Et allez, après les Fantastic Four et Spider-Man, on enchaîne avec l’autre très grande franchise de Marvel, surtout depuis son retour au premier plan l’année dernière, les X-Men ! Tout le monde connaît mon amour très spécial pour cette franchise et il a fallu que je contienne mon…enthousiasme pour ne pas citer des périodes/ des runs entiers…Donc non, pas de X-Men par Morrison, car pour moi il faut tout lire dedans !
PROTEUS/DARK PHOENIX SAGA / DAYS OF FUTURE PAST
Épisodes : Uncanny X-Men # 125 à 128 puis Uncanny X-Men # 131 à 137 et Uncanny X-Men # 141 et 142.
Auteurs : Chris Claremont & John Byrne
Avis : ou la sainte trinité mutante, les 3 histoires que tout fan des X-Men se doit de lire à un moment donné, les 3 arcs qui ont défini une grande partie de ce que sont les X-Men à travers le temps. Des 3, je pense que la Dark Phoenix saga est sans doute la meilleure, le climax de presque 3 ans d’intrigue qui se révèle à la hauteur des attentes, voire qui les surpasse. Ce n’est pas un hasard à mon sens, si la plupart des auteurs sont retournés de manière récurrente vers ces intrigues et ces histoires au fil des décennies suivantes. Je vais éviter de rentrer plus dans le détail, car à ce stade je pense que tout le monde connaît ne serait-ce que de nom les sagas en question.
Verdict : est-ce mieux que Born Again ? je dirai que Dark Phoenix saga est au même niveau…mais est aussi dans un genre assez différent donc difficile à comparer. Après tout, cette saga s’aventure vraiment dans le domaine de la SF pure, alors que Born again reste assez terre à terre presque tout du long. Nous avons certes l’apparition des Avengers à la fin, mais Miller fait attention de garder dans l’ombre les éléments en dehors de la sphère de DD, comme Thor qui est à peine esquissé.
LIFEDEATH I & II
Épisodes : Uncanny X-Men # 186 & 198
Auteurs : Chris Claremont & Barry Windsor Smith
Avis : les deux épisodes Lifedeath sont selon moi des épisodes extrêmement importants dans l’histoire des X-Men. En premier lieu, pour le personnage de Storm qui connaît des évolutions lourdes de conséquences et en second lieu parce qu’ils montrent bien l’étendue du talent de Claremont en tant qu’auteur. Ce n’est pas un hasard si ces épisodes sont situés dans l’un des pics créatifs de Claremont, ici entre l’épisode 168 et 205 qui constitue l’une des meilleures périodes du titre, mais qui représente aussi un moment particulier dans son run.
Loin des sagas très portés sur la SF qu’il avait produit avec John Byrne et vus plus haut, dans ces épisodes il adopte une approche presque intimiste avec ses personnages, et les développe plus que jamais dans le cadre d’arcs assez courts. Il y a bien entendu de l’action et de l’aventure, mais par exemple, les éléments cosmiques disparaissent presque entièrement durant cette période.Il y a quelques petites mentions ici ou là, avec l’apparition du père de Cyclops ou encore les Dire Wraiths qui apparaissent dans le premier Lifedeath mais il semblent presque en décalage complet avec le reste de la série.
C’est vraiment à cette période que le titre gagne en maturité, et commence à s’intéresser à des histoires bien plus adultes. Lifedeath peut quasiment faire l’objet d’une étude à part entière, tant il y a d’épaisseur dans cet épisode, bien plus que dans Lifedeath II en tout cas selon moi. Bien évidemment l’autre grande force de ces épisodes, c’est la présence de Barry Windsor Smith au dessin qui apporte une sensibilité très différente à l’histoire. Il renforce ce côté intimiste, proche des personnages, ainsi que la dimension plus adulte que Claremont veut injecter.
Verdict : est-ce mieux que Born Again ? si l’on retire certains éléments hors de propos comme les Dire waiths dans le premier Lifedeath..je dirai qu’ils se situent au même niveau en ce qui concerne l’exploration de personnage et la partie graphique est chaque fois sublime. Donc je dirai au moins au même niveau.
THE WOLVERINE
Épisodes : Wolverine # 1 à 4
Auteurs : Chris Claremont & Frank Miller
Avis : l’année 1983/84 demeure vraiment un moment incroyable dans l’histoire des X-Men, puisqu’alors que Claremont écrit certains de ses meilleurs épisodes sur Uncanny X-Men, il réalise en parallèle, la mini série Wolverine avec Frank Miller…qui a marqué une génération de lecteurs et qui 35 ans plus tard reste une référence presque sans compétition ! elle se situe également dans ce moment où Claremont est avant tout intéressé par le développement de ses personnages et moins par les grandes sagas qui s’étalent sur plusieurs années.
Et après Storm dans Lifedeath, c’est Logan qui est examiné de près ici alors que les deux aspects de sa personnalité s’affrontent ici de manière mortelle. En fait, on comprend bien que Yukio et Mariko représentent ces deux aspects. Yukio est le côté animal, sauvage, libre de sa personnalité, tandis que Mariko est le symbole de l’homme honorable, qui respecte un code à tout prix, qu’il souhaite devenir. Et toute la mini série tourne autour de ce conflit, du choix qu’il doit faire entre ces deux aspects, entre ces deux femmes.
Et cette décision est au centre également de tout l’arc du personnage que Claremont a voulu mener sur Logan : est il un homme ou un animal ? Un débat qui est assez clairement passé à la trappe après son départ. Au niveau graphique, nous avons un Miller qui sort de deux années sur DD et qui continue d’explorer les possibilités du story-telling en matière de comics et comment le rapprocher de celui du cinéma. Ce qui donne des mises en pages réellement prenantes, d’autant plus que Claremont savait alors quand être muet et laisser parler le dessin…
Verdict : est-ce mieux que Born Again ? je dirai que c’est là aussi du même niveau, bien que l’on puisse défendre le fait que Mazzuchelli soit un meilleur artiste que Miller…
WEAPON X
Episodes : Marvel Comics Presents #72-84
Auteurs : Barry Windsor Smith
Avis : sans aucun doute l’une des meilleures histoires jamais publiées par Marvel, l’histoire la plus importante concernant le personnage de Wolverine et un récit tellement marquant qu’il ne cesse d’être exploré encore et encore par des générations d’auteurs. Il faut dire qu’outre le fait de répondre à l’une des questions les plus brûlantes posées par les fans, à savoir comment Wolverine s’est retrouvé avec un squelette en adamantium, Barry Windsor Smith s’en sert pour raconter une intrigue d’une profondeur étonnante.
Ce qui est ironique, est que comme Kraven’s Last Hunt, Wolverine joue ici un rôle quasi secondaire, alors que Smith raconte l’histoire au travers de la perspective des scientifiques qui mènent leurs expériences sur un Logan dont on a lavé le cerveau, réduit au simple rang d’objet, d’outil auquel ils peuvent faire ce qu’ils veulent. C’est une réflexion réellement perturbante sur l’humanité, alors que tout d’abord Wolverine perd la sienne au début du récit.
En parallèle, nous voyons comment les scientifiques ivres du pouvoir qu’ils ont gagné au travers de leur contrôle de leur nouvelle machine perdent également la leur. Mais alors qu’ils perdent tout sens moral…Logan de manière infime, progressive regagne peu à peu un début d’humanité…Le parallèle entre les deux est magistralement géré et servi par une partie graphique qui hante encore les lecteurs.
C’est un récit d’une force incroyable qui plus de 30 ans après sa publication demeure d’une modernité stupéfiante.
Verdict : est-ce mieux que Born Again ? c’est au moins au même niveau en tout cas…mais vous savez quoi, je pense que c’est un des rares comics que l’on peut considérer comme supérieur. La profondeur du scénario allié au travail de Smith sur la partie graphique qui assume quasiment tout sur le bouquin en font un chef d’oeuvre indéniable.
GOD LOVES, MAN KILLS
Episodes : one shot
Auteurs : Chris Claremont & Brent Anderson
Avis : autre point important de l’histoire des X-Men, God Loves Man Kill reste sans doute la meilleure incarnation de l’écriture des mutants par Claremont. Ici il ne se cache plus vraiment derrière une “métaphore” raciale, il expose les mutants directement au racisme ordinaire d’un homme sans pouvoirs, autre que son emprise sur ses ouailles fanatiques. Ce n’est pas un hasard si les meurtres qui ouvrent le bouquin sont commis contre des afro-américains ! Claremont peut ici dérouler tout son argumentaire, les visions complètement opposées entre Striker et Xavier sur ce qu’est l’humanité, ses limites…c’est clairement une oeuvre qui appelle à repenser à un certain nombre de choses que nous prenons pour acquis dans notre acceptation de ce qu’est l’humanité…
Verdict : est-ce mieux que Born Again ? si niveau scénario, nous avons clairement l’un des meilleurs trucs qu’ait produit Claremont, je suis moins emporté par le style graphique plus classique d’Anderson. Il sert parfaitement le récit, mais j’ai toujours eu du mal avec la colorisation…
DARK ANGEL SAGA
Épisodes : Uncanny X-Force # 11 à 19
Auteurs : Rick Remender & Jerome Opeña, Mark Brooks, Scott Eaton, Esad Ribic, Robbi Rodriguez
Avis : ou comme vous pouvez le noter, la seule saga majeure moderne que je cite dans cet article ! il y a eu des grands runs depuis le départ de Claremont, mais je pense qu’aucun n’a encore atteint le niveau de ce dernier…bien que Hickman atteigne de très hauts niveaux dans Hox/¨Pox, il serait selon moi difficile de l’intégrer ici car nous n’avons pas encore assez de recul dessus.
Mais la Dark Angel saga approche de ses 10 ans (elle a été publié en 2012 et oui, déjà) et a marqué les lecteurs dès sa sortie…et continue de les marquer. Elle n’a pas perdu de sa force et le scénario de Remender reste incroyablement puissant, embrassant des décennies de continuité mutante pour se l’approprier et amener l’ensemble vers de nouveaux sommets.
Je crois que l’un des points forts du scénario, qui lui permet d’aller aussi loin est sans doute que Remender n’a pas peur de faire dans l’épique, le grandiloquent et surtout le tragique. Quelque chose que peu d’auteurs au cours des 20 dernières années ont osé faire, souvent trop obsédés par le besoin de caler une petite blagounette au cours d’échanges tendus …
Verdict : est-ce mieux que Born Again ? je dirai que c’est en deçà, pour une bonne raison : le côté inégal de la partie graphique. Opeña aurait dessiné l’ensemble de l’histoire, j’aurais dit qu’il aurait pu rivaliser. Mais là nous avons une demi douzaine d’artistes, aux styles très différents sans cohérence entre eux. On sent que le staff edito voulait juste que les épisodes sortent à l’heure et que le reste n’avait guère d’importance…C’est dommage, car s’il s’agit là d’une très grande saga…elle aurait pu aller encore plus haut.
Difficile de choisir entre « PROTEUS/DARK PHOENIX SAGA / DAYS OF FUTURE PAST » et « God loves, Man kills ». Je pencherai néanmoins vers la première.
En troisième position, l’ère de Grant Morrison.
Trop tôt encore pour parler de l’ère actuelle.
Je suis d’accord pour tous ces choix. Et je suis d’accord pour parler d’ère Morrison. Il est difficile d’en extraire une histoire en particulier, car comme souvent avec cet auteur, tout son run constitue une seule et grande histoire cohérente où tout se rejoint à la fin.
On verra pour l’ère actuelle, mais en tout cas Hox / Pox quoiqu’il arrive restera je pense longtemps comme une grande histoire des X-Men.
La trinité Claremont est pour moi insurpassable ! Il faut dire que j’ai découvert les X-Men avec cette période (un bien comme un mal, dur de retrouver une telle qualité après). Sinon perso je rajouterai Astonishing X-Men de Whedon. Ça ne surpasse peut être pas les runs cités mais c’est un passage culte pour moi.
Pour l’instant, il est clair que cette trinité Claremont / Byrne n’a jamais été surpassé par la suite. Cela demanderait d’avoir un auteur ayant la vision de Claremont & Byrne, la sensibilité du scénariste dans la gestion des personnages et le sens novateur de Byrne en matière de SF et de narration. Avec en plus une grande stabilité créative au cours de ces 3 années. Il faudrait avoir de nouveau un duo créatif de ce niveau pour y arriver. Et quand on voit combien Marvel fait bouger ses dessinateurs de tous les 6 épisodes…Je veux dire, Hox/Pox ont aussi bien fonctionnés car il y avait une vraie entente entre Hickman et Larraz et R.B.Silva et que fait Marvel ? ils mettent les deux artistes sur d’autres bouquins (Empyre) qui personnellement ne m’intéressent pas…
Concernant les X-Men de Whedon, je suis aussi un gros fan de ce run. Il est bien moins novateur que celui de Morrison, qui selon moi a complètement réinventé ce que sont les X-Men pour le 21e siècle, mais il a sans doute une meilleure compréhension de ces personnages que Morrison. Thématiquement Morrison lui est supérieur, en termes d’écriture de personnages, Whedon les comprend mieux. C’est pour cela quand ce run s’est terminé j’étais triste de quitter les personnages, car je savais que s’ils étaient toujours là…l’auteur suivant ne les écrierait pas aussi bien…
Des histoires citées, je mets en avant :
-LifeDeath I et II, situées en plus dans l’une de mes périodes préférées jusque-là, à savoir la période Claremont & Romita Jr. Certes, il y a beaucoup de rotativité dans les dessinateurs, et beaucoup de « grim ‘n gritty », mais c’est aussi le moment où Claremont met le frein dans les grosses aventures et raconte des histoires intimistes, et explore les relations entre les personnages. Enfin, tout ça jusqu’à Mutant Massacre, et ce qui allait suivre ensuite (Fall of the Mutants, Inferno, la période Australienne dessinée par Silvestri et Leonardi, et l’arrivée de la superstar Jim Lee). D’ailleurs, curiosité, il y a eu un « LifeDeath III », mais sorti en indé par BWS sous le nom de « Adastra in Africa ».
-Weapon X, avec son ambiance horrifique
« God Loves, Man kills », j’aime bien mais faut que je la relise.
Des histoires non citées :
-le one-shot qui se passe durant la période Morrison, dessinée par Quitely, et qui se passe durant le mois du « ‘Nuff Said » (où tous les comics ne devaient contenir aucun dialogue). New X-men #121.
-X-Force #19, où les jeunes de la X-Force décident de s’émanciper, suite à « X-cutionser’s song » [chant du bourreau] et la disparition de Cable
-le one-shot qui se déroulait pendant la période australienne, Uncanny X-men #245, qui parodiait « Invasion » (un event de chez DC), avec la JEAN BOMB. Et même le dessin du compère Liefeld n’enlève en rien au fun de l’épisode.
Bonjour
Tout d’abord merci pour ce très bon site…
Est ce possible d’avoir les titres en français et le cas échéant les albums dans lesquels ces titres peuvent être contenus
Merci
Lionel
La bonne nouvelle est que la plupart de ces épisodes sont disponibles dans des intégrales X-Men et Wolverine en VF :
– la grande trinité, tu pourras la trouver dans intégrales 1979 et 80 de X-Men
– Intégrale X-Men 84 / 85 : Lifedeath I et II
– The Wolverine : 1ère intégrale Wolverine
– Weapon X : tu pourras le trouver dans marvel select, mais il y a plusieurs éditions
– GOD LOVES, MAN KILLS : réédité en graphic novel en début d’année
– DARK ANGEL SAGA : réédité en deluxe
« L’arme X » et « Dieu créé, l’homme détruit » sont des one shot sortis dans différentes collections (le 2eme a été de nouveau réédité en janvier).
Wolverine est contenu dans la 1ère intégrale. La trinité de Claremont ce sont les intégrales 1979, 80 et 81. Lifedeath il me semble que c’est l’année 85. Enfin la saga de l’ange noir c’est le 2ème tome de la série Uncanny X-Force.
D’accord avec tous ces choix. Est-ce aussi bon que « Born Again » ? En tous cas, il s’agit d’exemples de séries portées à leur sommet. Je rajouterais quand même la première saga des Brood avec Paul Smith aux dessins et « le Massacre des mutants ». Et puis j’ai un gros faible pour la période Marc Silvestri, Uncanny X-Men 246-261, des épisodes excellents qu’on pourra nommer « X-Men : la séparation » (avec un petit peu de Jim Lee aussi, ça ne gâche rien). Sinon « Les Nouveaux Mutants » 18-20 , la Demon Bear Saga ?
Wolverine et Weapon X sont vraiment à part, je les aime d’un amour profond et pur.
Mais j’ai une affection particulière pour la période australienne des Xmen, après le passage du seuil du Péril (à Dallas si je me souviens bien ?). On avait atteint là une maîtrise parfaite à la fois du groupe comme des individualités.
PS : Weapon X à été réimprimé il y a peu dans son édition très grand format avec jaquette/poster.
Ah, Eliju, j’ai également une grande tendresse pour la période australienne des X-Men qui correspond à l’époque où je suis devenu réellement accroc à la série.
Tous les personnages étaient très attachants, et on naviguait vraiment en terre inconnue niveau histoire.
Je garde particulièrement en mémoire la période pré-Inferno durant laquelle Madelyne Pryor-Summers sombre peu à peu dans la folie après le retour de Jean Grey dans les bras de Scott, juste avant de devenir la Reine-cuissardes-en-cuir-decolleté-de-la-mort-Démon.
La page sur laquelle elle apparaît en robe bleue pour allumer son beau-frère, le pauvre Havok qui fait un footing sans rien demander à personne, restera à jamais gravée dans ma mémoire d’adolescent boutonneux (merci Marc Silvestri !!!).
Une robe bleue ça compte pour une histoire ???