Déjà vu ? #16 – In & out

Parmi les couvertures de légende des X-Men que l’on a pu voir repris plus de fois qu’il n’y a eu de retour de Chris Claremont sur la franchise mutante, celle de X-Men #100 réalisée par Dave Cockrum et Danny Crespi à l’époque dorée du scénariste précité figure incontestablement dans le top 5. Plutôt que de céder à la facilité et d’énumérer les différentes itérations de cette illustrations (et surtout parce que les copains de chez Bruce Lit l’ont exhaustivement fait il y a quelques temps sur leur page Facebook), le Déjà vu ? de ce mois va se concentrer sur une habitude des comics que l’on avait pas encore évoqué : la couverture qui est reprise plus ou moins telle quelle dans les pages intérieures avec ici un exemple singulier… Mais ne brûlons pas les étapes. Avant toute chose il faut d’emblée préciser que cette article a été motivé par une image présente dans Uncanny Avengers #25 sorti à la toute fin septembre aux États-Unis, mais que ce point sera traité vers la fin et sous une balise spoiler ; si vous ne lisez pas en VO et que vous préférez vous garder les surprises pour la sortie de cette histoire par chez nous, vous pourrez donc en toute quiétude parcourir ces lignes !

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Attention, image culte !

Ah, cette couverture de X-Men #100, si vous êtes un vrai fan, on ne vous la présente plus ! À gauche, les X-Men originaux, à droite la nouvelle génération (de l’époque) et au centre un Professeur X mystérieusement debout sur ces deux jambes appelant à la vindicte, quoi de plus intrigant pour le lecteur de l’époque, n’est-ce pas ? La formule a été vue et revue depuis (et date de bien avant) mais fonctionne toujours  au regard de l’avalanche de couvertures de ce type récemment chez Marvel avec l’évènement Original Sin (ne vous inquiétez pas lecteurs Vf, vous y aurez droit très bientôt aussi).

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Avant AvX, avant Schism, avant Civil War : X-Men #100 !

Comme le promet la couverture, le lecteur va bien retrouver cette baston générale dans les pages, avec tout de même une petite différence : Havok et Polaris, les benjamins de l’équipe « à l’ancienne » sont finalement là alors qu’ils ont été snobés ouvertement sur la couverture, sans doute plus par un souci de symétrie que de vouloir juste montrer les cinq fondateurs face aux tout-nouveaux tout-différents X-Men. Si Sunfire et Thunderbird avaient été moins solitaires pour l’un et décédé pour l’autre, on aurait pu avoir un beau sept contre sept sur la couverture, quoi que celle-ci aurait alors été un peu surchargée… Autre détail qui n’échappera pas au lecteur consciencieux que remarque rapidement Nightcrawler : ce cher Beast est moins poilu que lors de son apparition sur un écran de communication quelques épisodes plus tôt. Ça, plus tout ce qui cloche d’autre à commencer par l’agressivité des premiers X-Men s’expliquent au cours de l’épisode la supercherie tombe : méchant Charles Xavier et ses élèves sont en fait des robots au service du bien plus méchant Stephen Lang (qui retient alors les X-Men prisonniers en orbite, mais si vous n’êtes pas au fait des grands classiques, je ne peux rien pour vous) ! Des robots quand même assez perfectionnés pour imiter les pouvoirs réfrigérants d’Iceman ou magnétique de Polaris, et même la télépathie de Marvel Girl. Pour Xavier, le vilain Lang ne semble pas s’être foulé, ou alors a considéré que l’effet de surprise généré par ses jambes en bon état de marche était déjà assez suffisant.

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Mutant War !

Si la première page des dessins intérieurs semble reprendre la couverture (ci-dessus) avec quand même pas mal de libertés dans la composition, c’est pour une raison bien précise qui participe à la singularité du cas : la couverture de X-Men #100 reprend la dernière case de l’épisode précédent !

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Le monde à l’envers.

Dave Cockrum ne s’est toutefois pas contenté de simplement redessiner globalement la même illustration et effectue un intéressant jeu de miroir entre ces deux planches, puisque chacune présente la scène d’un point de vue différent sans faux raccords au niveau du placement des personnages dans l’espace et de leur gestuelle.

Si la page de recap’ du #100 est moins fidèle à l’illustration d’origine avec ses Beast et Colossus qui font bande à part dans le fond pendant qu’Angel vole vers le reste des face-à-face, on peut y observer que Xavier a laissé place à Lang qui reprend toutefois sa gestuelle tout comme sa place centrale, le dessinateur allant même jusqu’à l’affubler de l’effet entourant la tête du chef des X-Men sur la couverture pour bien signifier ses mauvaises intentions ; le cerveau machiavélique prend ici la place de son homologue sur le terrain tandis que le reste de ses pantins livre bataille sur son écran de contrôle géant.

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Allons mettre la pâtée aux Maîtres !

X-Men #100 n’est pas la première couverture de comics à mettre en scène deux groupes de surhommes en ligne rangée prêt à en découdre. En 1965 Jack Kirby représente pour la couverture d’Avengers #15 les Plus Grands Héros de la Terre aux prises avec les Masters of Evil avec plus ou moins un adversaire en face de chaque justicier. Fait intéressant, l’Echantress et l’Executioner ont une place centrale et en retrait comparable à celles de Xavier chez Cockrum en leur qualité d’instigateurs de la formation du groupe ! Ce type de représentation se retrouvera dans les années qui suivent sur ce titre, comme pour la première apparition du Squadron Sinister en 1969 dans Avengers #70 avec des dessins de Sal Buscema et Sam Grainger, ou avec la composition plus audacieuse du même Buscema pour Avengers #91 (1971) où le trio de héros opposé un nombre égal d’ennemis est vu de dos.

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à gauche : une composition de couverture classique de héros contre vilains ; à droite : la même chose, mais en plus original.

Si cette couverture avait été vu de côté, nul doute que le pauvre Captain Marvel accroché sur un engin de torture se serait retrouvé au centre de l’affrontement comme but à atteindre pour les héros, comme dans le cas que nous allons abordé maintenant. Celui-ci se dessine en 1968 avec Avengers #53 impliquant non pas des vilains mais des collègues costumés, et pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit des X-Men !

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Avengers vs X-Men : rien de neuf sous le soleil !

Dessiné cette fois-ci par le plus connu de la fratrie Buscema, le grand John, assisté du talentueux George Tuska, cet épisode s’inscrit dans le cadre de l’un des premiers crossovers Marvel où l’intrigue est à suivre sur deux titres. À nouveau on a droit à un personnage au centre, ici Angel, qui dans ce cas symbolise l’enjeu de l’affrontement. La galanterie est un peu plus de mise que chez Cockrum puisque les deux demoiselles de l’équipe, Marvel Girl et Wasp, sont opposées l’une à l’autre, là où X-Men #100 opposait l’héroïne dans les pages comme sur la couverture au dangereux Wolverine pour une raison toutefois parfaitement justifiée pour les ambitions scénaristiques de Chris Claremont sur les deux personnages.

Néanmoins, par son statut d’icônes, il est facile de penser à X-Men #100 dès que l’on voit une couverture ou une page représentant deux factions de héros opposés, et à plus forte raison lorsque l’on retrouve des mutants dans le lot. Lorsque Steve McNiven dessine la dernière page de Civil War #6, rien n’indique qu’il se soit inspiré consciemment ou non de l’illustration de Dave Cockrum, mais celle-ci est tellement ancrée dans l’inconscient de bon nombre de lecteurs comme moi qu’on ne peut pas s’empêcher d’y penser. Alors quand en plus la première image de Civil War #7 c’est Captain America, le pape des super-héors Marvel, qui est au milieu de la mêlée avec ses bras en l’air en train d’appeler ses troupes vengeresses à se rassembler…

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Débat d’opinion entre super-héros : avant et pendant.

Reste l’élément déclencheur de cet article, une page d’Uncanny Avengers #25 dessinée et coloriée par Daniel Acuna sur un scénario de Rick Remender.

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La revanche d’Havok : longtemps relégué aux X-Men de seconde zone, le voici chef d’une faction des Avengers et dans un hommage à X-Men #100.

Une partie des mutants de l’équipe, à savoir Havok, Rogue et Scarlet Witch, se retrouvent aux côtés de Magneto à faire face à Ahab et aux S-Men dans une disposition rendant sans ambigu hommage à l’œuvre de Cockrum et Crespi. Si la symétrie de forces égales en nombre est abandonné au profit des besoins du scénario, le dessinateur va tout de même jusqu’à reprendre la gestuelle de quelques-uns des personnages, en particulier dans le cas de Rogue qui prend ouvertement la même pose que Cyclops tandis que celle de Magneto en fin de fil rappelle fortement Iceman. On peut noter qu’au moins cette fois-ci, Havok n’est pas mis sur le banc de touche le temps de la photo ! Il est toutefois dommage que Red Skull, qui dispose maintenant des pouvoirs de Xavier et assiste à la scène en retrait hors des cases, n’ait pas été mis à la place du Professeur X pour le coup. À venir dans une hypothétique future variant cover ?

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A propos Marti 142 Articles
Lecteur assidu de comics et grand amateur de séries TV comme de cinéma, maître-nageur pour poneys à ses heures perdues.

2 Comments

  1. Quand je pense qu’il y a des gars de tous les pays du monde pour faire ce genre d’analyse, je me dis que Marvel ne mérite pas ses fans.
    Je retiens du Bad Xavier, le prémice d’Onslaught et la première vanne d’Iceberg envers Wolverine à l’époque con comme ses pieds…(quelle est la mauvaise langue qui a dit, ça n’a pas beaucoup changé…)

    • En effet Claremont nous servait déjà du Xavier maléfique à l’époque, ça a pu servir aussi de base à Grant Morrison pour le personnage de Cassandra Nova.

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