Paris Manga & Sci-Fi Show : un festival au succès bridé

Bannière PMS

Ce week-end se tenait au Parc des Expsositions de Paris l’édition automnale annuelle du Paris Manga & Sci-Fi Show. L’occasion pour les fans du pays du soleil levant et autres otakus d’assouvir leurs passions, mais aussi pour les geeks de patienter jusqu’au prochain festival du genre, en retrouvant artistes issus de la bande dessinée américaine, acteurs de séries TV et autres geekeries. L’évènement fut-il un succès ? Aperçu du festival par notre reporter de choc.

Jean-Lau
L’avis de Jean-Lau

Samedi 1er octobre, 9h30, Paris. Dans les entrailles de la rame de métro numéro 12, les passagers intrigués remarquaient dans la foule alentour quelques étranges usagers accoutrés de costumes aux couleurs bigarrées et chatoyantes. Certains avaient les cheveux roses, certains des katanas dans le dos, d’autres encore n’avaient pour signes particuliers que des yeux sanguins et des crocs aiguisés. S’agissait-il d’un flashmob organisé à la hâte, ou d’une invasion d’extra-terrestres extravertis ? Le doute planait encore jusqu’à la sortie de la Porte de Versaille, où tout ce petit monde descendit pour se rendre en masse, comme des lemmings instinctivement attirés par une falaise, au Parc des Exposition de Paris. Là, devant la porte, certains hésitaient encore. Fallait-il ? Devait-on ? Mais l’instinct reprenait vite le dessus, et la majorité passait les portes pour se rendre dans une importante file d’attente, juste devant le Hall 2.

Arrivée au Paris Manga

Une fois à l’intérieur, et les hôtes délestés de 10€, chacun pouvait s’adonner librement à ses plus vils instincts ses passions les plus secrètes, sans craindre désormais le regard inquisiteur des non-initiés. Un joyeux remue-ménage se créait bientôt dans le hall, où la chaleur montait rapidement sous le nombre sans cesse croissant des visiteurs.

On y retrouvait tout ce qui fait la culture nippone, que ce soit les inévitables stands de ventes de katanas et autres répliques, de coffrets d’animés japonais ou encore tout simplement de mangas papiers. Les figurines inspirées de personnages de mangas connaissaient elles aussi un succès non démenti, qu’il s’agisse de figurines articulées à vendre, ou de pièces de collections rares et chères exposées pour le simple plaisir des yeux.

FigurinesFigurines

D’autres stands, nombreux mais plus divers, proposaient de véritables kits de l’Otaku sans peine. Costumes classiques ou modernes et accessoires pour filles, nécessaires de cuisine et friandises importés pour les plus gourmands, goodies inutiles mais indispensables pour les plus dépensiers, rien ne manque pour compléter sa panoplie de fan de culture nippone.

De bien jolis uniformesMiam Miam

Seul regret parmi les stands commerciaux, l’absence de stands de nourritures à déguster sur place. Ici, un seul stand de boisson était proposé, le reste du salon étant trusté par des enseignes traditionnelles de restaurants faisant partie intégrante du hall, et donc difficile à évincer. En gros, les boutiques sur le festival représentaient deux bons tiers de la superficie totale du hall, tout comme le laissait deviner le plan, où les stands culturels listés étaient moitié moins nombreux. Ils étaient pourtant les plus intéressants, que ce soit par leur diversité, ou par les thèmes abordés, la plupart toujours en relation avec le Japon.

Ainsi, l’on pouvait retrouver dès l’entrée le stand de l’association française de Haidong Gumdo, art martial au sabre traditionnel coréen, dont les licensiés offraient des démonstrations impressionnantes au public.

Haidong GumdoMah-Jong

Autres éléments de culture japonaise présentés aux visiteurs, les jeux de société tels que le Go ou le Mah-Jong permettaient à un public novice de s’initier aux joies des parties à plusieurs (Rhooo !), et surtout, de profiter de s’asseoir dans ce festival durant lequel on passe la majorité du temps à piétiner entre les stands. Un moment de détente bien mérité donc.

En parlant de détente, les plus chanceux auront pu profiter des bienfaits d’une séance de massage shiatsu d’un quart d’heure, offerte par des professionnels au planning rapidement complet.

Jeu de Go    Massage shiatsu

Autre thème cher aux fans de culture japonaise, les jeux vidéos étaient largement représentés sur ce festival, qu’il s’agisse de jeux rétros d’influence indéniablement nippone (Double Dragon, la franchise Street Fighter ou encore le dernier né des jeux Dragon Ball), ou de jeux plus récents et internationaux. Les jeux musicaux se taillaient d’ailleurs la part du lieu, qu’il s’agisse du classique Dance Dance Revolution, véritable phénomène populaire au Japon, ou des plus récents volets de Guitar Héro, Rock Band et autre Just Dance plus américanisés, mais connaissant le même engouement auprès du public.

Jeux vidéoJeux vidéo

Mais le stand le plus original cette année provenait probablement d’une passion non pas originaire du Japon, mais devenu un véritable phénomène de mode là-bas. Il s’agissait d’un loisir créatif sur papier pas si loin finalement de l’origami, mais moins complexe bien que tout aussi difficile : le papercraft, aussi connu sous le nom de maquette en carton, bien qu’il s’agisse le plus souvent de papier. Cette activité, qui rappellera sûrement des souvenirs à plus d’un, demande une patience inouïe, mais promet des résultats ahurissants, comme le prouve les quelques modèles exposés par des passionnés de la discipline présents sur le stand.

Nintendo    Bob l'Eponge

Si aucun modèle, monté ou à faire soi-même n’était à vendre, c’était cependant l’occasion de s’en mettre plein les mirettes, avec des pièces magnifiques, comme ce modèle du vaisseau d’Albator, réalisé à partir de canettes de bière selon une méthode dérivée du papercraft. Une façon originale de mélanger sa passion pour le loisir créatif, les animés japonais et la biè… euh, non, c’est tout.

Albator

Enfin, d’autres stand, souvent situés à la périphérie, permettaient aux otakus les plus extrêmes de s’épanouir pleinement en s’adonnant aux joies du karaoké de génériques télévisés, ou à des quizz géants portant eux aussi sur le thème des manganimés.

N’oublions pas non plus de mentionner les quelques invités d’honneur du festival, qu’ils soient mangakas, créateurs d’animés japonais ou doubleurs de séries télévisées, qui passaient parfois dans les allées entourés d’un cortège d’accompagnateurs. Leur succès sur les stands de dédicace était certain, à en croire les bouchons qui se créaient dans les allées adjacentes.

Pour finir, comment parler de passion nippone sans mentionner le véritable intérêt de ce genre de festival, présenté non pas par les exposants, mais par les visiteurs eux-même : je veux bien sûr parler de cosplay !

Cosplay

Cette 11ème édition du festival Paris Manga Show était une nouvelle fois l’occasion de découvrir des cosplay tous plus réussis les uns que les autres, et les divers participants ne manquaient pas d’idée pour nous permettre de nous rincer l’œil. Ainsi, de la traditionnelle lolita aux personnages d’animés, en passant par des figures incontournables du jeu vidéo japonais, c’est à un florilège de costumes plus ou moins réussi, mais tous accomplis avec passion, auquel nous avons eu droit. Les concours de cosplay ont d’ailleurs récompensé les costumes les plus méritants.

Cosplay    Cosplay

Cosplay    Cosplay

Intéressons-nous maintenant à l’autre morceau du nom du festival, le côté « Sci-Fi ». Sous ce titre assez précis et trompeur se cachait en vérité une accumulation de stands plus divers les uns que les autres, et dont le point commun était plus le mot « passion » que véritablement « science-fiction ». Ainsi, si l’on retrouvait effectivement ce côté Sci-Fi à travers des stands consacrés à l’univers de Star Wars notamment, et l’inévitable échantillon d’acteurs de séries américaines faisant payer cher pour une photo à leur côté, les stands consacrés aux autres passions geek, représentant un petit quart du festival, étaient si éclectiques qu’ils semblaient parfois avoir été implantés là pour venir grossir tant bien que mal les rangs de cet autre univers.

Ainsi, parmi quelques étrangetés, on retrouvait un stand de maquillage assez impressionnant et qui faisait le relais entre otakus et geeks, des vampires proposant la confection de crocs sur place, et des stands d’accessoires geeks toujours aussi farfelus.

Parmi les stands qui se démarquaient du lot, on pouvait remarquer le bruyant mais attractif ring de catch, où la star Joe E. Legend invitait les plus courageux à s’initier à la discipline, voire à disputer quelques prises avec l’entraîneur de nombreux catcheurs professionnels.

MaquillageCatch

Hormis un stand commercial assez conséquent consacré aux jeux vidéo, de nombreuses autres boutiques proposaient de nombreux comics, à des prix très différents d’un stand à l’autre, et avec une amabilité toute relative selon les vendeurs.

Mais la crème de la crème cette année côté Sci-Fi était proposée par le stand de nos collègues de la WIP Agency, certainement l’endroit incontournable pour les fanboys de culture comics. Ainsi, de nombreux auteurs internationaux tels que Gary Erskine, James Hodgkins, Renato Guedes et Doug Braithwaite cotoyaient des artistes frenchies dont Julien Hugonnard-Bert, Rémi Dousset, Guile Sharp et bien d’autre encore (pardon à eux de ne pas les citer). Entre dédicaces gratuites et skectches payants, chacun pouvait y trouver son compte. Une partie du stand était aussi consacrée à la vente de comics, VO comme VF, à des prix défiant toute concurrence (message personnel : j’enrage contre le visiteur qui a récupéré les Roots of Swamp Thing 2 à 5, et qui ne m’a laissé que le numéro 1 pour me consoler).

Wip AgencyGreg Horn

Greg Horn, invité d’honneur du festival, avait quant à lui droit à un stand pour lui tout seul, où il proposait à la vente des impressions de ses plus belles couvertures de comic-books. On regrette un peu que l’artiste ne se soit pas prêté au jeu des sketches, même payant, mais malgré cela, il trouvait toujours un instant pour discuter avec les visiteurs, signer quelques comics et prendre des photos.

Enfin, les cosplayeurs comics et geeks étaient eux aussi présents, bien que plus discrets sur le salon. Leurs costumes étaient pourtant tout aussi réussis.

Cosplay    Cosplay

Cosplay    Cosplay

Bref, bien qu’assez limité, le côté Sci-Fi réservait pourtant quelques bonnes surprises aux visiteurs. On regrettera cependant qu’il n’y ait pas eu de débats ou de conférences organisés sur les divers thèmes présentés, ni de quizz ou autres petits concours.

Conclusion :

Un bilan assez mitigé pour cette 11ème édition du Paris Manga & Sci-Fi Show. Malgré un contenu très diversifié et des atouts indéniables, le côté merchandise omniprésent et l’étroitesse des avenues mal adaptées à l’affluence importante que connait de ce genre d’évènement, en gâchent un peu la visite. Le salon n’était pourtant pas boudé par un public composé de fidèles en tout genre qui répondaient présent au rendez-vous, assurant au festival un succès pérenne.

Les points négatifs à retenir sont donc un manque évident d’originalité du festival par rapport à son concurrent direct, la Japan Expo et Comic Con qui se tient tous les ans début juillet à Villepinte. Proposer du contenu inédit et exclusif serait un atout certain à la manifestation. En charge aux organisateurs de trouver des idées innovantes pour la prochaine édition de février.

D’un autre côté, la partie réservée aux geeks plus orientés comics et univers fantastiques paraissait trop restreinte. Serait-ce dû à l’incertitude d’avoir un public friand de ce genre d’évènement ? Une fois encore, les organisateurs se retrouveront sûrement pour les prochaines éditions à devoir faire un choix crucial, entre agrandir la partie Sci-Fi, ou la supprimer totalement, quitte à proposer une édition indépendante consacrée à ces thèmes. Un choix qui pourrait s’avérer dramatique pour l’expansion de la culture geek et surtout comics en France.

Jean-Lau Nonö et Doug

A propos Jean-Lau 20 Articles
Fan #1 devenu au gré des rencontres membre de l'équipe, il partage ses coups de cœur comics, cinés et animés ainsi que sa passion pour la bande dessinée en général.

3 Comments

  1. Ce que je déplore également c’est le manque d’artiste faisant des Free Sketch. Et surtout l’augmentation des prix ! Le prix d’un buste encré oscillait entre 15et 30 voir 40€. 

    On se dirige de plus en plus vers un système américain. Je ne demande pas de magnifiques dessins gratuits mais un crayonné comme le faisait Romano Molenaar l’an dernier (visible sur ma page FB pour ceux qui m’ont) est amplement suffisant pour un geek sans forcément beaucoup d’argent.

    Du coup, cette année, je suis revenu avec un seul dessin (et pas des moindre) mais bon, c’est saoulant quand même. Pour cela, vive le LCF ! 

  2. Outre, effectivement les prix aberrants (la même figurine pouvait passer du simple au double d\’un stand à l’autre) et une organisation particulièrement hasardeuse, je retiens surtout des activités à l\’intérêt limité qui, du coup, n\’attiraient pas grand-monde. Donc obligés de rester dans les allées, avec l\’impression d’être en train de faire la queue. Arg!
     Bon, l\’after était cool. Bwahahaha

    • Je cherchais la touche « Je Plussoie », mais je l’ai pas trouvé.

      Effectivement, l’after était vraiment sympa, à se refaire plus souvent !

      Bonne soirée à toi et à très bientôt.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.