Bonjour les Comixitoyennes et Comixitoyens !Après une longue période d’absence, mes articles de fond sont de retour avec cette fois-ci un dossier en deux parties en lien avec la dernière adaptation-événement au cinéma d’une franchise Marvel, je veux bien sûr parler de X-Men : Days of Future Past… que je n’analyserai pas ici dans sa version filmique pour mieux me concentrer sur celle de papier. Cette première partie s’articulera autour des inspirations derrière ce chapitre important de l’histoire des X-Men, avec notamment une étude de ses ressemblances avec une célèbre saga cinématographique des années 80…
Parmi les collaborations les plus renommées de l’histoire des comics, celle du scénariste Chris Claremont et du dessinateur John Byrne sur les X-Men reste parmi les plus appréciées. Travaillant de concert sur les intrigues comme le développement des personnages, un peu à la manière des légendaires Stan Lee et Jack Kirby, et assistés généralement par Terry Austin à l’encrage, ils font vivre aux mutants certaines de leurs aventures les plus marquantes avec comme point d’orgue la mythique Dark Phoenix Saga (X-Men #129-138), dont la conclusion tragique voyait sur Jean Grey se suicider afin d’échapper à l’influence du dangereux Phoenix. Lorsque ces numéros paraissent John Byrne est alors sur le départ, mais non sans préparer un dernier gros coup : comme l’annonce la couverture du #142, après la télépathe rousse c’est toute l’équipe qui va y passer dans une intrigue mystérieusement intitulée Days of Future Past (littéralement « les jours du futur passé », traduit généralement dans les parutions françaises par Futur antérieur);
The time is running out
Étalée sur seulement deux numéros (X-Men #141-142), cette histoire n’en arrive pas moins à atteindre immédiatement une dimension comparable à la Dark Phoenix Saga achevée à peine quelques mois plus tôt. C’est également pour les X-Men une succession de « premières fois » les plus marquantes de toute leur longue carrière :
Le premier affrontement entre les X-Men et la nouvelle Confrérie des Mauvais Mutants de Mystique (qui sous-entend déjà dans une ligne de dialogue ses liens avec Diablo/Nightcrawler !).
La première heure de gloire de Kitty Pryde (et la plus importante à ce jour).
La première apparition du squelette en adamantium de Wolverine (qui depuis n’a plus cessé de se retrouver les os à nu depuis).
Le premier épisode d’Uncanny X-Men… à partir du #142, le titre s’appelant toujours X-Men officiellement malgré l’apparition presque systématique de l’adjectif sur les couvertures depuis le4#115 ou dans le sommaire intérieur depuis le #95.
Mais surtout, la première d’une longue série d’intrigues spatio-temporelles présentant un avenir apocalyptique à éviter.
À cette époque les X-Men sont encore vierge de la pratique devenue maladive pour eux depuis de voyager entre les époques et les univers alternatifs, notamment vers des destins toujours plus sinistres pour la Terre-616 (désignation officielle du monde dans lequel vivent les héros Marvel que le lecteur connaît). Chris Claremont et John Byrne se sont fait un malin plaisir d’inventer une version futuriste de l’équipe qu’ils peuvent tuer membre après membre pour renforcer l’aspect dramatique de leur récit. L’artifice est depuis éculé et ne provoque à présent que peu d’émotions chez les lecteurs habitués aux infortunes des homologues futuristes des héros (c’est même un peu la marque de fabrique de ce type d’histoire).
Sans être inédite en 1981, cette ficelle est alors moins répandue dans les comics qu’aujourd’hui et nouvelle pour les X-Men : afin d’éviter un avenir dans lequel les Sentinelles (de terribles robots de plusieurs mètres de haut qui tourmentent l’équipe depuis ses débuts) dominent le monde et traquent les mutants pour les parquer dans des camps quand elles ne les tuent pas directement, un groupe de résistants formés par les derniers X-Men en vie envoient l’esprit de Kate Pryde (une Kitty devenue adulte) dans son corps adolescent pour aider les X-Men à prévenir le meurtre du sénateur aux positions anti-mutante Robert Kelly. En effet, son assassinat par la Confrérie des Mauvais Mutants de Mystique provoquera la monté des violences envers les mutants, aboutissant à la création en masse et mise en service des robots meurtriers.
La vraie force de Days of Future Past réside dans la détresse dégagée par chaque case se déroulant dans le futur et dans l’urgence de la mission qui est confiée aux X-Men du présent, n’ayant que 24h répartis sur moins de deux épisodes pour accomplir la tâche la plus cruciale de leur carrière.
La mission des X-Men d’assurer un avenir de paix entre les humains et les mutants atteint ici une dimension supérieure par l’assurance qu’un futur funeste existe, se manifestant presque physiquement à eux par la présence d’une rescapée ; leur credo « craints et haïs par un monde qu’ils ont juré de protéger » n’en devient que plus vrai par cette terrible prophétie.
Un futur se manifestant comme un holocauste planétaire avec des machines chassant les derniers résistants, contraints d’envoyer l’un des leurs dans le passé pour améliorer la situation… si le robot au physique d’Arnold Schwarzenegger manque à l’appel, le reste de l’intrigue rappelle furieusement le scénario de Terminator, qui voyait le chef de la résistance humaine John Connor envoyer dans le passé Kyle Reese pour protéger sa mère Sarah Connor d’un robot venu de la même époque (le T-800, ou Terminator) pour la tuer avant qu’elle n’enfante John. Les critiques comme les spectateurs n’ont d’ailleurs pas manqué de pointer la ressemblance entre les deux œuvres de par la sortie cette année de l’adaptation cinématographique du classique de Claremont et Byrne réalisée par Bryan Singer. Peut-on parler ici d’un plagiat ? Ou simplement d’inspirations communes ? Un petit voyage dans le temps d’impose pour décrypter une réalité un peu plus complexe.
Qui de l’œuf ou de la poule a voyagé dans le temps en premier ?
Le film imaginé, scénarisé et réalisé par James Cameron présente donc de très nombreuses ressemblances avec Days of Future Past : des machines dominant le monde, une résistance qui envoie l’un des leurs dans le passé pour changer les choses, des humains parqués dans des camps, un paysage désolé suite à l’utilisation d’armes nucléaires… et un être à l’ossature en métal. Il faut toutefois remettre les pendules à l’heure : contrairement à ce qu’ont pu penser nombres de spectateurs et de critiques peu au fait des aventures papiers des X-Men, Days of Future Past précède de trois ans Terminator qui est sorti en salle en 1984. La question serait donc de savoir si ce ne serait pas James Cameron se serait servi des deux épisodes des X-Men pour concevoir son récit.
Le réalisateur s’en est toujours défendu, mais a reconnu dans une interview donné au magazine spécialisé en cinéma de genre Starlog avoir puisé ses idées dans de vieilles histoires de science-fiction; ses sources d’inspiration étaient principalement deux épisodes de la série télévisée Au-Delà du Réel (The Outer Limits, 1963-1965), conçus chacun par l’écrivain Harlan Ellison.
Le premier d’entre eux, Le Soldat (Soldier, 1964), raconte la découverte par les autorités américaines en 1964 d’un soldat fuyant un futur aux airs de fin du monde. Le récit s’achève sur sa mort après un combat contre un autre voyageur temporel, véritable machine à tuer froide et amorale, afin de défendre la famille qui l’a adoptée. Le schéma est assez similaire à celui suivi par le héros de Terminator, Kyle Reese, fuyant l’invincible T-800 et mourant en protégeant Sarah Connor avec qui il a eu une relation charnelle.
Toujours en 1964, l’épisode La main de verre (Demon with a Glass Hand)[1] met en scène un androïde à l’apparence humaine mêlé à une intrigue de voyage dans le temps et de survie de l’espèce humaine suite à une guerre nucléaire avec une race extra-terrestre. Sa caractéristique est de posséder une main artificielle faite de circuit et recouverte de verre dont il devra compléter les phalanges manquantes pour retrouver la mémoire. On se retrouve ici avec l’image du bras mécanique qui aura une importance tant visuelle que scénaristique dans Terminator et ses suites, notamment dans la scène du second opus où le T-800 retire volontairement la peau de son bras gauche pour révéler sa nature robotique.
Mis au courant de la situation avant même la diffusion de l’interview, Harlan Ellison attaqua James Cameron en justice afin de faire reconnaître ses droits, obtenant par ce biais la mention de son nom comme source d’inspiration de l’intrigue dans le générique du film[2].
Avant d’être un épisode de série télévisée, Le Soldat était une nouvelle parue en 1957 sous le titre de Soldier from Tomorrow (littéralement: « le soldat de demain ») qui est loin d’être la première histoire écrite à toucher aux thèmes du guerrier venu du futur.
On peut citer comme exemple la nouvelle de Philippe K. Dick intitulée Le Crâne (The Skull) parue en 1952, dont le protagoniste est envoyé dans le passé pour assassiner un homme avant qu’il ne prononce un discours destiné à changer la face du monde pour les siècles à venir, et se retrouvant finalement mêlé à un paradoxe de prédestination en réalisant qu’il est sa propre cible. La conclusion de cette histoire n’est pas sans rappeler à la fois Terminator (la mission d’assassinat et le voyage qui forme une boucle où cause et conséquence s’entremêlent) et Days of Future Past (le sort des hommes se jouant sur la tenue d’un discours et sur la survie de celui qui doit le prononcer).
On retrouve dans l’œuvre de Philippe K. Dick d’autres idées qui renvoient à Terminator, la plus évidentes étant celles des êtres artificiels créés à partir de l’ADN humain dans le roman (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (Do Androids Dream of Electric Sheep?, 1968). Désignés comme des androïdes sans pour autant être réellement des machines, il n’en reste pas moins des intelligences artificielles sous couvert d’une apparence très humaine, la trame du roman s’articulant autour d’un questionnement sur la nature humaine et ce qui sépare l’homme de la machine, un thème qui est devenu le fil conducteur de la saga Terminator dans les différentes suites découlant du premier opus.
Deux avant Terminator le roman est porté à l’écran en 1982 par Ridley Scott sous le nom de Blade Runner (les androïdes étant rebaptisés pour l’occasion des Réplicants) et comme chez James Cameron tout le danger repose dans une menace qui peut se confondre dans la masse. Les intrigues des deux œuvres n’en restent pas moins très éloignées, contrairement au cas plus ancien de Cyborg 2087.
Sorti en 1966, le film de Franklin Adreon propose une intrigue rappelant furieusement celle de Terminator, prenant son point de départ dans un avenir dominé par des cyborgs, êtres tenant de la machine et de l’humain, et se poursuivant dans le passé où l’un d’entre eux retourne pour empêcher un scientifique de rendre publique une découverte qui entraînera un futur tyrannique. Le héros n’est pas le seul à effectuer le voyage, puisque deux autres cyborgs le suivent avec la mission de l’éliminer avant qu’il ne puisse contacter le chercheur.
Réduisez le nombre d’assaillant et transformez le scientifique en jeune femme, et vous obtenez dans les grandes lignes la même trame que Terminator ! Ou alors remplacer le « gentil » cyborg par Sarah Connor voulant empêcher la technologie aboutissant au règne des machines d’être développée, et là le récit devient celui de Terminator 2 : Le Jugement dernier (Terminator 2: Judgement Day, 1991) ! Sans compter qu’en plus, ici aussi un cyborg est identifiable par son bras mêlant chair et métal…
Inspirations antérieures
Les idées exposées dans le film de 1984 ne paraissent donc pas neuves, mais l’intrigue de Days of Future Past trouve elle aussi également écho dans certaines œuvres comme Le Crâne. Si John Byrne, qui des deux co-créateurs est celui qui a eu l’idée de base derrière leur récit spatio-temporel, a d’abord pensé avoir eu une idée originale, il lui est finalement apparu qu’il avait réutilisé inconsciemment des éléments d’une histoire de la série télévisée Doctor Who[3] intitulée Day of the Dalek (Le jour des Daleks) et diffusée neuf ans plus tôt ! Les ressemblances entre les deux intrigues se retrouvent dans les grandes lignes : un groupe de rebelles d’un futur assez lointain remontent le temps pour assassiner un ambassadeur ayant un rôle décisif à jouer dans la Troisième Guerre mondiale à venir. Passé ce postulat de départ, le Docteur (alors dans sa troisième incarnation sous les traits de Jon Pertwee) vit des aventures assez éloignées de Days of Future Past si ce n’est le rôle joué par les Daleks, des robots tueurs aussi dangereux que différents des Sentinelles qui tirent les ficelles de l’intrigues depuis le futur.
Dans une discussion portant sur les similarités entre Days of Future Past et Terminator qui s’est tenue sur son propre forum, John Byrne ironise avec humour sur la situation, déclarant que cette « découverte » a pu lui permettre de remettre en cause ses idées préconçus sur le génie créatif et qu’il aurait aimé se rendre compte de cette inspiration inconsciente à l’époque, afin de placer une mention à Doctor Who dans la bouche même des Sentinelles[4].
L’inspiration de Days of Future Past n’est toutefois pas qu’à rechercher du côté de la télévision. Une référence à une œuvre majeure de la littérature d’anticipation est explicitement placée dans le récit que fait Kate aux X-Men du présent : le lecteur apprend ainsi dans une case que c’est en 1984 qu’est fait voter par le nouveau président des États-Unis un Mutant Registration Act (une loi obligeant les mutants à être recensés), pièce maîtresse dans la mise en place de la ségrégation mutante. La date n’est pas choisie par hasard, faisant référence au classique de George Orwell publié en 1947 où l’auteur dénonce les régimes totalitaires et leurs dérives sécuritaires, imaginant un Royaume-Uni devenu une dictature suite à une guerre nucléaire.
Si l’on n’y trouve pas de robots géants une analogie peut être faite avec Big Brother, figure désincarnée mais omniprésente dans le livre qui aurait la capacité de surveiller les faits et gestes de chacun. Plus qu’un simple clin d’œil, la case indique clairement l’optique orwellienne dans laquelle a été imaginé le futur dystopique, reprenant le contexte du désastre nucléaire et de la surveillance des individus poussée à l’extrême.
Si le film de Bryan Singer s’affranchit des comics en plaçant son récit principal dans les années 70 en lieu et place de la décennie suivante, on trouve toutefois la date de 1984 dans la frise chronologique établie pour la promotion du film[5] avec la mention de la popularité à cette époque d’un télévangéliste ouvertement anti-mutant.
Le lecteur de comic-books reconnaîtra aussi ici une référence au graphic novel God Loves, Man Kills (Dieu crée, l’homme détruit) sorti en 1982, un récit dans lequel Chris Claremont et le dessinateur Brett Andersion confrontent les X-Men au télévangéliste anti-mutant William Stryker qui a d’ailleurs inspiré le film X-Men 2 réalisé lui aussi par Bryan Singer. Autre grand classique de l’ère Claremont, cette histoire est à classer au même rang que la Dark Phoenix Saga et Days of Future Past pour son impact sur les comics de l’époque et la place qui lui est toujours faite dans le haut du panier des histoires mutantes.
L’avenir est-il un long passé déjà écrit ?
Si l’on creuse davantage la littérature, on se rend compte que Days of Future Past reprend des éléments établis par le roman considéré comme la première oeuvre d’anticipation à assimiler temps et voyage : La machine à explorer le temps (The Time Machine, 1895) de H.G. Wells. Contrairement à l’idée reçue il ne s’agit pas de la première oeuvre de l’auteur britannique traitant de la possibilité de changer à l’envie d’époque, traitant ce sujet en 1888 dans la nouvelle The Chronic Argonauts (inédite en France encore aujourd’hui), et est même en fait devancé sur ce sujet par la nouvelle The Clock that Went Backward écrite en 1881 par y Edward Page Mitchell et qui présenterait le tout premier paradoxe temporel de la littérature.
La machine à explorer le temps se passe pour sa majeure partie en l’an 802 701, date à laquelle les humains sont divisés en deux races : les pacifiques mais frêles Éloïs qui sont confrontés chaque nuit aux terribles Morlocks surgissant des profondeurs de la Terre. Difficile aujourd’hui de ne pas voir les très nombreuses œuvres littéraires, cinématographiques ou encore vidéoludiques présentant un futur où les hommes sont opposés, si ce n’est pas soumis, à une force extérieures déshumanisée, robotique dans le cas de Days of Future Past, ou simiesque si l’on prend l’exemple des différents films basés sur la Planète des Singes[6]. On retrouve chez Wells également le décor si familier des ruines laissées par une civilisation victime de ses excès et tombée depuis longtemps dans l’oubli.
La dichotomie futuriste de Wells préfigure également celle de ces situations où l’homme est responsable de son sort. Chez le romancier anglais (de manière simplifiée), il s’agit d’une critique du capitalisme pratiqué par le monde britannique de l’époque victorienne dont les classes ouvrières reléguées au plus bas de l’échelle sociale se sont littéralement adaptés au monde souterrain, leur physique étant comme déformé par leur dur labeur pour aboutir aux Morlocks ; les Éloïs découlent eux des exploitants oisifs qui se retrouvent à présent désarmés face à ceux qui sont devenus leurs ennemis naturels de par le ressenti découlant des rapports de leurs ancêtres. Chez Byrne et Claremont, c’est l’hostilité des humains envers les mutants qui pousse les premiers à développer une technologie très avancée dans le seul but de contrôler, et finalement d’anéantir leurs ennemis.
Si dans les deux cas la haine de l’autre est dénoncée, ou tout du moins mise en avant pour servir le récit, les dangers représentés par l’utilisation à mauvais escient des progrès de la technologie sont également au cœur des récits, du moins de manière implicite. S’il n’y pas l’ombre d’un robot chez H.G. Wells il faut remettre son œuvre dans le contexte de l’empire britannique qui bénéficie au XIXe siècle des avancées dues aux différentes Révolution industrielles qui ont permis le développement de la société que l’auteur dénonce par le biais d’une humanité divisée en deux et retournée finalement à l’état sauvage ; dans les deux cas, la technologie a fini par nuire à ses concepteurs. L’évolution de l’espère humaine si chère aux X-Men est également au cœur du récit de Wells, très inspiré tant par le darwinisme tant social avec sa vision de la lutte des classes que scientifiques, les hommes ayant évolués en deux races bien distinctes dont l’une est une menace pour l’autre, mais l’antagonisme étant finalement non sans fondement.
Retours vers le passé
Le leitmotiv d’empêcher l’avenir sombre de se réaliser n’apparaît toutefois pas encore chez Wells, où il est uniquement question d’explorer les époques sans tenter d’interférer dans leur bon déroulement. Comme on l’a déjà dit, Days of Future Past et Terminator se sont tous deux bâtis sur la thématique de faire dérailler l’Histoire avec un grand H, mais c’est aussi par la nature de la mission que chacun présente que les deux œuvres divergent : si Kate doit empêcher un évènement de se produire pour inverser le cours de l’histoire, ce sont des résistants sur le point de triompher qui envoient Kyle Reese dans le passé pour stopper un robot envoyé par l’ennemi pour tuer Sarah Connor, la mère du chef des résistants John Connor, avant même qu’elle ne soit enceinte de lui. La logique dans Terminator et Days of Future Past est donc inversée, puisque dans le premier ce sont les antagonistes qui cherchent à modifier le cours de l’histoire, le héros devant ici le préserver à l’inverse de Kate Pryde.
Une autre petite différence se retrouve dans le nombre de voyageurs temporels, car si les deux camps se déplacent d’une époque à une autre chez James Cameron, Chris Claremont et John Byrne se contentent d’un seul voyageur temporel.
Enfin, les deux récits divergent dans leurs conclusions respectives (attention, spoilers vieux de trente ans !) : si Kate semble réussir sa mission (avec un léger doute toutefois, nous y reviendrons ultérieurement) en modifiant sciemment le cours des évènements, la mission de Kyle Reese se révèle elle faire partie de l’ordre des choses à travers un paradoxe de prédestination : son voyage temporel était nécessaire à la conception de John Connor, l’ennemi ayant donc par ses plans provoqué la situation qu’il voulait empêcher.
Des histoires qui ont fait de vieux os
Les ressemblances entre Days of Future Past et Terminator ne sont-elles finalement qu’un heureux hasard, fruit d’inspirations communes et d’idées dans l’air de leur temps ? Peut-être, mais un détail pourrait laisser envisager une inspiration dans le design du Terminator. L’une des cases les plus mémorables de Days of Future Past reste sans doute celle de l’ultime fastball special du Wolverine face à une Sentinelle qui le carbonise d’une main, rendant visible pour la première fois le squelette d’adamantium du mutant griffu. Cette image ne peut que frapper toute personne ayant vu Terminator par la similarité entre le design d’un Wolverine aux os en partie mis à nu et celui du T-800 défiguré, laissant transparaître son endosquelette métallique entre les lambeaux de chair.
Il serait facile de supposer que James Cameron ait pu voir une image de Wolverine blessé sans s’en rappeler par la suite, et que cela ait pu l’inspirer inconsciemment. Cette affirmation peut toutefois être écartée de manière assez assurée, et ce pour plusieurs raisons. D’après James Cameron lui-même, l’idée du design du Terminator lui serait venue durant la post-production de son premier film, Piranha II : The Spawning (Piranha 2 – Les Tueurs volants, 1981).
Souffrant d’une intoxication alimentaire mêlée au chaos régnant sur la production du long métrage, James Cameron aurait fait un cauchemar mettant en scène le Terminator au milieu des flammes, venu tout droit du futur pour le tuer. Il est important de savoir que le film a été produit en 1981, année de publication de Days of Future Past, mais le tournage comme le montage s’étant déroulés en Italie les chances que James Cameron ait pu entendre parler de cette histoire s’en retrouvent amoindries, surtout s’il ne lisait pas les X-Men à cette époque. L’image très forte du Terminator en pleine fournaise se retrouve quant à elle dans le film, et aura depuis marqué plusieurs générations de spectateurs.
Il faut noter que le robot de James Cameron n’est pas le premier personnage à être identifié par le dénomination de « Terminator », surnom déjà donné depuis 1980 au personnage de Deathstroke introduit par Marv Wolfman et George Perez dans The New Teen Titans #2 en 1980, mais qu’ici absolument rien ne les relier mis à part leur capacité à tuer implacablement. Aucun désaccord sur l’utilisation du nom n’a semble-t-il jamais éclaté entre DC et Cameron, une série Deathstroke the Terminator ayant même été lancée en 1991 ; toutefois, l’ennemi des Teen Titans n’est plus guère identifié par son surnom depuis les années 90, peut-être pour éviter d’éventuels conflits sur l’exploitation du nom comme titre d’une série.
La Distinguée Concurrence n’a pas eu le monopole du terrible surnom très longtemps puisque dès 1981 Marvel introduit à son tour un Terminator dans le quatorzième épisode de la série Rom. Contrairement à la concurrence il s’agit ici d’un personnage du bon côté de la barrière mais beaucoup plus proche du Terminator de James Cameron par son look métallique (une armure ici) sans qu’aucun lien ne soit pour autant existant entre les deux… Quoique, à la manière du T-800 décidant de détruire son corps à la fin de Terminator 2 pour que sa technologie futuriste ne tombe pas entre de mauvaises mains, le Terminator de Marvel choisit lui-même de se donner la mort en réclamant une condamnation à mort plutôt que l’exil dans Rom #20 pour avoir tué un innocent. Comme bien souvent dans les comic-books le personnage reviendra d’entre les morts mais finira par périr définitivement en 1986 dans Rom #75, épisode final de la série ; ce guerrier spatial est resté largement méconnu en dehors des amateurs de cette série dont la Maison des Idées a depuis longtemps perdu les droits, rendant toute réimpression impossible. Marvel pouvant toutefois toujours utiliser certains éléments de la série[7], un nouveau porteur de l’armure du Terminator est introduit en 2000 dans Spaceknights #1 en la personne de Balin, le fils de Rom, à la carrière très anecdotique jusqu’à présent.
Titre
Que ce soit pour l’intrigue générale du film que pour le design de son antagoniste, les comics ont toutefois pu jouer un rôle dans les inspirations de James Cameron au même titre que les séries télévisées, films et livres déjà évoqués. Les histoires de robots à l’apparence plus ou moins humanoïdes devenus hostiles à leurs créateurs dans un avenir plus ou moins proche y pullulent, comme dans le cas de la série Magnus, Robot Fighter 4 000 A.D. (originellement traduit en français par Magnus l’anti-robot) créée par Russ Manning en 1963 chez Gold Key Comics (et relancée de nombreuses fois depuis, comme actuellement chez Dynamite).
Ce type de récit continue de pousser plus loin la réflexion sur le devenir de l’homme dépassé par son propre progrès dans les années 70, et on y retrouve déjà des éléments qui feront le sel de Days of Future Past ou Terminator. L’oeuvre de Jack Kirby en fourmille : l’humanité opprimée par un ennemi qui lui est en tout point supérieur dans un contexte de monde ravagé par la catastrophe atomique ? C’est Kamandi en 1972, où le « dernier garçon sur Terre » rencontre diverses races animales devenues humanoïdes exploitant les humains comme du bétail. La question du danger des intelligences artificielles et de la fusion entre l’homme et la machine ? C’est OMAC en 1974, où le satellite intelligent Brother Eye améliore Buddy Blank à l’aide d’implants cybernétiques. Celui que l’on surnomme outre-Atlantique le « King of comics » poussera même le vice jusqu’à lier ces deux histoires, expliquant dans Kamandi #50 que l’adolescent est le petit-fils du héros d’OMAC, et donc qu’à l’excès de zèle des hommes dans la création technologique, et plus particulièrement la robotique, succède un retour à la case « homme des cavernes » par le truchements du feu nucléaire (une peur toujours très vivace dans les années 70, la Guerre froide étant toujours d’actualité alors). Si ces éléments sont des lieux communs du récit d’anticipation qu’il n’est pas étonnant de retrouver dans toutes les œuvres dont il est question ici, des idées plus spécifiques à Kirby sont à remarquer comme la figure de Brother Eye qui s’incarne dans Terminator avec Skynet, l’intelligence artificielle désincarnée qui assemble et contrôle les terribles robots. L’idée n’est toutefois pas nouvelle dans les comics des années 70, le King ayant déjà usé d’un procédé similaire avec le Master Mold (le Moule initial dans les versions françaises) apparu dans X-Men #15 en 1964, une intelligence artificielle créant et contrôlant les Sentinelles. Si le Master Mold n’apparaît pas dans Days of Future Past, d’autres auteurs que Claremont et Byrne attesteront de sa présence dans ce monde dans certaines des autres histoires situées dans ce futur.
La question de l’intelligence artificielle et de la condition humaine est poussée plus loin en 1977 par Kirby avec le personnage de Machine Man, qui emprunte le cheminement inverse d’OMAC puisqu’il s’agit ici non pas d’un homme transformé en machine mais d’une androïde qui se voit doter d’un visage et d’une conscience humaine. Cette question se retrouve allègrement dans Terminator 2 où le T-800 reprogrammé par le John Connor du futur pour être cette fois-ci du bon côté de la barrière développe une certaine humanité au contact du John Connor adolescent qu’il doit protéger.
Les idées de Kirby ne sont toutefois pas non plus totalement inédite; difficile en effet de ne pas voir dans le tout-puissant satellite Brother Eye d’OMAC une réminiscence de Big Brother, tandis que Kamandi est créé à la base pour palier la perte des droits d’exploitation de La planète des singes par DC, les animaux humanoïdes remplaçant les cousins de l’homme dans le rôle des méchants ! Une filiation est également à chercher du côté des magazines de type pulp, comme Amazing Stories, qui proposaient des nouvelles de science-fiction illustrées par des couvertures similaires à celles des comics où l’on faisait la part belle à des robots aux allures humanoïdes, voire squelettiques, de toute taille hostiles aux humains et habitant des mondes dévastés. Voilà davantage où rechercher pour les inspirations du design du Terminator… et pourquoi pas du squelette de Wolverine également.
Toujours dans une optique de remise en contexte de ces œuvres, il faut garder à l’esprit que si on entrevoit l’ossature du mutant griffu dans Uncanny X-Men #142 on est encore loin des représentations entières que l’on a eu de lui depuis, car malgré la libération progressive des comics Marvel des règles strictes du Comic-Code (instance officielle qui approuvait de son sceau le contenu des publications) dans les années 80 cela reste toujours des publications à destination d’un public large où l’on ne peut se permettre d’aller trop loin. La Dark Phoenix Saga, Days of Future Past ou encore God Loves, Man Kills figurent parmi les récits qui ouvrent le bal à une décennie plus sinistre et violente dans la forme, mais poussant aussi plus loin l’introspection des super-héros et la vision d’un futur peu glorieux pour eux comme pour le commun des mortels.
La nuit des robots morts-vivants
Parmi ces premières séries mélangeant un ton résolument plus sombre qu’auparavant et la satire sociale se distingue Deathlok, toujours chez Marvel. Apparu en 1974 dans Astonishing Tales #25, le personnage créé par Rick Buckler et Doug Moench devient la vedette du titre anthologique jusqu’à son arrêt au #36. De son vrai Luther Manning, soldat mort et ressuscité en cyborg aux allures de zombie dans un futur proche, Deathlok est tout d’abord une machine de guerre déshumanisée qui finit par échapper au contrôle de ses concepteurs. Horrifié par sa condition de cadavre robotisé ambulant, il s’élance dans une lutte contre les corporations qui dirigent un monde dévasté et peuplé de cannibales. L’espoir a peu de place dans les aventures de Deathlok qui ne pourra jamais redevenir vraiment humain et encore moins retrouver sa famille, sa femme s’étant remariée avec son ancien meilleur ami. En somme, Buckler et Moench posent les bases de ce que seront (un tout petit peu) Terminator et (surtout) Robocop une décennie plus tôt !
Les points communs avec l’œuvre de James Cameron se retrouvent légèrement dans l’apparence du personnage, et plus précisément sa tête humaine (bien que cadavérique) d’un côté et robotique (avec l’œil rouge !) de l’autre, mais aussi dans la chronologie des évènements qui mènent au départ de la série, soit une Amérique ravagée par un conflit que l’on devine nucléaire. La ressemblance s’accentue à partir de 1976 et l’assimilation du personnage aux concepts des voyages entre les époques et les dimensions, concepts qui sont devenus indissociables du personnage jusqu’à aujourd’hui.
Une rapide incursion de Spider-Man à l’époque de Deathlok ouvre le bal dans Marvel Team-Up #46, introduisant l’idée que le monde dans lequel évolue Manning est un futur possible de l’univers Marvel où les choses auraient mal tournées. Un mois plus tard Astonishing Tales prend fin et il faut attendre presque un an pour revoir le personnage dans les pages de Marvel Spotlight #33 puis dans Marvel Two-in-One #26 sortis le même mois. On découvre dans l’épisode suivant que les super-vilains Fixer et Mentallo ont attiré le cyborg dans le présent afin d’assassiner le nouveau président des États-Unis (Jimmy Carter si l’on tient compte de l’année réelle de publication) le jour de son inauguration.
Si l’on compare les péripéties de Deathlok à Days of Future Past et Terminator des points communs apparaissent ; du premier, on retrouve l’assassinat d’un homme politique le jour le plus important de sa carrière qui aurait un impact conséquent sur l’avenir, tandis que du second on retrouve le tueur robotique programmé pour une mission d’exécution. Mort cérébralement à la fin de l’épisode, Deathlok réapparaît à nouveau dans Marvel Two-in-One #53-54 où il est utilisé encore une fois comme robot assassin avant d’être détruit semble-t-il pour de bon.
Mais le lecteur de comics le sait trop bien, les personnages ne meurent jamais éternellement, et à plus forte raison lorsqu’ils peuvent être reconstruits ou trempent dans des histoires de manipulations temporelles. En 1983, J.M. DeMatteis réintroduit le personnage dans une intrigue étalée sur Captrain America #286 à #288 où un nouveau Deathlok (une histoire compliquée de clone de Luther Maning) voyage de 1991 à 1983 pour découvrir ce qu’il est advenu de son prédécesseur. Plus que Terminator premier du nom, le scénario prend une direction qui n’est pas sans prévenir celle du second volet, d’ailleurs ironiquement sorti en salle en 1991 : un nouveau Deathlok découvrant qu’une corporation (la Roxxon, toujours dans les mauvais coups) a reconstruit le précédent à partir de ses restes, ce qui n’est pas sans rappeler les expériences de la firme Cyberdyne menées à partir du bras du T-800 dans Terminator 2 dont découle la création de Skynet.
Deathlok revient vraiment sur le devant de la scène avec sa première série éponyme, cette fois-ci sous la forme de Michael Collins qui lui est bien originaire de la Terre-616. Parue en 1990, soit un an avant Terminator 2, des parallèles troublants peuvent être établis entre les deux histoires : un scientifique afro-américain (Miles Dyson dans le film, Michael Collins dans les comics) dont les travaux sans mauvaises intentions sur les restes d’un robot venu du futur aboutissent à la création dudit androïde, la volonté du héros robotique de détruire son corps pour qu’il ne subsiste aucune trace de sa technologie (le T-800 plongeant dans une cuve de métal en fusion, Collins essayant lui de se suicider à l’aide d’un pistolet avec moins de succès)… Deathlok ayant débuté alors que Terminator 2 était déjà en pré-production, voire en tournage, on peut difficilement songer que Cameron ait plagié la série, ces ressemblances témoignant sans doute à nouveau d’inspirations communes et d’idées en vogue alors.
De nombreux Deathlok sont apparus depuis, généralement issus de nouveaux futurs alternatifs. Les ressemblances avec Terminator sont bien souvent assumées, comme les récentes attaques de plusieurs Deathlok venus du futur contre un scientifique lié à leur probable création dans les pages d’Avengers Arena. Si Deathlok a également devancé Days of Future Past dans la vision pessimiste du futur, Chris Claremont va par la suite également diriger sa saga vers la brèche ouverte par le cyborg-zombie sur la multiplicité des futurs possibles pour l’univers Marvel.
Sortez les aspirines, les univers alternatifs arrivent !
Pour aborder ce point il faut se pencher sur un élément qui semble commun aux deux récits qu’on ne retrouve pas dans les différentes œuvres similaires plus anciennes évoquées plus haut. Chacun des récits une figure-clé sous la forme du protagoniste responsable de l’envoie du chargé de mission dans un passé légèrement antérieur à sa propre naissance : c’est Rachel, la fille qu’auraient Jean Grey et Scott Summers dans le futur, qui utilise ses pouvoirs pour envoyer Kate dans le passé, tandis que John Connor envoie Kyle Reese protéger sa mère peu de temps avant qu’elle ne tombe enceinte. Si une ressemblance entre les deux situations saute aux yeux à quiconque découvriraient les œuvres aujourd’hui, il faut à nouveau remettre les œuvres dans le contexte de leurs sorties, ou tout du moins dans le cas des X-Men. En effet, à aucun moment du récit il n’est explicitement dit qu’elle est la fille des deux X-Men fondateurs, ni même désignée sous le patronyme de Summers ou Grey. Pour le lecteur de l’époque elle est juste Rachel, une jeune mutante rousse aux pouvoirs psychiques qui a rejoint les X-Men dans le futur, et si ces caractéristiques rappellent bien Jean elle peut difficilement être sa fille : Jean Grey est morte trois épisodes plus tôt, et rien n’indique alors qu’elle ressuscitera un jour !
Lorsque Claremont et Byrne élaborent leur futur apocalyptique, la Dark Phoenix Saga n’est pas encore achevée et doit se conclure sur la survie de Jean, privée de ses pouvoirs pour empêcher le Phoenix de la contrôler à nouveau. Jim Shooter, alors responsable éditorial, trouve la sanction bien trop légère (Jean/Phoenix a quand même détruit une planète habitée !) et réclame sa mort à la dernière minute. De l’aveu des deux auteurs, avant l’ordre donné par Shooter il était clairement établi que Rachel serait la fille du plus célèbre couple de mutants, mais la décision éditoriale les oblige à ne faire d’elle qu’un membre anonyme des X-Men du futur rappelant simplement Jean… jusqu’à ce que Claremont revienne dessus quelques années plus tard par le truchement des univers alternatifs.
Si des incursions de la part de Jim Shooter dans l’élaboration des épisodes se font parfois au détriment des plans des auteurs, certaines mésententes entre Claremont et Byrne et l’envie de ce dernier de laisser libre cours à son propre génie créatif vont mener à la fin de leur pourtant fructueuse collaboration. Si John Byrne participe activement à l’élaboration des intrigues, c’est Chris Claremont qui garde le dernier mot sur toutes les décisions en sa qualité de scénariste attitré, modifiant ou ajoutant à l’insu de ce qui avait été convenu avec son partenaire des lignes de textes et de dialogue. Cela va même parfois à l’encontre de ce que le dessinateur illustre, comme dans l’ouverture d’Uncanny X-Men #140 où Colossus semble déraciner une souche sans aucun effort alors que ses bulles de pensée disent le contraire. Toutes proportions gardées, on pourrait comparer cette situation à celle vécue par Jack Kirby dans les années 60 lorsqu’il se sentait bridé par les décisions de Stan Lee concernant les scénarios des séries qu’ils réalisaient ensemble, Fantastic Four en tête de liste, avant qu’il ne décide lui aussi de rompre les liens pour aller trouver une plus grande liberté chez DC sur des titres où il fut le seul maître à bord. L’exemple n’est pas choisi au hasard puisque John Byrne obtiendra les rênes de Fantastic Four suite à son départ des X-Men après le #143, soit un épisode après Days of Future Past. Les relations avec Chris Claremont sont alors loin d’être cordiales, le dessinateur-scénariste fraichement émancipé engageant une guerre digne de la cour de récréation en contredisant par exemple tout ce que son ancien partenaire faisait avec le personnage de Doctor Doom (plus connu sous le nom de Docteur Fatalis chez nous) sur lequel John Byrne avait le dernier mot.
Avant de faire ses valises, Byrne subit à nouveau un de ces changements de dernière minute sur l’antépénultième page d’Uncanny X-Men #142. Si le script originel prévoyait la réussite sans équivoque de la mission de Kate pour le lecteur, Chris Claremont va ajouter une ligne de texte qui laisse transparaître à une réponse plus nuancée. S’il n’y a rien d’étonnant à ce que le Professeur Xavier s’interroge sur la réussite ou non de la mission que seul le temps prouvera, le lecteur peut toutefois être intriguée par la case dépeignant le retour au commande de la jeune Kitty, tandis que la voix-off explique que sa version future « laisse les vents de l’éternité la renvoyer chez elle »[8]. Par cette tirade absente de la version du scénario validée par John Byrne, Chris Claremont sous-entend donc que le futur où règnent les Sentinelles peut toujours exister. Il faut attendre 1985 pour que Claremont s’attaque à nouveau à cette vision cauchemardesque du futur, Uncanny X-Men #184 (un épisode intitulé The Past… of Future Days) voyant Rachel arriver dans ce qu’elle pense être son passé avant de découvrir qu’elle pourrait bien s’être trompée de réalité !
Claremont ne joue pas ici seulement avec l’idée que de multiples futurs existent mais insinue tout simplement que Rachel n’a jamais envoyé l’esprit de Kate dans leur passé mais dans celui d’un monde parallèle, le même monde dans lequel la jeune rouquine est venu se réfugier à présent ; leur mission dépeinte dans Days of Future Past aurait donc sauvé une autre Terre que la leur ! Outre un mal de crâne, cette ficelle scénaristique amène aussi une incompréhension des intentions du scénariste qui complexifie et dédramatise l’histoire originelle qui n’apparaît alors plus comme un destin funeste et inévitable à repousser.
Les raisons de ce choix sont peut-être à rechercher du côté de la figure de Rachel que son co-créateur va malmener durant deux épisodes : alors qu’Uncanny X-Men #184 s’achève avec Rachel découvre que toutes ses actions passées n’ont peut-être servies à rien pour sauver son foyer et ses proches, Uncanny X-Men #185 finit d’enfoncer le clou lorsqu’elle réalise qu’elle ne pourra même pas naître dans cette réalité dans une scène poignante où Claremont raccroche les wagons avec les plans initiaux imaginés pour elle plus de quatre ans auparavant. Dans cet épisode l’auteur confirme bien que le personnage est la fille de Scott Summers et Jean Grey, mais lui fait découvrir par un appel téléphonique à son père que celui-ci est marié à une autre femme[9].
En deux épisodes Chris Claremont fait donc perdre un peu de substance à un de ses chefs d’œuvre précédents pour façonner en même temps l’un des personnages les plus tragiques qu’il ait alors mis en scène, Rachel ayant échappé à l’horreur pour un havre de paix tout en payant le prix de comprendre qu’elle n’a pas, et ne pourra peut-être jamais, sauver son monde ni de voir une alternative heureuse de sa vie avec ses parents dans son nouveau foyer.
Si le revirement concernant les liens entre l’avenir d’origine de Rachel et la Terre-616 a depuis été largement accepté, on peut toutefois se demander si cela ne provoque pas rétroactivement une incohérence. En effet, si dans la ligne temporelle menant à Days of Future Past Jean Grey ne meurt pas durant la Dark Phoenix Saga mais des années plus tard après avoir enfanté Rachel, Kate Pryde devrait noter au moins l’absence de la mutante rousse dans l’équipe. On peut aisément s’imaginer que Jean pouvait tout simplement ne pas faire partie de l’équipe à ce moment-là dans les deux mondes, mais cela reste du domaine de la simple supposition dont les amateurs du genre sont si friands pour expliquer les problèmes de continuité.
L’entente cordiale ?
Les têtes dirigeantes de Marvel comme les créateurs derrières Days of Future Past ne semblent jamais avoir intentés de poursuites envers James Cameron pour une quelconque suspicion de plagiat. Au contraire, la maison d’édition publie l’adaptation en comic-book de Terminator 2 en 1991. Ce fut toutefois là la seule incursion de la Maison des Idées dans l’univers riche de la franchise qui s’est développé par la suite chez différents éditeurs jusqu’à aujourd’hui. Avant Marvel, une première exploitation de la licence est faite chez le défunt Now Comics de 1988 à 1990, qui sort notamment une mini-série en deux numéros intitulée Terminator : All My Future’s Past. Le clin d’œil va plus loin que le simple titre, l’histoire se passant dans le futur si proche de celui qu’ont voulu éviter les X-Men et explorant les origines de Kyle Reese.
Des références explicites à Terminator en lien avec Days of Future Past se retrouvent également chez Marvel. La plus évidente reste la couverture d’Excalibur #67, un épisode se déroulant entièrement sur la Terre-881. Dessinée par Alan Davis, on y retrouve Kate Pryde habillée et armée à la façon d’Arnold Schwarzenegger, une Sentinelle abattue d’une balle dans le front à l’arrière-plan à la façon dont le T-800 exécute ses victimes dans le premier opus de la saga. Le scénariste-dessinateur va jusqu’à placer dans la bulle de Kate le fameux « hasta la vista, baby ! » prononcé par le T-800 dans le second film et à sous-titrer l’illustration par « X-Terminator » !
Un autre hommage du même acabit se retrouve sur la couverture de New X-Men #141 réalisée par Phil Jimenez. Le X-Man Lucas Bishop y est représenté à la façon d’Arnold Swharzenneger sur les affiches du premier Terminator, arme au poing et lunettes de soleil inclus. Comme pour Excalibur #67, un véritable lien thématique aux films de James Cameron est à rechercher derrière l’esthétique de la planche, Bishop étant comme Kate originaire d’un futur probable de l’univers Marvel qu’il a tenté d’altérer.
La ressemblance entre l’esthétique du squelette de Wolverine et de l’endosquelette du T-800 n’aura pas non plus échappée aux artistes de chez Marvel. Guardians of the Galaxy #39 (non pas l’avatar récent de l’équipe mais la série des années 90 située au XXXIe siècle) joue sur cette similarité en faisant s’affronter Rancor (une descendante du mutant griffu) et un Doctor Doom dont le cerveau conservé artificiellement a été transplanté dans le squelette robotisé de Wolverine qui ressemble alors à s’y méprendre à au terrible androïde de Terminator sans son camouflage humain !
Quelques concepts vus dans les pages des séries X-Men semblent également faire écho aux idées que l’on trouve chez James Cameron… L’exemple qui s’en approche le plus est sans doute celui de Nimrod (ou Nemrod chez nous), un modèle très avancé de Sentinelle ayant suivi Rachel à l’époque des X-Men et qui a depuis intégrée la galerie de leurs ennemis les plus coriaces. Si certains y voient une résonance de Terminator il ne faut pas oublier que l’ennemi suivant le héros dans son voyage temporelle est une ficelle bien plus ancienne comme on l’a vu plus avant, mais aussi que lorsqu’une série au long cours utilise ce le procédé du voyage dans le temps les risques de voir d’autres personnages en profiter devient inévitable. Un parallèle peut toutefois être établi entre Nimrod et les Terminators, la Sentinelle futuriste finissant par prendre une apparence humaine à la fin des années 90 à travers Bastion, transformant des humains à leur insu en hybrides humains/Sentinelles. Encore une fois il faut garder à l’esprit que le concept n’est pas non plus exclusif à Terminator, des œuvres plus anciennes comme Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? anticipant largement l’idée des créatures artificielles impossible à reconnaître de premier abord dissimulées dans la masse anonyme.
Chez DC aussi un certain impact visuel de Terminator semble s’être effectué quand on voit le design adopté par Cyborg Superman, que l’on différencie de l’Homme d’Acier par la moitié de son visage métallique apparente à la façon dont est souvent représenté le T-800 défiguré. L’idée est reprise dans le dessin animé Superman : L’Ange de Metropolis (Superman: The Animated Series, 1996-2000) mais appliquée cette fois-ci à Metallo. Il s’agit de montrer la dualité qui s’opère pour ces êtres passés du statut d’homme à celui de machine, à l’inverse de la logique de Terminator où il s’agit de la machine qui devient homme au fur et à mesure des films composant la saga ; il n’en reste que pour les deux cas cette représentation du visage partagée véhicule parfaitement chacun des messages.
Attention ! Ci-dessous se trouve un très léger risque de spoiler sur le film X-Men : Days of Future Past !
[spoiler effect= »blind »]
Du côté du cinéma, les Sentinelles du futur aperçues dans le film X-Men: Days of Future Past ne sont pas sans rappeler pour leur part un élément-clé de Terminator 2 : le T-1000 composé d’un métal aux propriétés lui permettant de le remodeler à sa guise, permettant au robot de changer son apparence ou de transformer ses mains en lames. Dans le film de Bryan Singer, la version améliorée des Sentinelles peut en effet adopter les propriétés des mutants qu’elles affrontent ou transformer leurs avant-bras en lames dans un procédé qui visuellement n’est pas sans rappeler les métamorphoses du personnage incarné à l’écran par Robert Patrick.
À nouveau, il ne faut pas négliger que ce concept de métal malléable, voire organique, se retrouvait déjà dans les comics bien avant que le second opus de Terminator ne sorte sur les écrans. L’univers Marvel n’en manque pas dans les années 80, comme Warlock et la Technarchy introduite par Chris Claremont et Bill Sienkiewicz dans New Mutants #18 en 1984, ou bien encore The Fury, un terrible ennemi de Captain Britain inventé par Alan Moore et Alan Davis dans Marvel Super-Heroes #387. Pour la petite histoire, Chris Claremont avait même prévu de faire fusionner Nimrod et Fury dans sa première version de la saga Mutant Massacre afin d’aboutir à une super-Sentinelle que l’on imagine pas si différente de celle que le film de Bryan Singer, mais l’opposition d’Alan Moore à l’utilisation de sa création forcera le scénariste des X-Men à totalement revoir sa copie. Si on ne trouve pas de traces de Fury ni de Nimrod, dans le rendu final de Mutant Massacre, Claremont aura finalement sa petite revanche lors de son retour sur les X-Men dans les années 2000 en remettant au gout du jour l’ennemi de Captain Britain.
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D’une manière générale, les têtes pensantes de la Fox sont bien conscientes des ressemblances entre leur film et Terminator, et donc du risque d’avoir une majorité de spectateurs comme de critiques professionnels criant à la copie. Ils vont alors jouer la carte de la filiation assumée dès le lancement du projet en 2012 par le biais du scénariste de comic-books Mark Millar qui, devenu le grand coordinateur des adaptations de comics du studio, déclare avec enthousiasme que le film sera la « rencontre entre les X-Men et Terminator »[10], promettant une aventure excitante à base de robots et de voyages dans le temps. Et ce n’est là qu’une première étape, puisqu’en janvier 2013 le réalisateur du film Bryan Singer consulte James Cameron lui-même sur les mécanismes derrière le voyage dans le temps et les difficultés de baser des films sur ce procédé. D’une pierre deux coups, Bryan Singer fait adouber le projet par le père de Terminator tout en obtenant un avis de poids sur la démarche à suivre pour faire fonctionner son scénario[11][12]. La boucle (temporelle) est donc bouclée.
Fin de la première partie, rendez-vous dans les jours du futur passé à venir pour la seconde partie du dossier qui s’intéressera moins aux liens à Terminator qu’aux suites qui ont découlé de Days of Future Past comme de l’influence qu’à cette histoire encore aujourd’hui dans les comics, avec un petit détour par la case télé !
[1] Harlan Ellison retravaillera d’ailleurs par la suite sur cette histoire en l’adaptant en graphic novel avec le dessinateur Marshall Rogers pour DC, dans DC Science Fiction Graphic Novel #5. Le scénariste continuera d’étendre cet univers dès l’année suivante dans le graphic novel Night and the Enemy, illustré par Ken Steacy et publié par Graphitti Designs, ainsi que dans la nouvelle The Human Operators parue en 1971 et adaptée en 1999 dans la dernière version en date de The Outer Limits (Au-delà du réel : L’aventure continue, 1995-2002).
[2] La petit histoire stipule que ce procès fut intenté par Ellison non pas pour des raisons économiques mais avant tout pour faire reconnaître ses œuvres comme l’inspiration officielle du film, tandis que James Cameron se serait montré très réticent au départ, allant jusqu’à empêcher l’interview de paraître. Vous trouverez plus de détails (notamment sur d’autres possibles plagiats de Soldier, dont un épisode d’Incredible Hulk) sur ce site : http://futurewarstories.blogspot.fr/2012/09/fws-forgotten-classic-soldier-outer.html
[3] On ne présente plus Doctor Who, la plus vieille série de science-fiction toujours en activité qui suit les aventures du Docteur, un extra-terrestre de la race des Seigneurs du Temps qui peut voyager à travers le temps et l’espace et changer de visage lorsqu’il meurt.
[4] « I sure wish I’d realized my source at the time! Then I could have had one of the Sentinels say « We got the idea from an old ‘Doctor Who’ episode, » and my reputation as a writer of unsurpassed brilliance would have been assured! », voir la source ici : http://www.byrnerobotics.com/forum/forum_posts.asp?TID=16975&PN=0&TPN=1
[5] Voir ici : http://www.25moments.com/#!/moments/1984
[6] Il faut bien différencier le roman de Pierre Boule paru en 1963 des différents films qui en ont été tirés, l’œuvre originale neprésentant pas l’avenir de la Terre et encore moins l’ombre d’un quelconque voyage temporel dans un sens ou dans l’autre, mais se situait en fait sur une planète très similaire à la nôtre où les singes dominent les humains.
[7] Parue chez Marvel de 1979 à 1986 pour un total de soixante-quinze épisodes, Rom (pour « Read-Only Memory ») était une commande de l’entreprise Parker Brother destinée à promouvoir leur ligne de jouets du même nom, ce qui n’a pas empêché la maison d’édition de développer autour du personnage un univers parfaitement intégré à son univers partagé. Si Marvel a perdu les droits d’exploitation de Rom en 1986, cela concerne uniquement le personnage principal en armure et les concepts issus des jouets, les créations relevant uniquement de la série restant en théorie parfaitement utilisable pour la maison d’édition.
[8] « […] and lets the winds of eternity sweep her home. », traduction peronnelle.
[9] Madelyne Pryor, une femme ressemblant de manière troublante à Jean Grey qui se révèlera être son clone, sans que Scott ne s’en rende manifestement compte alors qu’il finit tout de même par se marier et avoir un enfant avec elle !
[10] « [Matthew] Vaughn [le premier réalisateur attaché au projet, nda] is going for a big sci-fi style thing with X-Men: Days of Future Past….(it’s) X-Men meets The Terminator. You’ve got robots, you’ve got time travel, you’ve got superheroes – it’s got everything in one film. », source : http://www.comicbookmovie.com/fansites/StuartGreen/news/?a=68898#vpdmBCmATP0G3hOv.99
[11] Source : http://themovieblog.com/2013/bryan-singer-spoke-with-james-cameron-about-time-travel/
[12] Bryan Singer a également déclaré s’être inspiré de The Time Machine (The Time Machine, adaptation du roman par George Pal de 1960), Retour vers le Futur (Back to the Future de Robert Zemeckis, 1985) et Looper (de Rian Johnson, 2012) pour concevoir sa vision du voyage temporel, soit des classiques incontestables du genre pour les deux premiers et une des meilleures surprises de ces dernières années pour le troisième. Source : http://uk.ign.com/articles/2014/02/24/talking-to-bryan-singer-on-the-set-of-x-men-days-of-future-past-part-2
Purée ! Ca c’est un dossier ! Au fur et à mesure de la lecture, je me demandais mais c’est qui le gars capable de faire un truc pareil. Et tout à coup , je vois ta photo, dernière agréable surprise d’un article riche, érudit et surprenant.
Merci de rappeler les racines littéraires de Claremont et celles des Morlocks. Cameron étant fan de Comics, il n’y a aucun doute sur les influences qu’il a pu glaner. On se posait récemment l’hypothèse de celle du Terminator de Rom dans un dossier consacré au Spaceknight. Content de voir qu’on est pas les seuls. L’analogie Wolverine / Terminator est aussi évidente que bienvenue. Merci pour ce long moment de bonheur !
Merci beaucoup pour ton commentaire ! Le pire avec ce dossier, c’est que dès que tu penses avoir fait le tour rapide de la question, tu te rends compte que tu as oublié un petit truc qui parfois se transforme en sous-partie entière… Tu donnes d’ailleurs un bon exemple avec les Morlocks, j’ai totalement oublié de mentionner que Claremont avait nommé u groupe de mutants difformes vivant sous terre comme les créatures de H.G. Wells !
Comme source littéraire évidente qui ont inspiré Claremont, on a bien sûr Shakespeare, avec le Morlock (encore eux !) Caliban et Kitty qui a adopté un moment le pseudonyme d’Ariel… rien d’étonnant quand on sait que ce bon vieux Chris est anglais (même s’il a déménagé très tôt aux États-Unis) et qu’il a tout d’abord voulu être comédien (ou réalisateur, à vérifier) ! Claremont a d’ailleurs une (petite) carrière d’écrivain de romans de science-fiction à côté de celle dans les comics, avec notamment une trilogie co-écrite avec George Lucas (oui oui, LE George Lucas de Star Wars) faisant suite au film Willow. Dans ses différents romans transpirait d’ailleurs la figure de la pilote rousse, si ça ne vous rappelle pas quelque chose ça…
J’ai lu justement l’article sur Rom il y a deux jours, j’ai trouvé ça marrant que l’on ait tous les deux relevés ce point ! Il ne fait aucun doute que les comics font partie des influences de Cameron, mais toute la difficulté repose de savoir précisément sur qu’est-ce qui a pu l’inspirer ou non… Et aussi ce qui a pu inspirer les gens qui ont coécrits les deux premiers Terminator avec lui (je n’ai pas poussé le vice jusqu’à regarder s’il avait écrit seul ou non les films), sans compter tout simplement l’influence des discussions qu’ils peuvent avoir dans la vie de tous les jours avec des gens qui eux ont pu lire Rom et compagnie… Supputer est un exercice sans fin, mais ô combien passionnant !
Et Sebastien Shaw ? Ne serait ce pas le nom d’une doublure de Darth Vader ? Bruce, l’ultra Geek…
Et Irene Adler, la seule femme ayant reussi à faire vaciller Sherlock Holmes…
Wow!!! Quel p*tain d’article!!! Marti, tout simplement bravoet merci.
@Bruce : Sebastian Shaw est le nom de l’acteur qui a prêté son visage à Darth Vader lorsque celui-ci apparaît à la fin du Retour du Jedi sous forme de fantôme… avant d’être remplacé par Hayden Christensen dans la version DVD… Je pense par contre que c’est là un simple hasard, ce prénom comme ce nom n’étant pas rares aux Etats-Unis.
Pour Irene Adler la filiation est par contre clairement assumée. Regardes-tu la série TV Sherlock ? L’interprétation d’Irene Adler y est brillante !
@Julien : Merci beaucoup ! La suite est en cours d’écrite, j’essaie de sortir ça au plus vite…
Oui, j ai vu la série Sherlock et l épisode en question mais je me suis très vite endormi. Je suis très réputé dans mon entourage pour être un peu chiant…
En fait il n y a que sur Internet que j ai l air sympa…. Je suis sympa hein ?
Par curiosité, il te faut combien de temps pour torcher ce genre d articles ?
Je viens de relire ta partie concernant Rachel Summers. Merci pour la migraine avant de me coucher, concernant son absence du futur non remarquée par Kitty…
Tu t’es endormi par manque d’intérêt ? J’ai revu cet épisode il y a quelques temps et je le trouve toujours aussi bon !
Cet article m’a pris beaucoup de temps, mais je serai incapable de te dire combien, puisque son écriture a été étalée sur environ un mois, avec parfois plusieurs jours où je n’écrivais rien faute de disponibilité… Mais si je mets toutes les heures passées dessus bout-à-bout ça a dû me prendre bien une semaine, si ce n’est un peu plus ! En fait j’ai produit plus que ce que vous avez là, à la base j’étais parti pour écrire un seul article que j’ai décidé de scindé en deux vu la masse de choses que je voulais y mettre au fur et à mesure de mes recherches, j’ai dû me séparer de 5/6 pages que je suis en train de nourrir pour devenir la seconde partie.
De rien pour la migraine, imagine la mienne quand j’ai essayé de formuler tout ça de manière intelligible ! La véritable difficulté de cet article était de savoir à qui il s’adressait : des connaisseurs confirmés en comics ? Les lecteurs « moyens » ? Ceux qui ne connaîtraient que les films ? Voire même pourquoi pas des gens qui s’en fiches des X-Men, voire des comics, mais qui aiment la SF ? Parce qu’avec ce type de sujet on peut toucher un public bien plus large, j’en ai fait l’expérience avec mes deux articles sur la représentation des musulmans dans les comics que plusieurs amis qui ne lisent pas de comics ont apprécié.
Tiens d’ailleurs je viens encore de me rendre compte que j’aurais pu (si ce n’est dû) évoquer : les fameux LMD (Life Model Decoy), double robotique toujours plus proche des humains au fil des années utilisés par le SHIELD, et en particulier Nick Fury. Apparu dans Strange Tales #135 en 1965, ils prédatent largement le Terminator, d’autant qu’on a eu depuis de nombreux LMD s’interrogeant sur leur véritable nature comme Max Fury.
Je suis très impressionné par cet incroyable analyse historique où j’ai appris énormément d’informations. Tu mets bien en valeur que tous ces créateurs sont influencés par leur culture et qu’un même concept peut finalement ressortir sous différentes formes à la même époque.
J’ai beaucoup apprécié le décorticage du futur de Rachel Summers qui m’a toujours semblé un peu gâché, Claremont ayant trop tardé à démêler cet imbroglio.
La note [2] me permet de mieux comprendre comment Ellison a acquis sa réputation de casse-pied.
Jack Kirby est parti de la série Kamandi au numéro 40, je ne suis donc pas sûr qu’il soit à l’origine de la filiation entre OMAC et Kamandi.
Le pire avec Rachel, c’est qu’un an après sa réutilisation par Claremont il était décidé que Jean reviendrait à la vie… à peu de temps près, il aurait donc été facile d’expliquer comment Scott et Jean pouvaient donc avoir une fille dans le futur !
Pour le coup Ellison était dans son bon droit. Il y a eu d’autres histoires de ce type avec lui ?
Je n’avais pas du tout fait attention au fait que Kirby n’était déjà plus sur Kamandi lorsque son arbre généalogique est révélé, merci de la précision ! Kirby n’avait-il pas pour autant placé des indices menant à cela durant ses épisodes ?
Harlan Ellison : « Ellison est très protecteur vis-à-vis de son travail, et a porté plainte -et gagné- de nombreuses fois pour reproduction et partage de produits culturels sans accord des ayants droit ». (extrait de wikipedia en français, sur wikipedia en anglais, il y a une partie « Controverses & disputes », et une partie « procès pour droit d’auteur », toutes les 2 bien étoffées).
J’ai lu les 40 épisodes de Kamandi relativement récemment et dans ma mémoire, le seul lien avec le reste de l’univers partagé DC est le costume de Superman. Wikipedia anglais (la page OMAC (Buddy Blank)) indique que la filiation OMAC/Kamandi trouve bien son origine dans l’épisode 50.
Je savais déjà pour le costume de Superman, et j’étais persuadé que Kirby avait initié la filiation, aux temps pour moi… Je vais me faire les deux tomes sur Kamandi par Kirby publiés par Urban pour me faire pardonner, si quelqu’un veut bien me les offrir !