C’est une fin d’année bien morose pour les comics aux US en terme de ventes, en effet pour le quatrième mois consécutif aucun titre ne dépasse les 100 000 ex, et pour la première fois, ce seuil semble même s’éloigner. Le dernier titre a avoir dépassé largement cette barre était le relaunch des X-Men en août et, en l’espace de quelques mois, le titre a perdu près de 75% de son lectorat.
Singles
DC
Le constat est mitigé puisque si DC a rattrapé Marvel en terme de part de marché en novembre et décembre, l’éditeur ne parvient pas à clairement à s’imposer, puisque Dark Knight #1 échoue sous la barre des 90 000 ex.
On peut cependant constater que la main mise de DC sur le Top 10 continue avec 8 titres sur 10, profitant toujours des effets du relaunch des titres Batman, du succès des titres Brightest Day, Green Lantern et Flash.
Malgrè tout, on peut s’inquiéter pour des titres que l’on apprécie comme Power Girl ou encore Zatanna, qui sont passés sous la barre des 20 000 ex, généralement seuil d’annulation pour DC comme pour Marvel. Mais le tassement général des ventes va peut être amener les maisons à revoir ce seuil.
La fin des titres Widstorm intervient sans fanfare, très loin des sommets qu’ils ont connu autrefois, avec des ventes sous les 5000 ex pour Gen13 et Wildcats. Il est bien triste que cela se finisse ainsi.
Marvel
Pour Marvel, il devient clair qu’il faut réagir puisque la meilleure vente de l’éditeur se situe sous la barre des 70 000 ex, même la franchise des Vengeurs ne parvient plus à stopper la chute.
Du côté des X-Men ce n’est guère mieux, puisque Uncanny X-Men ne dépasse pas les 55 000 ex. Il y a quelques mois, j’avais indiqué que je pensais que la base des fans des X-Men s’était réduite aux alentours des 60 000 personnes, mais même cette base commence à s’éroder. Tous les autres titres X sont désormais derrière Uncanny en terme de ventes, et il faut s’attendre à voir X-Men et Uncanny X-Force passer sous la barre des 50 000 ex dans les prochains mois.
Il est en de même pour Amazing Spider-Man dont la nouvelle formule bimensuelle avec un seul auteur n’a pas ramené les foules. Marvel ne semble pas avoir compris que les causes fondamentales du désamour pour ce titre sont toujours présentes et que remanier la forme sans toucher le fond ne permet plus d’augmenter les ventes.
Image
Pas de miracle pour l’éditeur qui sans Walking Dead ne parvient pas à placer de titres dans le Top 100. L’importance Kirkman chez Image est ainsi confirmée par les ventes de Haunt, qui semble se stabiliser autour de 16 000 ex, et Invincible qui revient à son niveau de vente habituel après l’augmentation attendue de l’épisode 75.
On comprend d’ailleurs assez vite que les locomotives de Image sont toujours les mêmes entre Chew, Morning Glories et les titres Top Cow avec Artifacts et Witchblade.
Pour vous faire une idée, c’est par ici.
Le marché en 2010
De manière générale la récession a continué en 2010 pour le marché des comics, puisque les ventes ont diminué de 3,5% entre 2009 et 2010.
Les éditeurs ont largement compensé la baisse des ventes par une augmentation des prix, politique de court terme, puique les revenus crées par le marché ont, eux aussi, baissé à 420 M$ en 2010 contre plus de 430M$ en 2008, et que cette hausse des prix a acceléré la baisse des ventes sur le moyen et long terme.
Pour voir les résultats des comics les plus vendeurs en 2010 c’est par là.
Le marché en 2011
L’année 2011 sera sans doute décisive pour le marché des singles, qui après deux années de récession a bien besoin de se remettre.
Marvel semble avoir compris que quelque chose n’allait pas, d’où sa précipitation à annoncer un prochain event (Fear Itself), et la fin de la multiplication des titres autour de leur stars. Nous devrons donc voir s’arrêter cette profusion de titres Captain America, Thor et Iron Man, qui ne rimait à rien.
La promotion de Matt Fraction au rang d’auteur de cet event montre que Marvel a enfin compris l’essoufflement créatif de leurs auteurs phares de la décennie 2000 que sont Bendis et Millar. Véritables têtes pensantes de l’univers Marvel depuis 10 ans, ils sont aujourd’hui plus proche de la fin de course, et leur nom ne suffit plus à assurer des ventes comme cela pouvait l’être dans le passé.
De l’autre côté, DC poursuit une stratégie assez similaire autour de ses auteurs phares Morrison et Johns. La différence avec Marvel est que d’une part Morrison est dans ce marché depuis plus de 20 ans, et a su se réinventer de manière régulière, et Johns semble être à l’apogée de son influence chez DC en tant que Chief Creator.
Mais DC aura besoin de renouveler une partie de ses titres avec la fin prochaine de Brightest Day et JLA Generation Lost. Dans un premier temps, la relève sera assurée par le crossover Green Lantern War et et l’event Flashpoint qui secoueront les titres phares de DC en cours d’année. Il faudra voir ce qui sort de ces histoires, portées toutes les deux par Johns, pour savoir si DC parviendra à maintenir sa domination sur le Top 10, et dépassera Marvel en terme de part de marché. Le fait est que tout se concentre sur un seul auteur, tant que Johns est inspiré le succès semble assuré, mais à terme, cela peut poser quelques difficultés.
Après avoir relevé Flash et Green Lantern et renouvelée la ligne Batman, deux grands défis attendent DC pour 2011 : Superman et Wonder Woman qui ont essuyé les platres ces dernières années, entre des histoires peu inspirées, des relaunch ratés, et un turn over de créatifs incessants, ces titres ont bien besoin d’être repris en main.
Sur Superman, Chris Robertson, est un petit nouveau dans les comics de super héros a qui il reste tout à prouver. Sans doute la meilleure façon pour DC de compléter le run de JMS avant de passer le titre à un scénariste plus prestigieux et surtout plus à même d’attirer les lecteurs.
Pour Wonder Woman le défi est plus grand encore, tant le titre a toujours été à la traine face à ses collègues. Phil Hester est certes un scénariste de qualité, mais il n’a pas l’assise suffisante auprès du lectorat pour remettre à flot ce titre.
Les comics digitaux seront au centre de l’attention cette année. Bien que ce marché soit encore modeste, à peine 10M $ en 2010, il suscite déjà beaucoup d’espoir et ce pour deux raisons :
- sa vitesse de progression, ce marché représentait à peine 1M$ il y a un an,
- l’augmentation exponentielle de possesseurs de tablettes numériques type Ipad ou Samsung Galaxy Tab.
Tous les éditeurs sont bien conscients qu’ils tiennent là leur plus grande chance de recruter de nouveaux lecteurs depuis plus de 20 ans, et le retrait des comics des kiosques à journaux amércains vers les comics shops. Ces derniers sont aujourd’hui sinistrés aux Etats-Unis, si bien qu’une grande partie du pays n’est même pas couverte. Il faut bien comprendre qu’il est difficile d’augmenter le nombre d’acheteurs quand ceux-ci n’ont même pas accès à votre produit !
TPB
DC
DC peut ici faire la fête, d’une part le 12e receuil de Fables prend largement la tête du classement des ventes avec plus de 12 000 ex écoulés.
D’autre part le succès de Superman : Earth One, qui outre le fait de maintenir ses ventes d’un mois sur l’autre, 7500 ex en décembre contre 8000 en novembre, a également dépassé en cumulé les 31 000 ex vendus en l’espace de trois mois et ce uniquement sur le réseau Diamond.
Il est donc normal que DC ait pressé JMS de produire une suite, qui devrait sortir dès cette année, et que l’on attende beaucoup de Batman : Earth One, qui avec son équipe créative (Johns et Frank) et un personnage qui traditionnellement vend plus que Superman peut dépasser les scores de son prédecesseur.
Johns et Frank que l’on retrouve dans ce Top 10, puisque le recueil de Superman : Secret Origins se classe à la 10e place.
Marvel
Pour la concurrence la réalité est plus dure, la désaffection des lecteurs en single se reportant sur les ventes de TPB, si bien que Marvel ne classe aucun titre dans le TOP15.
Image
C’est incontestablement ici que tout se passe puisque Image avec Walking Dead s’assure une place presque permanente dans le Top 10 des ventes. Maintenant, nous allons voir avec la sortie prochaine des TPB de Morning Glories, Skullkickers et autres succès d’Image en 2010, si l’éditeur parvient à placer d’autre titres dans le top des ventes.
Pour voir les ventes TPB de décembre 2010 c’est par là.
Le marché en 2010
Pour le marché des TPB, les choses sont loin d’être catastrophique, puisque les ventes sont restés stables en 2010, et que sur la décennie 2000 ce marché a connu une croissance de plus de 40%.
Pour voir les meilleures ventes de TPB en 2010, c’est par là.
Le marché en 2011
Le succès de Superman : Earth One pourrait être le symptome d’une mutation du marché : une plus grande présence des TPB. Il faut cependant rester prudent, n’oublions pas qu’il y a 10 ans, DC avait déjà lancé une initiative de ce genre : des histoires ciblées vers le marché des TPB avec JSA : Vice and Vertue par Johns et Wonder Woman : Hiketeia par Rucka et JG Jones. Si l’entreprise avait été couronnée de succès, DC n’avait cependant pas réitéré l’expérience les années suivantes. La réalité du marché l’a sans doute contraint à revenir sur cette idée aujourd’hui.
Il n’y a qu’un seul moyen pour que les lecteurs reviennent sur les comics, les rendre plus accessible. Les remettre dans les kioskes les grands magasins, les épiceries comme à l’époque et non plus les laisser cacher pour une minorité dans les comics shop.
Après on pourra voir les histoires.
La chute de Marvel est à mon avis le fruit de l’ère bendisienne/quesadienne.
La pauvreté de titres phares comme les New, Mighty Avengers, Spider-man (bien que l’arc en cours en VF soit sympa, les débuts ont été trop inégaux et la base même de BND trop fumeuse) ou des events toujours plus décevants a abouti à l’arrêt d’une partie du lectorat. Il y a à mon avis une perte globale de confiance avec des lecteurs qui ne veulent plus se lancer dans des statu quo à la Dark Reign de peur de lire des histoires encore une fois balisées et redondantes.
Et c’est dommage car derrière ces « locomotives » et ces bannières se cachent de bons artistes comme Aaron, Remender, Hickman ou DnA qui pâtissent de la mauvaise pub de ces gros titres, de ces gros auteurs (Bendis, Millar) et de l’orientation globale de la marque.
Bien d’accord avec Lazy : l’ère Quesada, c’était un peu toujours les mêmes. Maintenant, avec Alonso, derrière le gros event on trouve Fraction … A voir si ça change quelque chose.
Eh oui, surtout pour Hickman et DnA, il y a des artistes actuels qui sont encore capables de pondre de bonnes séries. (Et on parle par exemple de Heroes for Hire dans le dernier Weekly … Enfin je dis ça, je dis rien ! 😉 )