici une partie de l’esprit de la série Doctor Who, dont il est un fan, dans ses écrits, dans leur énergie, dans leur créativité, tout en gardant une composante très humaine au travers du couple Norrin Radd/Dawn. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise que du coup ce dernier tome se concentre sur eux tout en injectant une forte dose de voyage dans le temps, en oubliant pas au passage une petite visite de Galactus.
Mais c’est avant tout une fin toute en émotion qui nous est proposée, alors que Slott et Allred rangent les jouets pour que les auteurs suivants puissent reprendre le personnage comme ils l’entendent, mais tous les lecteurs de cette version verseront une petite larmichette au souvenir de ces numéros.
8 – JEFF LEMIRE
Titres concernés : – Black Hammer, Royal City, Gideon Falls, Descender,chez Urban Comics
- Moon Knight chez Panini Comics
Avis : nom de XXX, quelle année Jeff Lemire a eu en VF (et en VO, mais passons). De fait, on sait qu’en VO il va continuer de réduire sa production pour les deux grands éditeurs pour se concentrer sur ses productions personnelles et vous savez quoi ? tant mieux, parce qu’il est tellement meilleur sur ses creator owned.
En effet, comment ne pas s’étonner de la piètre qualité de ses séries DC ou Marvel, comme Justice Dark, United, ou encore ses Extraordinary X-Men chez Marvel, quand on voit ensuite la qualité d’un titre comme Black Hammer qui prouve qu’il sait parfaitement écrire une série d’équipe sans aucun souci…quand il fait ce qu’il veut et qu’il joue avec ses propres créations.
Cela devient encore plus ironique quand on se dit que les personnages de Black Hammer et leur histoire sont clairement un hommage/référence à des éléments issus justement de DC et Marvel.
Au delà, encore une fois je ne peux que vous encourager à vous jeter sur Royal City, dont j’espère que Urban publiera la conclusion prochainement. Cette petite série achevée en 3 tomes et 14 épisodes, qui s’intéresse à la vie d’une petite famille issue d’une ville industrielle en déclin marquée par une tragédie dans leur passé fait partie de mes travaux favoris de cet auteur. Je suis rarement touché ou ému par des comics-books, mais celui-là m’a réellement parlé à un niveau très profond.
Et ce n’est sans doute pas fini, car avec Gideon Falls, Lemire a encore marqué un home run. Je n’étais pas sûr d’être convaincu après la lecture des premiers numéros, mais après avoir lu l’ensemble du premier arc paru récemment chez Urban, cela à été une vraie claque et là aussi l’un de ses meilleurs travaux et j’ai hâte de voir la suite débarquer.
7 – THANOS WINS – Marvel Epics 1 à 3
Episodes : Thanos 13 à 18
Scénario : Donny Cates
Dessin : Geoff Shaw
Avis : 2018 restera sans conteste l’année au cours de laquelle Donny Cates s’est installé sur la scène comics. Cela n’apparaît peut être pas encore complètement en VF pour l’instant, mais croyez moi quand je vous dis qu’en VO, l’auteur a donné l’impression l’impression d’être sur tous les projets chauds chez Marvel. On le ressentira grandement l’année prochaine en VF, avec des projets comme son Venom ou la mini série Cosmic Ghost Rider attendue pour mars.
En attendant, les lecteurs VF ont pu comprendre pourquoi nous ne pouvions pas la fermer en début d’année sur son run sur Thanos. 6 épisodes. 6 épisodes de pure folie, de délire complet, d’idées poussées à leur paroxysme sans la moindre retenue. Et des lecteurs complètement séduits. De fait, quand ces épisodes sont sortis fin 2017 en VO, l’auteur est passé en quelques mois du relatif anonymat à la grande découverte de l’année pour l’éditeur.
Et ce n’est guère étonnant, en quelques épisodes, Cates nous balançait le Cosmic Ghost Rider, dont l’identité est tellement géniale que je suis encore sur le cul que personne n’y ait pensé avant, un Old Man Thanos, la conquête de l’univers par ce dernier, son combat contre un Surfer déchu mais tout de même “digne”…avant un combat Thanos Vs Thanos dantesque pour achever tout cela…
Avec ce petit run on se découvrait un plaisir presque enfantin, tout simplement jubilatoire, à lire ces épisodes pour découvrir la prochaine idée de dingue que l’auteur allait nous envoyer à la face. De fait, il n’y avait guère d’hésitation pour moi à faire figurer ce run dans ce top !
6 – MANHATTAN PROJECTS TOME 1
Date de sortie : 05 Janvier 2018
Prix : 35€/472 pages
Scénario : Jonathan Hickman
Dessin : Nick Pitarra
Episodes : MANHATTAN PROJECTS vol.1 : #1-15
Sollicitation : Einstein, Oppenheimer, Fermi, Feynman.
Jonathan HICKMAN et Nick PITARRA réécrivent l’Histoire et imaginent cette Ligue des Scientifiques Extraordinaires au service de projets plus fous les uns que les autres !
Octobre 1938. Le président Roosevelt reçoit une lettre d’Albert Einstein l’informant des progrès des savants allemands en matière de physique nucléaire. Dans quelques mois, les nazis pourraient disposer de la bombe nucléaire. Suite à cette révélation, le président américain décide la création du Projet Manhattan et rassemble les plus grands esprits scientifiques, chargés de contrer les avancées de l’ennemi ; projet qui aboutira quelques années plus tard à la création des premières bombes atomiques. Voici pour l’histoire officielle… Et s’il ne s’agissait que d’une partie de la vérité ? Si le Projet Manhattan avait servi d’écran pour occulter la création de nombreux autres projets encore plus fous et encore plus dangereux pour l’Humanité ? Et si la bombe atomique n’était que la plus modeste de leurs créations ?
Avis : voilà une série dont la sortie était attendue à raison depuis plusieurs années. Jusque là réservé aux lecteurs VO dans mon genre, Manhattan Projects faisait partie de ces titres singuliers pris dans une sorte de trou noir éditorial. On se souvient que le premier tome avait été publié par Delcourt en VF avant qu’un désaccord entre l’éditeur et Hickman ne mette fin à l’affaire, puis que Urban avait repris la licence …du moins en apparence.
Car après, ce fut ce dernier qui rencontra des problèmes pour éditer correctement le titre et ce n’est que des années après l’annonce de la reprise que ce qui constitue sans doute une des meilleures séries de Hickman peut dignement trouver son chemin dans notre beau pays pas du tout en flammes.
Et l’on peut dire que l’attente en valait la peine. Je me suis replongé dans la lecture à l’occasion de ce retour et je me suis rendu compte que la série était encore meilleure que dans mon souvenir et ce alors que je la plaçais pourtant très haut. Mon souvenir le plus vivace était bien entendu la folie totale, complète et absolue de cette série qui voyait les grands esprits réunis dans le cadre du projet Manhattan réinventés sous la plume de Hickman de manière assez…différente.
Entre un Oppenheimer qui est désormais un schizophrène cannibale, Einstein un imposteur venu…d’ailleurs, Fermi un alien, le tout supervisé par un général complètement allumé, on avait déjà à la base un cast démentiel…et Hickman sait en tirer profit au delà de nos espérances, alors qu’il plonge ses personnages dans un récit complètement démentiel, qui va les opposer aux Illuminati, à des aliens, et des trucs dont on se demande bien ce que cela peut être.
Bref, c’est une XXX de grande série …qui malheureusement reste inachevée pour l’instant en VO. Nous aurons un second tome qui permettra de publier l’ensemble des épisodes disponibles, mais il faut souhaiter que Hickman et Pitarra reviendront donner une vraie conclusion à l’ensemble.
5 – GARTH ENNIS
Titres concernés : PUNISHER MAX T07, Punisher Platoon, Preacher tome 6
Editeur : Panini Comics & Urban Comics
Avis : petite année pour Garth Ennis en VF puisque l’essentiel de la production présentée était constituée de rééditions. Certes des rééditions de grandes séries comme Punisher Max, qui s’est achevée en deluxe pour recommencer en Icons…, ou encore la fin de la réédition de Preacher chez Urban Comics, final intense et foutrement réussi. Mais niveau nouveautés, j’en compte en fait deux.
Tout d’abord et bien entendu le XXX d’excellent Punisher Platoon, qui revenait sur le premier passage de Frank Castle au Vietnam, en pleine offensive du Têt. Un récit qui permettait à Ennis et Parlov de s’attarder sur l’homme avant qu’il ne devienne le Punisher pour en fait nous dire que tout était déjà là et que la guerre n’a fait en quelque sorte que le confronter à sa véritable nature.
Sur certains passages, on sentait même que Frank était avant tout là comme une excuse pour plus s’attarder sur les vétérans de cette guerre et les difficultés qu’ils ont rencontrés pour la mener.
Ce n’est pas vraiment surprenant, puisque les récits de guerre de Ennis, dont je suis personnellement un grand fan, sont toujours remplis du respect de l’auteur pour ces hommes qui furent plongés dans des situations impossibles.
Et ensuite, il y avait le très dispensable Jimmy’s Bastards chez Snorgleux comics, complètement anecdotique dans la production Ennisienne et où l’auteur s’est avant tout amusé à se moquer du politiquement correct. On le sait, Ennis est capable de livrer des récits très fins, mais il peut aussi s’amuser à se rouler dans la fange juste pour se marrer. Et on le suit bien gentiment parce que c’est toujours amusant.
J’en attends cependant plus de lui en 2019, alors qu’il vient d’annoncer un projet en collaboration avec Steve Epting, situé en 1942 en pleine russie occupée par les nazis…Bref, un nouveau récit de guerre qui va jouer sur ses points forts, avec un artiste génial…je salive, mes amis, je salive…
4 – GRANT MORRISON
Titres concernés : Grant Morrison présente Batman intégrale, Seven Soldiers of Victory,
Final Crisis, 52, Multiversity chez Urban Comics
New X-Men en Marvel Icons chez Panini Comics
Klaus chez Glénat Comics
Avis : ce fut une année assez étrange pour Grant Morrison en VF. Une grande et une petite année à la fois. Une grande, car le nombre de sorties à son nom en 2018 est pratiquement sans précédent, une petite parce que …90% concerne des rééditions. Voire des rééditions de rééditions, notamment avec Batman ou ses New X-Men multi-réédités à ce stade.
Outre ce facteur on peut aussi se désoler que dans ce bon gros tas de rééditions, certaines de ses oeuvres les plus connues demeurent inédites ou indisponibles en VF. Je pense notamment à ses runs sur Animal Man ou Doom Patrol. Ce dernier est d’ailleurs assez étonnant. Je ne me fais en effet guère d’illusion sur la taille du lectorat d’une telle série…mais étant donné que cette équipe vient d’apparaître dans le show TV des Titans, il y avait peut être là un petit créneau…(non ?).
Ce fut tout de même une grande année où nous avons tout de même et enfin eu droit à la sortie de l’incroyable Multiversity, attendue depuis sa sortie en VO en 2016 dans notre beau pays. Urban a pris son temps, mais l’a proposé au terme d’une grande réédition de son cycle Final crisis assez bien vue qui donne une vision d’ensemble de son travail chez DC dans le super-slip. D’un point de vue éditorial cela avait clairement du sens.
Cependant, on ne peut que noter l’absence des classiques que j’ai signalé, qui est avant tout le symptôme d’un problème plus grave : l’absence de séries vertigo historiques en cours
3 – ALEX + ADA TOME 3
Date de sortie :07 Février 2018
Prix : 15.50€/128 pages
Scénario : Sarah Vaughn & Jonathan Luna
Dessin : Jonathan Luna
Sollicitation : Entre Blade Runner, inspiré de Philip K. Dick, et la série TV Real Humans, cette trilogie de science-fiction explore avec une grande sensibilité une question essentielle : Que signifie être Humain ?
Après avoir accueilli Ada chez lui, Alex prend un énorme risque en la déverrouillant, permettant à l’androïde de penser par elle-même. Ils développent une relation qui semble contre nature. Tous deux doivent faire face aux restrictions qui entourent les êtres dotés d’intelligence artificielle et à l’hostilité croissante envers les humains. Sont-ils suffisamment « armés » pour survivre à ce qui les attend ?
Avis : pour ceux qui ne s’en souviennent pas, c’est en tout début d’année qu’est sortie la conclusion de ce petit chef d’oeuvre que représente Alex + Ada, avec la publication de son 3e tome par Delcourt. Malgré la richesse de l’offre sur le marché actuel, rarement aura-t-on rencontré série d’une pareille qualité, d’une telle finesse, d’une telle intelligence dans son propos et surtout dans son traitement, mais aussi capable de susciter une telle émotion chez le lecteur.
En quelques épisodes les auteurs sont parvenus à faire en sorte que l’on s’investisse de manière particulièrement profonde dans leurs personnages, dans leurs vies, leurs combats, leurs évolutions. On se reconnaît dans un Alex qui après une rupture difficile rencontre beaucoup de difficultés à sortir de sa coquille, du train train quotidien paisible, mais vide qu’il s’est construit.
Tout comme on se reconnaît en Ada qui découvre la vie, les relations humaines, qui a tout à apprendre et va parfois recevoir des leçons violentes de la part du monde. C’est une histoire profondément touchante que nous ont proposé Sarah Vaughn et Jonathan Luna, juste et émouvante et oh combien humaine.
En outre, ils ont réussi à construire leur récit autour de très nombreuses thématiques, comme l’avancée technologie, l’émergence des IA, tout en rendant cela réaliste et ancré dans les questionnements actuels. Bref, le titre reste un coup de coeur total et est fortement recommandé !
2 – TERRY MOORE
Titres concernés : STRANGERS IN PARADISE INTEGRALE TOME 3 & MOTOR GIRL
Editeur : Delcourt Comics
Avis : une année sans Terry Moore n’est évidemment pas une bonne année. Et quelque soit l’année, dès que cet auteur publie quelque chose, ce quelque chose sera tout en haut de mon top. Quoique soit le quelque chose en question…oui, je suis objectif à fond. Mais c’est d’autant plus vrai cette année, avec la fin de la réédition en intégrale de Strangers in Paradise, ainsi que la sortie en un seul tome de la dernière série en date de l’auteur, Motor Girl.
Et d’un côté vous avez l’un des rares comics qui dans ma vie a réussi à me faire chialer…et qui continue d’ailleurs à chaque fois que je le relis, ce qui arrive fréquemment, tant cette fin est douce-amère pour des personnages que l’on a appris à aimer tous autant qu’ils sont…même les plus étranges. Car c’est ça, la patte de Moore, tous ces personnages, même les plus énervants, même ceux qui apparaissent au delà de toute rédemption sont profondément humains. Ils ont des failles, des défauts, ils commettent des erreurs, et on les aime encore plus pour cette raison.
Quant à Motor Girl..que dire, à part que malgré mon emploi du temps plus que chargé j’en suis à ce stade à ma 2e ou 3e relecture ? que plus je la relis, plus je l’aime ? l’impression avait déjà été très forte après la première lecture, surtout après avoir assemblé l’ensemble des pièces du puzzle, avoir reconstitué le récit en son entier pour comprendre l’intention de Moore qui conduit à ce final tellement particulier.
Encore une fois on tombe amoureux de son personnage principal. Encore une fois, Moore arrive à nous souffler du début à la fin, en nous disant qu’il sait où il va et surtout que chaque élément est là pour une bonne raison et on ne peut qu’espérer après tout cela qu’on reverra son personnage dans un futur récit…ce qui nous amène sur 2019…
En effet en ce moment, Moore entre dans le dernier quart de sa reprise de Strangers in paradise…et je croise les doigts pour que Delcourt nous propose de nouveau cela en un seul tome en fin d’année prochaine. Envoyez les bonnes vibrations les gens !!!
1 – SHERIFF OF BABYLON
Date de sortie : 07 septembre 2018
Prix : 28€/304 pages
Episodes : 1 à 12
Scénario : Tom King
Dessin : Mitch Gerards
Sollicitation : 2003.
Le règne de Saddam Hussein est terminé. Les Américains sont aux commandes, et pourtant rien ne semble sous contrôle. Dans la Green Zone, Christopher Henry, l’ancien policier de San Diego devenu instructeur militaire, le sait mieux que quiconque. Envoyé sur place pour former une nouvelle force de police irakienne, il apprend le meurtre de l’une de ses recrues dont le corps a été retrouvé sur la Grand Place. Épaulé de Sofia, une Irakienne élevée en Amérique, et de Nassir, un vétéran de la police baghdadi, il débute l’une des enquêtes les plus périlleuses de sa vie.
Avis : en introduction, je vous révélais que faire la sélection pour ce Top 2018 avait été particulièrement ardu. Mais il y avait toujours une certitude : Sheriff of Babylon serait en tête. Pour moi, la question ne se posait même pas tant la force du récit de Tom King et Mitch Gerads m’a complètement emporté, marqué, révolté, ému, touché, dérangé, affecté au plus haut point.
Susciter des émotions est sans doute la chose la plus difficile qui soit pour un comic-book, surtout chez un vieux lecteur comme moi qui a un certain niveau a un peu tout lu. Mais voilà, près de 4 mois après sa sortie, 4 mois après la lecture, je reste profondément ébloui par la maestria de cette histoire qui nous plonge d’une manière tristement réaliste dans l’Irak de 2003.
Un pays où dans les faits l’Etat n’existe plus et où le nouveau qui émerge, à la main de l’armée conquérante des USA, est encore balbutiant. Un État sans loi, où la vie humaine ne vaut pas plus que le prix d’une balle…Au travers de ce contexte, le récit nous amène à rencontrer trois personnes d’horizons aussi éloignés qu’il est possible de l’être.
Trois êtres humains qui vont dans cet Irak à l’agonie, et alors que la menace de nouveaux groupes armés est en train d’émerger, que l’armée US fait ce qu’elle veut dans un mélange de toute puissance et d’incompétence sans pareille, tenter de faire ce qui leur semble juste et retrouver l’assassin d’une jeune recrue de la nouvelle police irakienne…
À partir de ce mystère de base, nous découvrons ce monde, mais surtout ces personnages, chacun avec son bagage, ses choix qui l’ont amené là et les nouveaux choix à faire qui vont les amener à changer du tout au tout.
On ne le dira jamais assez, le marché actuel des comics est aujourd’hui d’une richesse sans pareille, pourtant je ne suis pas sûr que nous rencontrions avant longtemps quelque chose comme cette série.
IV – LES ATTENTES 2019
L’année 2019 sera plus que jamais celle de la synergie entre les médias. Alors que les plateforme de streaming de Disney et de DC viennent d’être lancées ou vont être lancées prochainement, chacune avec leur programme de super-héros, exposant ainsi le grand public à certains personnages un peu plus obscures…qui pourraient à cette occasion bien retrouver le chemin des librairies. Et ce alors que niveau cinéma, ce sera la fête du slip de tous les côtés, que Disney (tiens encore, préparons nous à saluer notre nouveau maître, oui Mikey nous sommes tes esclaves) absorbera officiellement la Fox, que Sony se sent pousser des ailes après le succès de Venom et que la Warner tente des choses différentes.
La concurrence entre les grandes compagnies ne va faire clairement que s’accentuer, alors que certains comme Amazon et Apple sont en retrait mais fourbissent sans aucun doute leurs armes pour investir un marché en plein développement notamment avec le succès mondial de Netflix. Nous sommes engagés dans la période “far-west” de ce nouveau marché, où tout le monde va un peu tenter n’importe quoi dans tous les sens pour tenter de gagner des parts de marché…Nous vivons donc une période réellement faste pour les fans de comics…tant que tout cela reste de qualité.
Niveau comics purs ?
Et bien par éditeur :
- Bliss Comics : l’année 2019 va clairement être une année importante pour l’éditeur, entre la fin du run de Jeff Lemire sur Bloodshot, la relance de Ninjak entre les mains de Christos Gage, la suite du run de Matt Kindt sur X-O Manowar ou encore la conclusion de Britannia. Il sera aussi intéressant de voir si Bliss peut s’aventurer en dehors du catalogue de Valiant ;
- Delcourt Comics : la fin d’Invincible de Robert Kirkman et Ryan Ottley est attendue pour 2019 en VF. Tout comme l’excellent Extremity, apparemment, du très bon Daniel Warren Johnson. De toute évidence l’éditeur va continuer à mener sa barque bien tranquillement. Il dispose d’une écurie d’auteurs stables et …vous savez quel titre qui soutient l’ensemble ;
- Glénat Comics : au delà du Old Guard de Rucka et Fernandez en janvier, la grosse entreprise de l’éditeur en 2019 seront sans doute les titres horrifiques de Archie comics. Cela fait un moment que je n’entends que des critiques dithyrambiques sur ces séries, donc je suis intrigué ;
- Hi Comics : après un lancement réussi en 2018, avec d’ores et déjà un gros succès installé avec Rick & Morty, il faudra en 2019 confirmer les bonnes impressions de la première année. Et ils vont commencer très fort avec l’arrivée du très très bon et très déjanté Maestro de Steve Skroce. Au delà, je suis vraiment curieux de voir sur quels titres ils vont se pencher. Le simple fait qu’ils aient donné sa chance à Shirt-Less Bear Fighter fait qu’ils m’ont déjà convaincus de leur grand sérieux.
- Panini Comics : ou l’acteur du marché en probation. Du point de vue créatif, cela sera une année bien plus intéressante pour l’éditeur. Après quelques années assez mitigées, Marvel revient en forme avec son Fresh Start. Ses franchises les plus importantes retrouvent en effet des couleurs et c’est tant mieux. Or dans le même temps, et comme je l’ai déjà dit, Panini a quelque peu fait exploser sa grille tarifaire…Du coup, on peut s’interroger sur la capacité des lecteurs à suivre.
- Snorgleux comics : en 2018, l’éditeur nous a permis de découvrir l’offre comics de Aftershock et…en ce qui me concerne, je ne peux pas dire que les bouquins en question m’aient grandement séduits. Et pourtant avec les auteurs impliqués, cela devrait fonctionner. Mais au final, que ce soit le American Monster de Brian Azzarello, le Jimmy’s Bastards de Garth Ennis ou encore le Babyteeth de Donny Cates, aucun ne m’a réellement convaincu…Nous verrons quels titres l’éditeur va proposer en 2019, mais désormais je serai bien plus réservé …
- Urban Comics : au vu des premières annonces faites par l’éditeur pour l’année prochaine, je dirai que je suis assez mitigé. D’un côté, je suis ravi de voir que des choses comme Mister Miracle, Omega Men ou encore le Swamp Thing de Moore vont être publiés. De l’autre, au vu des programmes révélés pour le premier trimestre, on sent que l’éditeur va se concentrer sur la partie DC super-héros moderne pur jus. Je n’ai en effet encore rien vu côté Vertigo et la partie DC historique reste aux abonnés absents : à quand la suite de Man of Steel ? ou de Justice League International ?Beaucoup de questions et pour l’instant peu de réponses…et ce alors que 2019 marquera en parallèle les 80 ans de Batman…Déjà que l’on reproche à Urban de trop s’appuyer sur l’homme chauve-souris, 2019 va être très centrée sur la créature de la nuit…
Très intéressant et complet.
En ce qui concerne les suites chez Urban :
-Pour « Man of Steel » et le duo Action Comics / Superman de John Byrne, y a pas d’excuses : ça a été republié jusqu’au bout en VO
-idem pour la Suicide Squad de John Ostrander : le dernier TPB a été annoncé
-Pour Justice League International, là c’est plus compliqué, puisqu’en VO DC a arrêté de republier en milieu des séries (Justice League International et Justice League Europe). Même le TPB qui était censé republier le crossover qui clôturait le passage du duo DeMatteis et Giffen a été annulé (« Breakdowns »). Urban va-t-il créer la surprise, comme pour certaines collections qui n’existent pas (encore) en VO, comme « Aquaman : la mort du Prince » ? (quoique ce dernier était sorti en N&B dans leur défunte collection « Showcase »)
En ce qui concerne Panini, les prix ont vraiment explosé. Le intégrales à 35 € ? WTF !! Je me souviens encore en 2006 des intégrales à 22 ou 23 € …
Et parmi leurs nombreuses réimpressions, il arrive qu’on ait de bonnes surprises (Daredevil par Nocenti & Romita jr, Thor par Jurgens, Hulk par Bruce Jones, Spider-man par JMS).
Chez Urban, je suis aussi très déçu de l’absence d’indés ou de classiques (Flash la légende tome 2, Animal Man par Momo, dernier tome de Royal City, trop d’attente entre les tomes de The Unwritten ou de GJ présente Flash, fin du run de Soule sur Swamp Thing qui attend depuis perpète et qui va à priori enfin arriver mi-2019… Je pense que mon compte en banque va souffler un peu en ce début d’année car les séries Rebirth ne m’ont pas convaincu donc je n’achèterai pas grand chose chez eux.
Panini, à part les Icons sur Punisher Max, je n’attend malheureusement plus rien. Je ne lis pas les softcovers car les séries ne me plaisent pas (et leur prix non plus). Les autres éditions sont trop chères donc bye bye
HiComics m’a bien hypé cette année entre le retour des TMNT et quelques titres comme Shirtless Bear Fighter (que je remercie Comixity de m’avoir donné envie de lire !).
Bliss Comics, j’ai malheureusement lâcher en route. Je me suis concentré sur le run de Lemire (mon chouchou) sur Bloodshot et je pense jeter un oeil à Ninja-K, mais je suis peu enjoué sur d’autres séries Valiant. Toujours ce gimmick de 4 épisodes par arc, un poil court parfois, et une ambiance que je trouve parfois un peu redondante où la vie privée des héros n’est pas ou peu exploitée à mon gout. Le coup de coeur est parti, j’espère que Bliss aura l’occasion de lancer l’édition d’autres titres annexes car cela semble fonctionner pour eux !
Glénat, je n’ai rien lu chez eux cette année je crois :/
Delcourt : Redneck m’a plutôt plu sans être un coup de coeur. J’espère une réédition d’Invincible en format Intégrale pour m’y mettre !! Et j’espère l’édition des titres de Powell (Chimichanga tome 2 annoncé, suite d’Hillbilly, Retour de The Goon, on espère voir Spook House par exemple)
« Il sera aussi intéressant de voir si Bliss peut s’aventurer en dehors du catalogue de Valiant »
Je me faisais la même réflexion et je pense que ce serait salvateur : dès lors que Valiant se fragilise et réduit les parutions outre atlantique/ne vend plus autant, de la santé financière de Valiant dépend celle de Bliss, là où Hi Comics est allé piocher dans plus de licences, et des grosses (Rick and Morty/TMNT) et ainsi joue plus la sûreté.
Pour ma part, les coups de cour de l’année : TMNT chez Hi Comics et le début de cette Intégrale de Superman, période Byrne, chez Urban… DU coup j’ai peur en te lisant Sam !!