Crédits :
Scénario : Garth Ennis
Dessin : Darick Robertson
Éditeur VF : Panini Comics
Format : 100%, collection MAX, contient la mini Fury : Peacemaker #1 à #6 (2006)
Date de sortie : 18 juillet 2012
Avis : l’histoire commence dans les sables tunisiens en 1942. L’armée américaine vient de débarquer en Afrique du Nord convaincue de sa supériorité. C’est lors de sa première vraie bataille contre les armées nazies que le jeune sergent Fury va se rendre compte du ramassis de conneries que leur commandement leur a raconté. Leur armement est à chier, leurs blindés ne tiennent pas la route face aux panzers allemands et leur aviation se fait mettre en pièce.
Fury ne sortira vivant de ce premier véritable affrontement que par pure chance. Lorsqu’il reprend conscience dans les débris de ce qui composait son unité, il rencontre l’officier allemand qui vient de le vaincre et qui s’est lancé à la poursuite des restes de l’armée américaine, qui vient de subir une déculottée de grande ampleur. Là Fury reçoit sa première leçon.
L’histoire avance ensuite 2 ans plus tard. Dans le désert tunisien, Fury a été formé aux attaques style guérilla avec un ancien para britannique lassé de la stupidité de l’armée. C’est sur ce modèle que Fury bâtira ses fameux « Howlings Commandos » rentrés dans la légende. Ceux-ci sont rapidement mentionnés mais ne font pas partie du récit. Fury est rappelé à Londres où on lui confie une mission qui pourrait bien mettre un terme à la guerre. En effet l’armée nazie est alors en pleine déroute, mais il leur reste suffisamment de forces pour en faire baver aux alliés.
La mission de Fury est simple : assassiner le dernier général nazi qui a la carrure pour diriger les forces armées allemandes, le jeune officier rencontré deux ans plus tôt en Tunisie. Bien évidemment rien ne se passe comme prévu et arrivé sur place le commando de Fury va être mis devant un choix impossible.
Je dois bien avouer ma surprise devant cette mini Fury. Signée par Ennis, je m’attendais à un récit provocateur, bourré d’insultes à tout va comme le scénariste nous y a habitué. En réalité, nous n’avons pas là le Garth Ennis provocateur, nous avons là le Ennis en mode récit de guerre. Le monsieur est en effet bien connu pour son amour des histoires sur cette période, qui ressort de manière régulière, soit au travers de comics de guerre que le scénariste produit (type Battlefield) ou même dans ses séries plus populaires comme The Boys, puisque certains pans de l’histoire prennent place lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Lors de toute la lecture on a un gros sentiment de « c’est moi où je suis en train de lire les 12 salopards en comics ? », du moins dans la première partie avec la sélection des soldats qui composeront l’unité de Fury. Autant le dire si vous n’aimez pas les récits de guerre autant laisser passer ce tome, car les références sont nombreuses. Que ce soit les premiers échecs de l’armée américaine en l’Afrique du Nord (jusqu’à la reprise en main par un certain Patton), à la retraite nazie hors de Russie (ou plutôt la débandade hors de Russie), les événements sont relatés sans trop de détails, mais sont assez conformes à la réalité historique.
Bien qu’Ennis soit dans le récit de guerre, j’ai trouvé que la manière dont il dépeignait certains officiers nazis volontairement ambigus, non pas comme des massacreurs de masse mais comme des patriotes qui veulent avant tout, dans les derniers jours de la guerre, empêcher que la Russie mette la main sur leur pays assez dérangeante.
On ressent donc un certain malaise, d’autant que les exactions commises par les SS (camps de la mort, déportations en masse, …) ordonnées par les instances nazies étaient parfaitement connues des haut gradés de l’armée. Tout comme les massacres de masse commis en Russie et dans toute la partie slave de l’Europe… Le fait de voir Ennis présenter l’officier nazi que Fury et ses hommes sont venus abattre comme un homme ayant un certain sens de l’honneur est donc assez étrange.
Cet officier prend d’ailleurs tellement de place dans le récit que parfois j’ai eu l’impression qu’Ennis en oubliait qu’il écrivait une mini sur Fury ! En fait il ne reprend vraiment « la balle » que vers la fin avec ce qu’on pourrait appeler la naissance de Fury en tant que chien de guerre. Il n’est dès lors pas très éloigné de la caractérisation choisie par Ennis dans sa précédente mini Fury, à savoir que le bonhomme n’est motivé par rien d’autre que par sa soif de combat et qu’il n’existe vraiment qu’au travers de la guerre.
On comprend qu’il finit la mini heureux comme un loir quand il comprend que la fin de la Seconde Guerre amorce déjà une pléthore de nouveaux conflits partout dans le monde : contre les russes, en Asie, en Afrique. Les terrains de jeu ne vont pas manquer pour Fury.
Dessin : Niveau dessins, on peut sentir par moment que Robertson n’est pas à 100%. Le problème est que le dessinateur a le défaut de ses qualités, à savoir qu’il est avant tout excellent pour les gueules cassées, marquées par le temps et les coups durs. Dans le cas présent on ne retrouve que par moment ce style très détaillé, sans doute pour des raisons de délai à tenir. Robertson va au plus vite.
Note : 7.5/10 : dans l’ensemble une bonne mini conseillée où Ennis lance quelques phrases assez marrantes, du style « la guerre sans l’armée… »
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