Spécialement Strange #1 – The Amazing Spider-May

Crisis on Infinite Aunt !

Nous inaugurons aujourd’hui une nouvelle rubrique sur Comixity : Spécialement Strange ! Le but de ces articles sera de revenir sur des personnages, des histoires ou encore des concepts drôles, ridicules ou défiant tout sens de la réalité, bref toute une partie de ce qui fait finalement le charme des aventures de nos héros costumés ! 

Ce premier article est inspiré par l’event Spider-Verse qui vient de s’achever aux États-Unis mais ne contiendra absolument aucun spoiler sur l’intrigue, seuls quelques-uns des personnages introduits dans l’histoire seront évoqués.

« Tante May son superpouvoir, c’est de faire des crises cardiaques à répétition sans jamais mourir ! »

Spider-Ma am
Et ce n’est même pas la version alternative de Spider-Man la plus surprenante !

On a tous déjà entendu ce type de blague sur la célèbre tante de Spider-Man qui n’en finit pas de ne pas mourir malgré tous ses problèmes de santé, et pourtant elle est en quelque sorte erronée : May Parker possède bien des capacités hors-normes… dans certains mondes alternatifs, comme en témoigne l’apparition d’une version arachnéenne de cette bonne vieille tantine dans l’event Spider-Verse orchestré par Dan Slott. Un petit délire de la part du scénariste, qui s’était dit qu’à côté d’un spider-dinosaure[1] et d’un spider-cochon[2] elle ne fera pas trop tâche ? Même pas ! L’auteur n’a fait que reprendre une très vieille histoire publié dans un épisode de What If, cette série publiée à partir des 1978 où le Gardien présentait au lecteur des univers parallèles où certains évènements se déroulent différemment, Spider-Man se tapant d’ailleurs la vedette dans le premier numéro qui le montre rejoindre les Fantastic Four, à la différence de celui que l’on connaît qui avait infructueusement tenté le coup dès Amazing Spider-Man #1.

Un air de déjà-vu ?
Un air de déjà-vu ?

Si la série présente généralement des récits assez sérieux, il n’est pas rare que les scénaristes se lâchent un peu avec des idées plus farfelues, comme en 1980 dans What If #23 qui réécrit la fameuse morsure de l’araignée radioactive, qui donne cette fois-ci non pas des pouvoirs à Peter mais à sa tante ! Cette histoire aurait également pu s’intituler « et si Peter avait oublié son repas sur la table de la cuisine le jour où il a obtenu ses pouvoirs. » puisque c’est en amenant sa nourriture à son neveu tête-en-l’air (et finalement pas monte-en-l’air) que la main de May va malencontreusement entrer en collision avec les crocs de l’arachnide irradiée. Le scénariste Steve Skeates et le dessinateur Alan Kupperberg s’amusent sur quelques pages à imaginer un monde où tante May se confectionne une version du célèbre costume rouge et bleu plus… en accord avec ses goûts peut-on dire… et substitue aux lance-toiles une arme aussi redoutable qu’improbable : un lance-pâte-à-pain ?! Car voyez-vous, même avec des superpouvoirs être une héroïne ce n’est pas de la tarte, et il vaut mieux être bien armé. Vous l’aurez compris, l’histoire est à prendre au 36ème degré avec une tante May qui doit prendre des décisions radicales comme annuler son rendez-vous chez le coiffeur pour pouvoir jouer à la justicière masquée face à Leap Frog, l’un des vilains les plus ridicules créés aux débuts de l’univers Marvel moderne. L’effet comique joue aussi un peu plus subtilement avec les codes de Spider-Man puisque Peter tombe littéralement d’effroi lorsqu’il rencontre l’alter-ego costumé de sa tante qui doit se résigner à garder ce secret pour elle de crainte pour la santé fragile de son neveu. La question des avantages d’ordre pécuniaires à tirer de ces pouvoirs est également abordée avant que May ne se ravise très vite, estimant qu’elle serait plus utile à la société en combattant les criminels. Le meurtre de l’oncle Ben est par contre totalement éludé dans cette version de l’histoire, le ton ne s’y prêtant sans doute pas, à moins que le peu de pages allouées au récit n’ai pas non plus permis aux auteurs de se pencher dessus. Jusqu’à présent cette version n’était jamais réapparue et avait encore moins eu un nom, Christos N. Gage et David A. Williams ont réparé l’injustice en convoquant celle qui se fait à présent appeler l’incroyable Spider-Ma’am à la grande réunion inter-dimensionnelle des héros aux pouvoirs d’araignée dans Spider-Verse Teaum-Up #3… à moins qu’il n’ait utilisé une idée déjà vu auparavant, mais gardons cela pour plus tard afin de privilégier une approche chronologique. Il faut noter qu’avec cette histoire les lecteurs rencontrent une première « Spider-May » dix-huit ans avant la création de May « Mayday » Parker/Spider-Girl dans What If (vol.2) #105, la fille de Peter et Mary-Jane d’un futur alternatif qui a depuis eu droit à plusieurs séries.

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Morceaux choisis d’anthologie : May parcourant la ville grâce à son lance-pâte-à-pain et son combat face à Leap Frog !
C'est ce qui s'appelle « sortir du placard » !
C’est ce qui s’appelle sortir du placard…

 

La série What If ne s’arrête pas là avec les délires sur une Tante May à super-pouvoirs en proposant en 1982 dans What If #34 non pas une ni deux mais trois nouvelles versions ! Il s’agit numéro un peu particulier composé d’une succession de gags très courts et souvent très absurdes, allant d’Elektra ayant survécu à Bullseye pour finalement devenir femme au foyer à Cyclops dont les rayons sortent des oreilles en lieu et place de ses yeux ou encore les aventures des Fantastic Four dans un monde où les humains sont des… bananes… Ainsi le scénariste Mark Gruenwald et le dessinateur Bob Layton présentent aux lecteurs le temps d’une image The Invincible Golden Oldie (ou quand Tante May enfile l’armure de l’invincible Iron Man, souvent surnommé le « Golden Avengers/Vengeur doré »), The Astonishing Ant-Aunt (on aime vraiment les jeux de mots et les allitérations chez Marvel) et Auntie Freeze (la tante d’Iceman et de Mister Freeze ?). Gruenwald et Layton ne sont pas les seuls à s’amuser avec cette brave madame Parker durant cet épisode puisque Fred Hembeck imagine ce qui arrivait si un Peter se changeant en Spider-Man tombait sur Tante May enfilant le costume d’Ant-Man ! Y a-t-il eu communication entre Gruenwald/Layton et Hembeck, ou s’agit-il d’un heureux hasard découlant d’une envie de chacun de faire un jeu de mot facile sur « Ant » et « Aunt » ? Si l’on n’a jamais eu de réponse à ce sujet, il faut constater que Gruenwald et Layton ont eu le nez creux puisque leurs idées se retrouveront plus ou moins par la suite dans d’autres histoires, à commencer par Marvel Team-Up #137 sorti en 1984.

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Des idées de cosplay pour le prochain Comic-Con ?
Comment ne pas vouloir lire l'épisode avec une telle couverture ?!
Comment ne pas vouloir lire l’épisode avec une telle couverture ?!

Le principe de cette série était de présenter chaque mois la collaboration de Spider-Man avec un autre héros Marvel, la Torche Humaine ayant le plus grand nombre d’apparitions à son compteur quand il ne volait carrément pas à Spidey son rôle de héros principal accueillant un invité[3]. Quelle ne dû pas être la surprise des lecteurs lorsqu’ils ont découvert la couverture de Marvel Team-Up #137 annonçant que l’Araignée serait remplacé par sa tante en duo avec Franklin Richards (quoi de plus logique finalement que de prendre le neveu de l’invité le plus récurrent ?) face à Galactus… qui aura fait de May son héraut ! Et comme l’annonce la couverture signe Ron Frenz et Mike Esposito : « Not a hoax ! Not à what if ! No an imaginary story ! »[4], les comics étant friands de ce genre de bannière piquant la curiosité des lecteurs pour des histoires s’annonçant renversantes. Et le récit réalisé par Michael Carlin pour le scénario accompagné de Greg Larocque et Mike Esposito respectivement au dessin et à l’encrage, est à la hauteur des espérances données par la couverture : alors que Galactus perd dramatiquement son héraut Nova suite à l’explosion d’une planète entière ayant décidé de se sacrifier pour tuer le Dévoreur de Mondes (perdu pour perdu, autant tenter une dernière action, non ?), Peter, May et Mary-Jane se retrouvent par hasard assis à côté des FF venus assistés à un spectacle de cirque avec Franklin. Alors que les FF sont appelés à régler une urgence à San Diego et que Peter décide de leur prêter main forte, justifiant son absence par la prise de photos des éléphants du cirque pour le Daily Buggle (et hop, un nouveau maître-étalon des excuses foireuses de super-héros pour protéger son identité secrète qui passe sans qu’on comprenne pourquoi !), May se propose de garder le jeune garçon pendant l’absence de sa famille. Bien évidemment, c’est à ce moment-là qu’un Galactus blessé et affamé piste la signature énergétique des FF jusqu’au cirque et décide de prendre Franklin comme nouvel émissaire ; mais c’est sans compter Tante May qui, prise d’un courage que l’on ne lui connaissait pas, s’interpose entre le jeune garçon et le rayon cosmique de Galactus et se retrouve transformée en Golden Oldie ! Si l’utilisation d’un métal précieux coule de source pour faire un parallèle avec le Silver Surfer (on a même droit à la fameuse représentation de la main de Galactus administrant le pouvoir cosmique à son héraut), le nom est donc le même que celui utilisé par Gruenwald par sa May façon Iron Man. Clin d’œil ou hasard ? Toujours est-il que le reste de l’épisode continue sur sa lancée délirante avec Franklin qui donne à Galactus des Twinkles (d’où le titre de l’épisode intitulé « Twinkle, Twinkle »). Après avoir offert tous les Twinkles de la Terre à son maître, la Golden Oldie cherche de quoi le satisfaire à travers la galaxie et tombe nez-à-nez avec un pâtissier cosmique capable de créer des gâteaux-planètes ! Ayant trouvé un moyen de satisfaire éternellement la faim du Dévoreur, May retourne sur Terre pour retrouver sa vie d’avant. Le pot-aux-roses est révélé dans la dernière page : tout ceci n’était qu’un rêve de Peter… à l’intérieur d’un rêve partager par les responsables éditoriaux de Marvel ! Christopher Nolan n’a qu’à aller se rhabiller, chez Marvel on écrivait déjà des scénarios à la Inception presque trente plus tôt ! Cet épisode un peu particulier avait été en fait conçu à l’occasion du « Assistant Editor’s Month », un mois durant lequel les assistants des editors[5] prenait la place de leurs chefs partis au San Diego Comic-Con afin de proposer des histoires censées être novatrices, ou tout du moins inhabituelles[6], et c’est Bob DeNatale qui se retrouve en charge de superviser ce numéro. Il faut noter que finalement la promesse de la couverture est tenue, puisqu’il n’était pas annoncé dessus qu’il ne s’agissait pas d’un rêve, les auteurs ayant même joué avec l’adage habituellement utilisé qui est « Not a hoax ! Not a dream ! Not an imaginary story ! », bien que techniquement un rêve reste une histoire imaginaire.

Un improbable hommage à la naissance du Silver Surfer et la solution la plus originale aux problèmes gastriques de Galactus : la page la plus mythique jamais dessinée des comics Marvel ?
Un improbable hommage à la naissance du Silver Surfer et la solution la plus originale aux problèmes gastriques de Galactus : la page la plus mythique jamais dessinée des comics Marvel ?
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Chez Tante May, on ne plaisante pas avec le dessert !

Il faut revenir une dernière fois sur la série What If, mais cette fois-ci dans sa seconde incarnation qui a proposé en 1989 dans le #7 une histoire courte intitulée « Et si… Tant May était un mutant avec des griffes ? ». Ce récit signé John Rozum et Jim Valentino voit Peter et Mary-Jane tenté de quitter le diner que May leur a préparé avant que le dessert ne soit servie, ce qui pousse la vieille dame à sortir des griffes qui font « snikt ! » pour convaincre – toujours avec le sourire – son neveu et sa femme de rester un peu plus longtemps à table. Si les griffes en adamantium de Wolverine (qui est d’ailleurs le héros de l’histoire principale de l’épisode qui le voit revêtir l’uniforme du S.H.I.E.L.D.) sont préférées aux pouvoirs d’Iceman, on peut revenir à nouveau sur une similitude (ok, un peu forcée) avec le strip de Gruenwald et Layton et leur Aunt Freeze que l’on imagine mutante.

Comme dirait Roger Murtaugh : « J'suis trop vieille pour ces conneries ! »
Comme dirait Roger Murtaugh : « J’suis trop vieille pour ces conneries ! »

Mis à part un retour à la vie à la fin de la Saga du Clone qui s’est expliqué par la révélation qu’une actrice engagée par Norman Osborn a tellement bien imité une crise cardiaque qu’elle n’a pas pu s’en remettre, les années 90 se montrent plutôt en avare en capacités hors-normes pour cette bonne vieille May que le temps ne semble pas arrêter. Elle semble même rajeunir, au point de supporter la découverte de la double-identité de son neveu au début des années 2000, échappant à l’arrêt cardiaque que prévoyait Peter si son secret était éventé, et ira même jusqu’à porter une ancienne version de l’armure d’Iron Man dans Marvel Knights: Spider-Man #20 en janvier 2006, un épisode inclus dans le crossover The Other (traduit littéralement par L’Autre en VF). Si c’est MJ qui enfile la dorée tandis que May reçoit la grise (on ne fera pas de blague sur le fait que l’aînée a droit à l’armure la plus ancienne), on retrouve quand même un peu l’idée de la Golden Oldie de Gurenwald et Layton. Le scénario justifie que les deux femmes empruntent des armures à Tony Stark pour accompagner Peter en Latvérie au point qu’elles en utilisent même leurs capacités d’attaque, ce qui donne le premier (et peut-être seul à ce jour) comic-book se passant dans l’univers 616 où Tante May est littéralement une super-héroïne ! Brand New Day étant passé par là depuis, toute cette aventure a sans doute été effacée de la continuité, ou tout du moins de la mémoire de May, mais le lecteur lui se souviendra toujours avec émoi des aventures latvériennes de la Tante de fer ! Et avec sa santé chancelante finalement à toute épreuve, May n’a-t-elle pas prouvé qu’elle s’en sortait mieux au niveau des problèmes cardiaques que Tony Stark qui a longtemps eu besoin de recharger son plastron pour que son cœur ne s’arrête pas ?

Tante May en action !
Tante May en action !
Plus raffiné que le lance-pâte-à-pain : le lance-parfum.
Plus raffiné que le lance-pâte-à-pain : le lance-parfum.

Il faut attendre 2009 pour voir une nouvelle version costumée de Tante May apparaitre dans les épisodes 3, 4 et 6 de l’éphémère série anthologique Amazing Spider-Man Family qui proposait des histoires courtes consacrées au Tisseur et à ses alliés, parfois situées dans d’autres univers comme dans le cas de l’incroyable… Spider-Ma’am ! Dan Slot et ses collaborateurs sur Spider-Verse n’ont donc ni inventé le concept de la Tante May aux pouvoirs arachnéens ni même ce pseudonyme, mais il ne s’agit pas pour autant ici d’une reprise du personnage imaginé dans What If #23. Les courtes histoires mises au point par la scénariste Abby Benson et l’artiste Colleen Coover, remplacée par le dessinateur Adam DeKraker et l’encreur Walden Wong pour le #6, mettent en effet en scène une May Parker très similaire à la version classique que le lecteur connaît, à l’exception près qu’elle connaît le secret de son neveu Peter dont elle emprunte le costume occasionnellement pour effrayer des cambrioleurs dans le #4 ou affronter dans les deux récits suivantsa propre némésis en la personne d’Edna Blackquill, une méchante voisine qui n’hésite pas à maltraiter ses jardiniers et son petit chien ou à tricher pour remporter le concoursdu meilleur jardin du quartier. Même si elle n’a aucune capacité d’araignée cette May ne se montre pas pour autant moins astucieuse que celle apparue dans What If #23, mettant au point non pas un lance-pâte-à-pain à tarte mais un flacon de parfum capable de lancer le fluide mis au point par son neveu ! Le ton de ces récits est volontairement très enfantin, collant à l’esprit d’Amazing Spider-Man Family qui se voulait être un titre tout-public, voire même trop puisque le public n’a pas adhéré au ton souvent trop naïf des récits proposés et le titre s’est arrêté après huit numéros. La principale qualité de la série a sans doute été d’héberger la May Parker costumée bien plus populaire, Spider-Girl y ayant élu ses quartiers du #5 au #8 peu avant de disparaître totalement des publications mensuelles de la Maison des Idées[7].

Lady Spider, ou quand May se la joue steam-punk !
Lady Spider, ou quand May se la joue steam-punk !

Les choses retournent au calme pour les May alternatives jusqu’à Spider-Verse, où Dan Slot décide donc de convoquer parmi tous les héros arachnéens du multivers Marvel la Spider-May de What If #23 qu’il affuble du pseudonyme de Spider-Ma’am ; elle n’est toutefois pas la seule Tante May alternative en costume à apparaître. En effet Robbie Thompson et Denis Medri introduisent dans Spider-Verse #1 une certaine Lady Spider, avec derrière le masque une May Reilly (qui n’a donc pas encore rencontré son Ben Parker, Reilly étant le nom de jeune fille de May) plus jeune qu’à l’accoutumé et originaire d’un New York situé dans un univers steam-punk. En outre, elle ne possède pas de véritables pouvoirs d’arachnide mais un costume équipé de lance-toiles et d’un harnais l’affublant de quatre pattes d’araignées (une marotte régulière dans l’univers de Spider-Man). Sa décision d’embrasser la carrière de justicière costumée avec l’animal à huit pattes comme emblème découle tout de même d’une séries d’évènements assez similaires à ceux connus par la plupart des Spider-Men, ayant appris de la morsure administrée par une araignée libérée d’un bocal qu’il ne faut jamais se laisser mettre par personne en cage puis a vécu la mort de son père comme acte fondateur de sa carrière de Lady Spider.

La version modernisée de Tante May d'Ultimate Spider-Man.
La version modernisée de Tante May d’Ultimate Spider-Man, ici représentée par Stuart Immonen…

Ces versions super-héroïques de Tante May restent toutefois minoritaires à côté de la multitude d’autres versions similaires de la bonne vieille tantine que l’on connaît. Toutefois, quelques-unes sortent du lot comme la Tante May super-cool d’Ultimate Spider-Man, réinvention par Brian Michael Bendis et Mark Bagley dans le fond très similaire au personnage que l’on connaît tout en étant modernisée intelligemment dans la forme, et une jeune May (les noms de Reilly ou de Parker ne sont jamais prononcés) super-sexuée de Trouble ; dans cette mini-série de 2003, Mark Millar et le couple artistique formé par Terry et Rachel Dodson ont tenté de faire le buzz en imaginant les tribulations ponctuées de la découverte de leur sexualité des jeunes couples formés par May et Ben ainsi que Richard et Marie, sous-entendant même que Peter serait né d’une liaison entre Richard et May, Mary se faisant ensuite passer pour sa mère biologique ! L’histoire a évidemment énormément divisée les lecteurs au point que la sortie en format relié de la mini-série a été annulée jusqu’à une sortie en hardcover en 2011 (popularité de Millar post-Kick-Ass au cinéma oblige), et il va sans dire que rien de tout ceci n’a été pris en compte dans la continuité officielle.

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… et le version plus provocante de Trouble. Notez le clin d’oeil à l’une des cases les plus mythique du Spider-Man classique.
Quand le Docteur Octopus voulait épouser May pour une vague histoire d'héritage de centrale nucléaire.
Quand le Docteur Octopus voulait épouser May pour une vague histoire d’héritage de centrale nucléaire.

Il faut quand même dire que May les mérite bien ces versions héroïques, car au final cette dernière aura prouvé depuis 1962 qu’elle est une véritable « héroïne ordinaire » dans la vie de tous les jours, pas seulement parce qu’elle a su braver les infarctus comme les attaques des Sinister Six et même une demande en mariage du Docteur Octopus en 1974 dans le légendaire Amazing Spider-Man #131, mais pour le soutien indéfectible qu’elle a toujours offert à Peter, étant parfois à son insu l’inspiration nécessaire à son neveu pour poursuivre sa croisade sans fin contre le Mal. Pour reprendre les mots de Gerry Conway, May est pour Peter une véritable « ancre morale », le scénariste considérait cette dernière tellement importante dans la vie du héros qu’il a préféré sacrifier Gwen Stacy plutôt que la vieille tante comme l’avait suggérer le dessinateur John Romita Sr afin de bouger un peu le statu quo établi[8]. L’avenir lui a donné finalement raison, Gwen étant depuis devenu l’une des morts les plus emblématiques des comics (presque autant que celle de l’Oncle Ben !), tandis que cette chère May n’a pas réussi à rester morte un peu moins de quatre années durant les nineties[9]. Si aucune des May alternatives n’aura droit à sa propre série après Spider-Verse qui a servi de tremplin pour le lancement de trois titres mettant chacun une héroïne arachnéenne en vedette (Spider-Woman, Silk et Spider-Gwen), on peut espérer revoir un jour certaines d’entre elles, et peut-être pas plus tôt qu’on le croit avec l’événement Secret Wars à venir très bientôt.

Ainsi s’achève ce premier Spécialement Strange, si l’article vous a plus (ou pas d’ailleurs), n’hésitez surtout pas à laisser un commentaire, et pourquoi pas des suggestions pour de futures publications !

[1] Arachnosaur, membre des Fantastic Five de la Terre-99476 apparu en 1992 dans Excalibur #51.

[2] Peter Porker, le spectaculaire Spider-Ham, qui existe depuis Marvel Tails #1 publié en 1983… comme quoi les Simpson n’ont rien inventé !

[3] La rigueur avec laquelle un tel article doit être rédigé veut que l’on précise que le record des apparitions dans la série détenu par la Torche Humaine s’élève à dix-neuf fois en tant qu’invité et six comme héros principal, et que Hulk a lui aussi tenu le rôle de personnage central durant trois épisodes (pour dix-sept apparitions au total).

[4] « Pas un canular ! Pas un « et si » ! Pas une histoire imaginaire ! », avouons qu’en français, la phrase est plus lourde.

[5] Il est toujours bon de rappeler qu’un « editor » ne doit pas être compris pour les comic-books comme un éditeur mais plutôt un responsable éditorial qui à la charge de superviser les titres dont il a la charge, se chargeant entre autre de valider les histoires qu’on lui propose et de vérifier que la continuité avec le reste de la production présente comme passée est respectée.

[6] Ainsi dans Avengers #239 les plus grands héros de la Terre sont invités dans l’émission télévisée de David Letterman et Dazzler rencontre Ralph Macchio (le héros de Karaté Kid !) au San Diego Comic Con dans son 39ème épisode, mais ce fut également l’occasion d’assister à des épisodes plus sérieux, voireexpérimentaux, comme le mémorable Alpha Flight #6Snowbird affronte des créatures blanches dans une tempête de neige ou Incredible Hulk #291 s’achevant se un général Ross à deux doigts du suicide.

[7] Le segment Spectacular Spider-Girl cont à vivre sur le site de Marvel avec une reprise dans les sept premiers épisodes du second volume de Web of Spider-Man, une série ayant remplacée Amazing Spider-Man Family, puis sera relancé comme une mini-série en quatre parties, le one-shot Spider-Girl: The End concluant les aventures de la fille de Spider-Man jusqu’à son retour récent dans Spider-Verse.

[8] http://thefwoosh.com/2014/12/demanded-characters-the-astonishing-aunt-may

[9] Précisément d’Amazing Spider-Man #400 publié en avril 1995 à Peter Parker: Spider-Man sorti en novembre 1998.

A propos Marti 142 Articles
Lecteur assidu de comics et grand amateur de séries TV comme de cinéma, maître-nageur pour poneys à ses heures perdues.

5 Comments

  1. Super sympa ton article Marti.

    Vraiment intéressant de voir les personnages sous d’autres angles, ce que permettent les what if qui sont parfois de petites perles.

    D’ailleurs tu m’a donné envie de lire le marvel team up 137, il me reste plus qu’à le trouver 😉

    • Merci pour ton commentaire ! Si tu as des suggestions pour des thèmes à aborder dans cette nouvelle chronique, surtout n’hésite pas à nous les faire parvenir !

      Je me rends compte que je n’ai pas pensé à préciser si ces épisodes étaient sortis en VF, donc cela nous donne (je me suis basé sur la base de donnée de Comicsvf.com, en générale assez complète, mais n’hésitez pas à me corriger si je me trompe) :
      What If #23 : inédit
      Marvel Team-Up #137 : inédit, mais à venir sans doute dans trois dans les Intégrales estampillées Spider-Man Team-Up chez Panini s’ils gardent le rythme d’un album par an.
      What If #34 : la vignette sur les trois Tante May a été publiée dans Strange #200, mais je ne sais pas ce qu’il en est de celle où elle rencontre Peter dans le placard
      What IF (vol.2) #7 : inédit
      Marvel Knights: Spider-Man #20 : Spider-Man (vol.2) #80
      Amazing Spider-Man Family #3-6 : L’histoire du #3 a été publiée dans Spider-Man (vol.2) #130, les deux autres sont à priori inédites
      Edge of Spider-Verse #3 : à priori en juin prochain dans Spider-Man Universe
      Spider-Verse #1 : Sans nul doute dans le mensuel Spider-Man cet été

  2. J’ai l’impression que le look « casque a cheveux » du masque de Spider Ma’am, a tabassé et souillé ma perception de l’esthetisme dans le coin d’une ruelle sordide et nocturne. Bravo pour ce dossier Marty 😉

  3. Merci pour vos remarques !

    Cervooo : Spider-Ma’am a juste le meilleur costume qu’une Spider-Woman ait jamais porté voyons !

    Deadpoule : Je te rejoins totalement dans l’envie d’avoir des Intégrales consacrées aux épisodes de What If ! Les prochains articles ne traiteront pas forcément de What If, mais avec la permission qu’offre ce type de récits aux auteurs c’est vrai que cela en fait des candidats de choix pour expérimenter des trucs un peu dingue…

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